Dubaï se prépare depuis plusieurs années au tarissement de ses ressources en hydrocarbures estimé pour 2016 à l'aide d'une stratégie économique adaptée. Tourisme, hôtels, infrastructures, construction d'une image de temple du luxe ; Dubaï entreprend depuis plusieurs années maintenant une stratégie économique de diversification économique en accord avec ses potentialités. En effet, sur l'agenda de ce petit émirat, l'année 2016 représente une échéance majeure, celle où l'ère de l'après-pétrole commence. Dans deux ans, l'émirat «de verre et d'acier» verra ses ressources pétrolières s'éteindre et atteindre des niveaux de production quasi nuls. Une information surprenante quand on sait que la fédération dont fait partie Dubaï, les Emirats arabes unis, produit chaque jour plus de 98,2 millions de barils de pétrole, soit plus du double de la production journalière algérienne. Cependant, en raison de l'organisation fédérale du pays et de l'indépendance économique accordée à chacun des émirats, chacun d'entre eux gère les réserves dont il dispose et adopte une stratégie économique adéquate. Dubaï, dont la découverte des réserves remonte aux années 1960, a toujours été l'émirat le moins bien loti en termes de réserves pétrolières, il n'a jamais disposé de plus de 2% des réserves du pays. Actuellement, les revenus du pétrole ne représentent que 6% du produit intérieur brut de Dubaï. En dépit de cela, cette ville tentaculaire n'a de cesse de se développer, à tel point qu'elle est devenue la capitale économique du pays et qu'elle a gagné le droit d'abriter la prochaine Exposition universelle de 2020. Investissements étrangers et développement de l'immobilier ne sont pas étrangers à cette rapide et soutenue mutation. Stratégie Les investissements étrangers ont contribué de moitié au plan de développement de l'émirat de Dubaï, l'autre moitié provenant des aides de l'Etat fédéral ainsi que des ressources propres de l'émirat. Celles-ci devant s'épuiser à l'horizon 2016, le récent boom immobilier et hôtelier résulte en réalité d'une stratégie pensée en amont. Déjà en 2010, Hamad Mohammed bin Mejren, manager au sein du ministère du Tourisme du gouvernement de Dubaï, avait annoncé que l'emirat «était prêt à vivre sans pétrole». Une déclaration qui répond en réalité à une stratégie davantage nationale que locale, comme l'explique Ashraf Laidi, spécialiste des stratégies mondiales de marché et dans les pays du Moyen-Orient : «Les Emirats arabes unis sont pour l'instant la seule nation dans la région à avoir exploité ses importantes ressources naturelles pour mettre en place une stratégie efficace de développement autour de l'explosion des infrastructures modernes, le but étant de créer une attraction pour les capitaux étrangers ainsi que la main-d'œuvre étrangère.» En effet, cette dernière représente plus de 60% de la population active à Dubaï, qu'elle soit qualifiée comme les nombreux architectes occidentaux qui concourent à la création de la skyline dans l'émirat ou alors la main-d'œuvre moins qualifiée occupant souvent des postes subalternes, venant des pays d'Asie du Sud-Est généralement. La stratégie de Dubaï d'aller chercher les capitaux et les compétences en s'ouvrant sur l'extérieur s'est avérée payant puisque après le crash économique mondial de 2011, la croissance de Dubaï s'est établie à un rythme de 4% par an, un résultat «satisfaisant au regard de la conjoncture économique mondiale actuelle», estime Ashraf Laidi. Limites Pour autant, le modèle de développement économique menée par les autorités de l'émirat de Dubaï n'est pas sans faille et repose d'une part sur une législation ultralibérale et accommodante en matière économique, et d'autre part sur une politique d'attractivité des capitaux étrangers. Toutefois, comme l'explique un économiste spécialiste en macroéconomie du développement : «La voie économique adoptée par Dubaï et dans une moindre mesure par les Emirats arabes unis est intéressante lorsque la situation économique mondiale est en phase d'expansion, comme c'est le cas actuellement depuis environ un an et demi. En revanche, cela crée une dépendance accrue vis-à-vis des capitaux étrangers. Ces derniers, lorsque le marché devient plus étroit, ont tendance à devenir plus volatiles, plus difficiles à acquérir et surtout peu enclin à servir des projets à l'international.» C'est ainsi qu'en 2009, Dubaï s'est trouvé à court de liquidités pour rembourser les dettes de sa société d'investissement semi-public, Dubaï World, créant ainsi un climat d'instabilité faisant chuter les valeurs des actions immobilières dans l'émirat. C'est Abu Dhabi, cœur politique du pays et région la plus riche en hydrocarbures du pays, qui est venu à la rescousse de Dubaï en lui accordant une aide financière non remboursable de 10 milliards de dollars. Dubaï est certes tributaire de la conjoncture des marchés financiers mondiaux, mais compte tenu de sa petite taille, l'émirat a maximisé ses potentialités afin de préparer l'après-pétrole d'une manière «efficace et satisfaisante», comme l'indique Ashraf Laidi.