Il ne se passe pas un jour en Algérie sans qu'on enregistre des vols de véhicules tous poids confondus. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur, inquiétant à la fois les victimes, les services de sécurité et les assureurs. Selon une étude analytique effectuée par le commandement de la Gendarmerie nationale, les différentes unités au niveau national ont constaté, durant l'année 2012, quelque 1102 vols dont 487 commis en milieu urbain et 615 enregistrés en zones rurales. Parmi ces affaires enregistrées, 253 ont été solutionnées, donnant lieu à l'arrestation de 528 personnes, dont 10 femmes, et la récupération de 195 véhicules sur les 1103 volés. Présentées devant les parquets compétents, 227 personnes ont été écrouées. Les auteurs de ces vols spécialisés ne reculent devant rien et sont en constante augmentation. En comparaison avec l'année 2011, les unités de la Gendarmerie nationale ont constaté une hausse de 5% des personnes arrêtées. «Ils agissent en groupe de 2 à 5 individus selon les cas. La tranche d'âge des voleurs varie essentiellement entre 18-30 ans et 30-45 ans et rarement plus de 45 ans, la majorité des méfaits a été commis par la première tranche d'âge», précise cette étude. A la lecture des données statistiques de l'année 2012, il ressort que la plupart des vols ont été commis durant le mois de janvier, où il a été enregistré 128 actes, ce qui représente un taux de 11,62%, suivi des mois de novembre et octobre avec respectivement 123 et 116 vols enregistrés, soit des taux respectifs de 11,16% et 10,53%. Selon les différentes enquêtes traitées et les déclarations des victimes, il est apparu que la majorité des vols sont perpétrés sans violence et les voleurs, dans ce genre de criminalité, préfèrent passer à l'acte sans laisser de traces derrière eux. Et les chiffres plaident pour ce constat, sachant que le vol sans violence a concerné 1012 méfaits, dont la plupart ont été enregistrés dans des lieux publics avec 523 vols. Ce qui laisse seulement 90 forfaits commis sous la menace de violence, dont 66 avec armes blanches, aérosol, bombes lacrymogènes, bâtons, barre de fer, pour déposséder les victimes de leur bien. Deux modes opératoires des malfaiteurs L'exploitation des enquêtes a fait ressortir que les malfaiteurs utilisent deux méthodes : la première est classique, se servant d'un matériel simple qu'on peut trouver sur le marché (tournevis, arrache-clous, marteau…) et la deuxième, plus développée, met en scène l'utilisation de moyens technologiques. Ce dernier, plus dangereux, utilise un matériel spécial. Il s'agit entre autres de se servir de clés standard, un appareil qui permet de désactiver l'alarme à distance, ou de clés qui contiennent des puces formatées, etc. Le champ d'action privilégié des voleurs reste le milieu rural et les endroits isolés et peu fréquentés. Les auteurs de la première méthode se limitent à approvisionner des réseaux nationaux spécialisés dans la décortication et la revente en pièces détachées de leur butin avec la complicité de professionnels du métier. Plus instruits, les seconds sont en connexion avec des réseaux transnationaux spécialisés dans le maquillage des véhicules et le remplacement de leurs numéros de châssis avant de les doter de faux documents de circulation, non sans l'assistance de certains employés des services de cartes grises des daïras. Cependant, avant de passer à l'acte qui est souvent prémédité, la victime est ciblée. «Les malfaiteurs utilisent des méthodes d'escroquerie et de malice pour piéger leurs victimes qui sont généralement étrangères à la localité en les identifiant par le numéro minéralogique de leurs véhicules. Les voleurs ciblent ceux qui stationnent leurs véhicules dans la rue au niveau de leurs quartiers ou dans les parkings informels. Ils utilisent la gent féminine afin d'appâter leurs victimes potentielles et les entraîner vers des lieux isolés bien déterminés pour accomplir leurs forfaits. Les victimes sont généralement seules et non accompagnées, ce qui encourage le passage à l'acte des agresseurs qui, souvent, habitent les environs où se déroule l'acte du vol, ce qui leur permet de s'échapper rapidement. Les véhicules volés peuvent être transportés à l'aide de complices tels que les chauffeurs de camion de dépannage», explique le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud, le chargé de communication au commandement de la Gendarmerie nationale. Quant aux voitures neuves de différentes marques asiatiques et européennes du segment A, B et H1, elles sont généralement ciblées et il a été enregistré 802 véhicules légers volés et 301 véhicules lourds (camions).Plus de 63% des vols concentrés au centre et à l'est du pays. L'analyse des données statistiques révèle que la plupart des faits sont concentrés au niveau de la partie centre du pays, avec des taux plus élevés par rapport à l'Est et l'Ouest. Par ailleurs, il est relevé que les trois wilayas : Alger au centre, Constantine à l'est et Oran à l'ouest, ont enregistré des taux presque égaux concernant le nombre d'affaires constatées au niveau des routes nationales et des chemins de wilayas. Les unités de la Gendarmerie nationale, au niveau du centre du pays, ont enregistré 379 affaires ayant permis l'arrestation de 119 personnes dont 51 ont été écrouées et la récupération de 42 véhicules volés. Ces affaires sont réparties plus particulièrement à travers les wilayas d'Alger avec 85 actes, Tizi Ouzou avec 76 méfaits et Blida avec 45 vols. En deuxième position, l'Est du pays, où il a été enregistré 318 affaires, l'arrestation de 180 personnes dont 91 ont été détenues et la récupération de 73 véhicules volés. Les wilayas les plus touchées par ce genre de criminalité sont Sétif (45), Béjaïa (41) et Constantine (30). En troisième position, les unités de la Gendarmerie nationale de l'ouest du pays ont enregistré 271 affaires, ayant permis l'arrestation de 149 personnes dont 48 ont été écrouées et la récupération de 56 véhicules volés. Les wilayas les plus affectées par cette criminalité sont Oran, Mostaganem et Mascara avec respectivement 129, 36 et 25 vols. Devant ce phénomène inquiétant, le commandement de la Gendarmerie nationale a pris une série de mesures préventives et répressives. Il s'agit de la présence permanente dans le temps et dans l'espace des hommes en vert, l'organisation de services complémentaires plus précisément dans les endroits ayant connu ce genre de faits et l'intensification du contrôle de véhicules. A cela il faut ajouter la multiplication des patrouilles de jour comme de nuit, la mise en place d'un plan d'action efficace pour faire face à ce fléau et le contrôle des marchés de vente de véhicules, de pièces de rechange usagées et de carrosseries.