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A quoi servent les retraits de permis ?
Les accidents de la route en hausse
Publié dans El Watan le 06 - 09 - 2014

Plus de 450 permis de conduire sont retirés chaque jour sur nos routes, où les accidents continuent à faire de plus en plus de morts. Combien de permis sont récupérés en quelques jours, voire en quelques heures, après avoir passé un coup de fil ?
Plus qu'un moyen de transport, sa voiture est un véritable bureau avec lequel elle sillonne, à longueur de journée, les rues d'Alger. «Je suis sans permis depuis deux mois, j'ai eu un retrait de 3 mois. Ma vie est devenue une véritable galère parce que je n'ai pas respecté un stop.»
Meriem, 34 ans, déléguée médicale, parle avec consternation de cette sanction quelle juge «abusive». «Je risquerais de perdre mon job, si ce n'était la gentillesse de mon petit frère qui m'amène et me ramène tous les jours», confie-t-elle encore, découragée.
Elle a tout fait pour éviter de passer en commission. «J'ai tenté de faire intervenir des gens, comme tout le monde, pour éviter le retrait, mais c'était trop tard. C'est connu quand on passe en commission, c'est plus dur de se faire pistonner pour récupérer son permis», raconte-t-elle dans un sourire. «Ce qui m'offusque, c'est que les flics font une fixation sur les stops et les téléphones portables, mais ils ferment les yeux sur les dépassements dangereux», dénonce-t-elle. Ils sont nombreux, comme Meriem, à s'offusquer de ces retraits massifs des permis de conduire. Ils sont 79 934 à s'être vu retirer leur permis durant le 1er semestre 2014.
Depuis les nombreuses promulgations du code de la route débutées en 2006, les mesures répressives se multiplient et les retraits de permis sont légion. Ils ne cessent d'augmenter d'année en année. En 2012, 135 414 personnes se sont vu retirer leur permis. 170 419 cas en 2013, soit une augmentation de 25,85%. Mais on ignore combien d'entre eux ont pu récupérer leur permis en quelques jours, voire en quelques heures, après avoir passé un coup de fil.
Répression abusive ?
«C'était au niveau du barrage des Bananiers. Le policier me demande de m'arrêter, je lui remets mes papiers Un des trois feux de stop arrière était cassé. Je lui ai dit donnez-moi une amende et laissez-moi partir. Il m'a ensuite, dit qu'il y avait un problème avec le contrôle technique : on doit vous transférer au commissariat». Cette jeune Algéroise est elle aussi «offusquée» par «ces retraits de permis qui ne servent à rien», tient-elle à souligner. Elle n'a d'ailleurs pas manqué de le dire au policier qui l'a arrêtée. Très vite, la bagarre s'est enclenchée.
«Sur le PV, il a écrit non-respect du stop, ce qui était faux. Je me suis plainte du policier en question pour abus de pouvoir auprès de son supérieur qui m'a, lui, menacée, alors j'ai abandonné», raconte-t-elle encore. «Je suis reparti trois mois après à la daïra, non seulement mon permis n'y était pas, mais en plus ils l'ont gardé au commissariat. Pis encore, ils m'ont fait faire plusieurs allers- retours durant un mois après les trois mois de retrait. Il a fallu que je fasse intervenir une personne haut placée pour me le récupérer. Résultat : retrait de 4 mois. Sans passer par la commission».
Une histoire parmi tant d'autres. Youba, un autre conducteur crie lui aussi, «à l'abus de pouvoir». «Je suis victime d'un retrait abusif plus une amende de 4000 DA que j'ai payée le jour même et j'attends pour passer devant la commission depuis deux mois !» écrit-t-il dans un message destiné à la rédaction. Ils sont nombreux à se plaindre. Même ceux qui n'en souffrent pas forcément.
Un coup de fil et c'est réglé
Salim, 45 ans, cadre dans une entreprise privée a subi trois retraits d'affilée depuis le début de l'année. «La première fois, c'était pour un stop et les deux fois d'après c'était pour l'utilisation du téléphone. J'ai récupéré mon permis à chaque fois en deux jours. Je n'hésite pas à user de mes relations pour intervenir». Salim en parle sans culpabilité. «Nous ne sommes pas dans un pays de justice, je suis loin d'être un chauffard ou un danger public. Je suis prudent sur la route».
Pour justifier les passe-droits dont il a bénéficié plus d'une fois, il ajoute : «C'est tout le monde qui fait intervenir des gens pour récupérer son permis, pas seulement les haut placés. C'est devenu la règle du jeu. Je ne vois pas pourquoi je m'en priverais !». Mais « je trouve un peu absurde la tournure que prend cette question», nuance-t-il. Les retraits de permis ont entraîné la constitution de réseaux de passe-droits et de corruption aux ramifications incontrôlables. Hamid, 65 ans, chauffeur de taxi, en sait quelque chose.
«Ce n'est pas avec ma petite retraite que je peux m'en sortir, alors je continue à travailler comme chauffeur de taxi pour arrondir mes fins de mois», confie-t-il. «J'ai déjà eu des retraits de permis, mais j'ai à chaque fois payé un gars du quartier, connu pour avoir des relations influentes, pour qu'il me le ramène» raconte-t-il. Près de 5 000 DA à chaque fois. «Sauf la dernière fois, j'ai négocié différemment». Hamid a offert de faire le chauffeur pour la fille de «son sauveur» durant un mois, pour récupérer son permis en trois jours. Un deal passé en toute discrétion.
Deux permis pour le prix d'un !
Nassim, 25 ans, étudiant, a trouvé un autre moyen pour échapper à la galère du retrait de permis. «J'ai fait une déclaration de perte pour refaire mon permis, il y a deux ans. Et quand on me retire mon permis, j'utilise le deuxième en attendant», raconte-t-il, presque fier. Nassim attend justement le mois d'octobre pour récupérer son deuxième permis qui lui a été retiré en août pour «excès de vitesse». Mais il continue de rouler tranquillement et il est très content de s'en tirer à si bon compte. Mohammed, quinquagénaire, lui, fait autrement. Il prend le risque de conduire sans permis.
«Ce n'est pas par manque de sagesse», insiste-t-il. «Si ces retraits étaient faits intelligemment, je me serais soumis à la loi, mais cette sanction est mal appliquée, mal pensée et elle ne sert à rien», soutient-t-il. Mohamed s'est fait retirer son permis par un motard qui lui a reproché de tenir le téléphone dans sa main. «Je ne parlais pas au téléphone, j'ai eu la malchance de regarder l'heure sur mon téléphone au moment où le motard est passé. Ça m'a valu une amende de 4 000 DA et un retrait de 4 mois.
Je crois que la sanction est disproportionnée et très injuste. Je n'ai fait intervenir personne pour le récupérer par manque de connaissances, mais je roule sans permis et j'évite les barrages», raconte-t-il. Pour Mohamed, cette infraction, qui peut l'emmener tout droit en prison, se justifie : «Nul n'est obligé de respecter une loi injuste.»
Autant de témoignages et de constats qui amènent à se demander, à quoi servent réellement les retraits de permis ? En 2012, 135 414 personnes se sont vu retirer leur permis. 170 419 cas en 2013, soit une augmentation de 25,85%. Les accidents de la route n'ont pas baissé pour autant. Ils ont même poursuivi leur ascension. 4 447 morts dans des accidents de la route en 2012, 4 540 en 2013. Les calculs sont simples. Une moyenne de 465 retraits par jour pour 12 accidents toutes les 24 heures.


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