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Fayçal Belattar. Conteur : «Les contes sont plus anciens que les rêves des humains»
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Publié dans El Watan le 02 - 08 - 2012

Licencié en littérature française, Fayçal Belattar, qui est natif de Constantine, a continué sa formation en master à Rouen (France) sur les textes et culture publique avant de s'intéresser à la littérature orale au Centre des arts du récit à Grenoble. Il écrit ses textes en français et envisage de le faire en arabe. En juin dernier, au Théâtre régional de Constantine, il a, appuyé par Redouane Khaled, président de l'association Miracle des arts de Constantine, tenté une première expérience, en animant un spectacle avec le musicien, Labib Benslama, et un artiste peintre du Congo Kinshasa.
-En avril 2012, vous avez présenté, à la faveur des Journées internationales du conte de Constantine, un récit ancien. De quoi s'agit-il exactement ?
C'est le premier volet d'une trilogie intitulée Battements au cœur de l'Orient. La première partie est titrée La légende de l'homme qui ne voulait pas mourir. La trilogie est basée sur la dynastie des rois de Mésopotamie. Le premier volet est attribué à Gilgamesh, un roi qui a régné presque trois mille ans avant Jésus-Christ. Son royaume était Summer, avec Uruk pour capitale. Je dis : «Du pays des tablettes et d'argile, je vais vous raconter l'histoire d'un roi légendaire. Dans le plus ancien écrit de l'humanité, il tient le rôle principal. Sa brutalité, sa tyrannie et sa soif de plaisir sont sans limites. C'est un despote impitoyable qui se veut l'égal de Dieu.... » (Les récits sumériens écrits sur les tablettes d'argile avaient restitué les actes héroïques de Gilgameh, ndlr.).
Un homme sera envoyé sur terre pour vaincre Gilgamesh. Il s'agit de Enkidu. Prévenu par sa mère, il avait pris ses précautions. Enkidu (il est appelé Enkita dans d'autres récits mythologiques sumériens, ndlr), qui devait arriver à Uruk était horrifié par l'idée que Gilgamesh s'arrogeait le droit de déflorer les filles avant leur mariage. Il le défiait. Au terme d'un combat impitoyable, les deux hommes se sont liés d'amitié. C'était le début de l'apogée de la capitale sumérienne...Les dieux vont se venger... J'ai développé le thème du déluge, m'inspirant d'une œuvre fondatrice : la violente inondation qui avait bouleversé le monde des hommes, Noé, Nouh que Gilgamesh avait cherché à voir. Noé avait survécu au déluge parce qu'il avait construit une arche sur ordre d'Allah. Gilgamesh cherchait le secret de l'immortalité. Noé devait dire à Gilgamesh : «Si tu n'es pas capable de vaincre le sommeil, le petit frère de la mort, comment pourras-tu prétendre à la vie éternelle ! ?»
-Et pourquoi avez-vous choisi cette période de l'Histoire ?
J'ai été toujours nourri dans mon imaginaire par l'Orient. L'Orient est un personnage fascinant. Les contes sont plus anciens que les rêves des humains. Ils racontent les débuts de l'humanité. Après des recherches, j'ai été aidé par une archéologue allemande, directrice du Centre allemand d'archéologie, qui possède une antenne à Damas. Elle dirige des fouilles en Irak depuis vingt ans. Elle m'a beaucoup soutenu dans mes recherches. J'ai été émerveillé en regardant une copie en 3D d'une tablette d'argile. On peut y lire qu'il est du devoir des conteurs de transmettre ce qui doit l'être. Donc, 3000 ans avant Jésus-Christ, il y avait des conteurs. Ces derniers peuvent nous transmettre tout ce qui est nécessaire. Il est important de savoir d'où on vient et où on va. Le conteur ramène aux gens ce qu'ils ont oublié.
-Et sur quoi portera la deuxième partie de la trilogie ?
Elle portera sur l'histoire d'un autre roi, Nabuchodonosor II (roi de Babylone à partir de 604 avant Jésus-Christ. Je me sens plus mûr pour ce deuxième volet. J'ai écrit le texte d'une manière plus poétique. Je dis : «Je vais vous emmener au pays des deux fleuves, autrefois berceau de la civilisation» (actuelle Irak; ndlr). J'évoque aussi l'une des sept merveilles du monde, œuvre de Nabuchodonosor (La légende raconte que roi avait construit les jardins suspendus de Babylone pour son épouse Cyaxare, ndlr). La troisième partie racontera l'histoire de deux rois, dont Assurbanipal (Assurbanipal, nommé par les Grecs Sardanapale, fut roi de l'Assyrie à partir de 669 avant Jésus-Christ). C'est grâce à lui que nous avons su l'histoire de Gilgamesh et Nabuchodonosor II. Il avait rassemblé toutes les œuvres littéraires de son temps et avait construit une immense bibliothèque (la bibliothèque de Ninive fondée par Assurbanipal est la première dans l'histoire de l'humanité). Il avait gardé toute la science, tout le savoir de la Mésopotamie. Assurbanipal avait poussé son royaume jusqu'en Egypte, Nabuchodonosor II s'était arrêté en Palestine. Le deuxième texte a trait à l'histoire de Hamourabi, celui qui avait codifié la vie sociale et écrit des lois.
-Vous écrivez vos textes en français uniquement ?
Pour le moment, oui. L'arabe est une langue très poétique. Il me faut beaucoup de lecture en arabe pour que je puisse écrire quelque chose. J'écris en français à partir de mes acquis. Je compte publier mes textes, mais je ne trouve pas encore un bon éditeur qui peut prendre en charge tout cela. Si je vais éditer, je serais le premier conteur en Algérie qui écrit ses textes. Nous avons une grande tradition orale, mais il y a peu d'écriture. Le conte n'est pas encore considéré comme un art de scène en Algérie. Je n'ai pas cessé de défendre la place du conte et du conteur en Algérie. Il faut un statut de conteur professionnel.
-Une grande partie du patrimoine immatériel algérien demeure inconnue. Etes vous intéressé par la recherche sur le conte, partie prenante de ce patrimoine ?
Je fais actuellement un peu de collecte. Tout un travail scientifique doit être mené. Il est nécessaire d'avoir des moyens pour cela, un laboratoire. J'ai déjà assuré une formation aux animateurs de la direction de la jeunesse et des sports (DJS). Je voudrais dans ce domaine, inclure ce type de formation, la littérature orale, à l'université algérienne. Pourquoi pas ! Il est temps d'inscrire cette discipline au cursus. Pour moi, conter, c'est écouter à haute voix un rêve ancien plus grand que soi, c'est faire d'un mensonge un aveu, une vérité. Le conte aujourd'hui n'est pas affaire d'ogres et de sorcières. C'est aussi une parole symbolique qui donne au récit étonnant de nos vies un goût d'ailleurs, une musique, un parfum, un souvenir,…
Le conte peut devenir une parole poétique engagée. Je suis témoin de mon temps. Je ne me sens pas encore capable d'écrire des histoires. Je m'inspire pour l'heure de la vie quotidienne, de celle de mes proches, de la société. Là, je me suis retourné vers le texte traditionnel. Je viens de faire la traduction et l'adaptation du Haraz, un texte maghrébin ancien. A partir de cette expérience, je vais encore faire des fouilles dans les textes du malouf et du chaâbi. Pour moi, les contes sont l'identité, la mémoire du peuple. Le conteur est archéologue et ethnologue à la fois...


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