Le musée Bordj Moussa, sur la hauteurs de Béjaïa, a abrité, samedi soir, la cérémonie d'ouverture des 13es Rencontres cinématographiques de Béjaïa, organisées par l'Association Project'Heurts. Cérémonie marquée par la présence de Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture. «C'est la première fois qu'un ministre de la Culture assiste aux Rencontres depuis leur création en 2003», a déclaré Abdenour Hochiche, directeur des Rencontres. Azzeddine Mihoubi, qui considère le dossier cinéma comme prioritaire, est venu soutenir les Rencontres. «Avant d'arriver à ce poste, je suivais cette manifestation. Chaque année, le groupe qui s'occupe des Rencontres réussissait l'expérience en présentant du nouveau. Il est de mon devoir de l'encourager. Les Rencontres de Béjaïa ont donné une nouvelle dimension au cinéma en Algérie. Le ministère de la Culture est prêt à aider les animateurs des Rencontres. C'est un modèle de réussite pour les associations qui activent dans le domaine culturel», a déclaré Azzeddine Mihoubi. Un travail de coordination est, selon lui, mené actuellement avec le ministère de l'Intérieur pour récupérer les salles de cinéma gérées par les APC au niveau national. «Des salles qui seront rénovées, puis soumises à exploitation selon un plan en cours d'élaboration. Les salles de cinéma ne peuvent pas être gérées en dehors du secteur de la culture. Les APC n'ont pas les moyens pour doter les salles d'équipements de technologie de pointe. Une technologie (DCP) qui est présente actuellement dans tous les pays. Les normes de distribution et de projection de films ont changé aussi», a-t-il ajouté. Une douzaine de sponsors soutiennent les Rencontres de Béjaïa, à l'image de l'Entreprise portuaire de Béjaïa, Cévital, le Centre national de cinéma (CNC), l'APW de Béjaïa et l'Institut français. «Le public est le premier sponsor des Rencontres. Quand le public est avec nous, nous allons de l'avant et dépassons tous les problèmes. Car nous faisons un travail qui est suivi. Les Rencontres constituent une plateforme de réflexion sur le cinéma en présence de professionnels», a relevé Abdenour Hochiche. La direction artistique a changé cette année. «Je fais mon entrée pour la première fois. L'équipe de programmation a changé, mais l'esprit reste le même. Je pense que l'identité des Rencontres cinématographiques est bien là, installée. Nous avons fait un appel à films il y a six mois car nous voulions prendre le temps de visionner. Nous avons reçu 330 films, le double de ce que nous avions reçu l'année dernière. Nous avons sélectionné 35 films. C'est un cinéma particulier qui s'intéresse à l'individu», a précisé Laïla Aoudj, directrice artistique. 10 949 femmes, le documentaire de Nassima Guessoum a été le premier film projeté suscitant une vague d'émotion parmi les présents. Nassima Guessoum s'est intéressée à l'itinéraire militant de Nassima Hablal, celle qui avait connu Amara Rachid, Abane Ramdane, Ali Haroun, Omar Boudaoud et d'autres. Nassima Hablal, décédée en mai 2013, s'est confiée à la caméra de Nassima Guessoum avec beaucoup de sincérité et de franchise. La documentariste filmait l'héroïne de la guerre de Libération nationale dans sa cuisine, dans son salon, dans la rue... «Boussouf était un tueur. Il faisait des affaires sur le dos de la Révolution. Boumediène a assassiné et mis en prison beaucoup de nationalistes après l'indépendance», a-t-elle dit. Elle a raconté comment son époux, Mohamed Ben Mokkadem, était persécuté par le régime de Boumediène. Nassima Hablal a raconté les nuits de terreur passées sous la torture par des paras français à Alger, évoqué la perte de son fils unique, Youcef. «Les héroïnes sont des êtres vivants, pas des êtres figés.Nassima Hablal était une femme ‘‘incadrable'', refusait d'entrer dans la norme. Elle ne fermait jamais sa porte, car elle garde de mauvais souvenirs de la prison. Elle chantait, alternait chansons françaises et chants patriotiques. Je n'avais donc pas besoin de bande son. Elle n'a jamais pleuré devant moi. La colère qu'elle exprimait à l'égard de Dieu par exemple était suffisante pour évoquer l'arrachement et la peine qu'elle avait. La douleur était tellement forte qu'elle remplaçait les larmes. Si elle avait pleuré, je n'aurais pas montré les images, car je ne suis pas dans l'apitoiement», a souligné Nassima Guessoum lors du débat qui a suivi la projection. Des films sont à découvrir durant les Rencontres tels que Exterminator de Abdelghani Raoui, Fièvres de Hicham Ayouch, Serial K d'Amine Sidi Boumediène, Je suis le peuple d'Anne Roussillon, La route du pain de Hicham Elladdaqui, La nuit et l'enfant de David Yon et Histoire de Judas de Rabah Ameur Zaïmèche. Les films sont projetés au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh avec trois séances (14h30, 17h et 20h). Les films seront projetés une seconde fois à la cinémathèque algérienne. Un atelier d'écriture de scénarios, «Côté courts», sera organisé en marge des Rencontres accueillant des jeunes auteurs-réalisateurs du Maghreb. Il sera animé par Meriem Hamidat et Jean Pierre Morrillon. Parmi les projets retenus figurent Pour ceux qui restent d'Amel Blidi et L'akhtiste de Mohamed Yargui (Algérie), Eloignement de Gasmi Abir (Tunisie) et Pour combien ces bananes ? de Issam Belayachi (Maroc).