Yongkang s'est illustré par l'usage de la force pour réprimer les soulèvements civils dans les régions autonomes du Tibet en 2008 et du Xinjiang en 2009. La lutte anticorruption en Chine, une des priorités proclamées du président Xi Pinjing, a franchi un cap cette semaine avec l'arrestation de l'ex-ministre de la Sécurité publique, Zhou Yongkang, la disgrâce politique la plus retentissante depuis 35 ans. Zhou, bientôt 72 ans, a aussi été exclu du Parti communiste chinois (PCC), a annoncé l'agence officielle Chine Nouvelle, rendant compte d'une décision prise lors d'une réunion vendredi du bureau politique du PCC, avec l'aval du premier cercle du pouvoir dont le président Xi. L'ancien chef tout puissant de la police et des Services de sécurité est accusé d'avoir «divulgué» des secrets d'Etat. L'agence de presse officielle exprime les charges à son encontre dans un langage inhabituellement direct : «Il a abusé de ses pouvoir pour aider des proches, des maîtresses et des amis à faire de gros profits dans des contrats commerciaux, avec pour résultat de sérieuses pertes d'actifs de l'Etat.» Zhou est encore accusé d'avoir «commis l'adultère avec un grand nombre de femmes et d'avoir monnayé son pouvoir en échange de sexe et d'argent». «Son comportement entache gravement la réputation du Parti et porte un préjudice sérieux à la cause du Parti et du peuple», toujours selon Chine Nouvelle, qui cite un communiqué du bureau politique. Le limogeage d'un cadre du PCC ouvre généralement la voie à son inculpation, la reconnaissance de sa culpabilité lors d'un procès, et sa condamnation à une peine de prison. Jadis un des hommes les plus puissants de la Chine, Zhou a été placé sous le régime de la «probation judiciaire», étape qui précède son inculpation. Une enquête anticorruption avait été ouverte contre lui en juillet. Sa disgrâce est la plus retentissante depuis le procès, en 1980, de la «bande des quatre», une faction qui incluait la veuve de Mao Zedong. Né en 1942 dans la ville industrielle de Wuxi, ex-patron du géant chinois pétrolier China national petroleum corporation (CNPC), Zhou appartient à ce que certains analystes appellent «la faction du pétrole». Il s'agit en fait d'un réseau d'influents responsables politiques qui entretiennent des liens avec la lucrative industrie chinoise de l'or noir. Zhou a rejoint, en 2002, le premier cercle du pouvoir en devenant l'un des 25 membres du bureau politique du PCC, avec la fonction de ministre de la Sécurité. Il avait accru son influence en intégrant le Comité permanent du bureau politique — dont il s'était retiré en 2012. Chef de la police et des Services de sécurité pendant dix ans, Zhou Yongkang était à ce titre l'un des hommes les plus puissants de Chine. Sous sa responsabilité, le budget des organes de sécurité chinois avait dépassé celui du ministère de la Défense. Il s'est illustré par l'usage de la force pour réprimer les soulèvements civils dans les régions autonomes du Tibet en 2008 et du Xinjiang en 2009, fief de la minorité à dominance musulmane des Ouïghours.