Reçu à plusieurs reprises par le président Bouteflika, le diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, s'explique pour la première fois. Il dément toute ambition présidentielle et tente de mettre fin aux spéculations concernant son éventuelle succession au président Bouteflika. «Ce n'est pas sérieux. Je vois le président Bouteflika en tant qu'ancien compagnon et camarade. Nous avons travaillé ensemble pendant très longtemps. Il n'y a absolument rien d'autre», affirme-t-il dans une déclaration à la chaîne Berbère Télévision, lors d'une soirée consacrée à la diplomatie algérienne à l'ambassade d'Algérie à Paris, en France, organisée lundi dernier. Depuis le début de l'année 2014, Lakhdar Brahimi a rencontré le chef de l'Etat plusieurs fois. Ces visites «privées» ont été systématiquement diffusées dans les journaux télévisés de l'ENTV et annoncées par l'APS. Leur multiplication en a intrigué plus d'un. Certains observateurs sont allés jusqu'à dire que le président Bouteflika préparait Lakhdar Brahimi pour assumer le poste du président de la République. La réponse vient du concerné, qui dément catégoriquement ces rumeurs. L'ancien ministre des Affaires étrangères exprime, par ailleurs, ses regrets de voir les relations algéro-marocaines dans l'état actuel. «Je suis un Maghrébin convaincu et je suis profondément attristé par le fait que les relations entre l'Algérie et le Maroc ne soient pas ce qu'elles devraient être. Le fait que nous avons des problèmes, des difficultés, des divergences ne devrait pas empêcher la fraternité de se manifester», déclare-t-il, précisant qu'«il y a des divergences, mais il y a plein d'autres choses que nous pouvons et devons faire ensemble». Lakhdar Brahimi cite plusieurs exemples de pays ayant des conflits, mais qui continuent de développer leurs relations, à l'image de l'Angleterre et la France ainsi que la Chine et l'Inde. Dans la foulée, il plaide pour l'unité maghrébine qui est, selon lui, «une nécessité». «Bien sûr que l'unité maghrébine est une nécessité. Et j'ai l'impression que les jeunes ressentent cette nécessité aussi bien que nous, les vieux, les anciens. Si on leur donne l'occasion de se rapprocher, ces jeunes feront beaucoup de bien pour l'ensemble de nos pays», assure-t-il. Le diplomate, qui affirme ne pas connaître «suffisamment la situation en Libye», se dit content de voir les autorités algériennes engagées pour aider ce pays voisin à retrouver sa stabilité. «Je sais que c'est un pays auquel nous devons beaucoup. C'est un pays qui nous a beaucoup aidés pendant notre guerre de Libération. C'était l'un des pays les plus pauvres d'Afrique à l'époque. Il n'avait pas de pétrole et il nous a quand même aidé. Je suis content de voir que notre pays s'y intéresse beaucoup et accompagne du mieux qu'il peut l'effort de rétablissement de la paix et de la stabilité en Libye», explique-t-il.