Tout porte à croire que le processus de négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), engagé en 1987, n'est pas près de connaître son épilogue. Alors que l'on attendait la présentation officielle du dossier d'adhésion en décembre prochain à l'occasion de la 10e conférence ministérielle de l'OMC, comme l'avait prévu Amara Benyounès, il y a quelques semaines, avant son départ du ministère du Commerce, le nouveau ministre en charge du secteur, Bakhti Belaïb, vient d'apporter des précisions qui vont à contresens de l'optimisme de son prédécesseur. Dans une déclaration reprise par l'APS, le ministre du Commerce a affirmé, hier, avoir «tenté, depuis quelques semaines, de faire le point sur ce dossier et de faire un comparatif entre l'état où je l'ai laissé il y a plus de 16 ans et celui d'aujourd'hui : les évolutions ne sont pas remarquables». Saisissant l'occasion de la tenue d'un atelier sur les accords de l'OMC, M. Belaïb s'est dit «satisfait» de voir l'Algérie ne pas vouloir adhérer «n'importe comment» à cette organisation mondiale, en considérant que «le dossier de négociations doit encore être consolidé». En sa qualité de premier responsable algérien a avoir conduit, en 1998, la délégation algérienne pour la toute première réunion du groupe de travail de l'accession de l'Algérie à l'OMC, M. Belaïb n'a pas manqué de souligner la nécessité de faire «un comparatif entre le coût de la non-adhésion et celui de l'adhésion». Selon lui, «ce travail n'a pas encore été fait». Et de préciser : «Avant la prochaine réunion de travail, nous devrions d'abord avoir une vision claire sur notre façon de négocier et les droits que nous devrions revendiquer.» Le ministre a indiqué, dans ce sens, que son département avait prévu l'organisation d'ateliers et de séminaires pour former des cadres algériens pour mieux cerner les accords de l'OMC et pour mieux négocier. Le ministre a fait savoir, à cet effet, que le groupe de travail algérien chargé des négociations «allait être renforcé pour mieux mener ce processus et mieux défendre les droits de l'Algérie même après son accession à cette organisation mondiale». Pour sa part, la conseillère principale à la division de l'agriculture du secrétariat de l'OMC, Gretchen Stanton, présente à la rencontre, a relevé la longueur des négociations entre l'Algérie et l'organisation tout en saluant les efforts consentis jusque-là. «Je vois que le processus de négociations a fait de grands pas mais à chaque fois il s'arrête. Il y a des périodes de silence», a-t-elle déclaré, en précisant que deux volets restaient encore à finaliser. Il s'agit, selon elle, de la révision de la réglementation nationale du commerce et des questions bilatérales avec les pays membres de l'OMC auxquelles l'Algérie continue à apporter ses réponses. Le directeur général des relations économiques et de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, Merzak Belhimeur, a estimé, quant à lui, que ce retard dans les négociations est dû à la méconnaissance de l'OMC et des enjeux de son adhésion ainsi qu'à la «culture de fermeture».