Le célèbre chanteur algérien Houari Aouinet s'est éteint, dans la nuit de vendredi à samedi, à l'âge de 70 ans, suite à une terrible maladie. Il est mort à son domicile, après avoir été hospitalisé, durant de longues semaines, à l'hôpital de la sûreté de wilaya d'Oran. Il a été enterré hier en début d'après-midi, au cimetière de Aïn El Beïda (sud-ouest d'Oran), en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, du wali d'Oran, ainsi que du directeur de la culture de la wilaya. Une foule nombreuse a accompagné l'artiste à sa dernière demeure. Force est de constater que l'été 2017 a été terrible pour la scène artistique algérienne, qui a vu passer de vie à trépas, en moins d'une semaine, Blaoui El Houari et aujourd'hui Houari Aouinet, deux artistes qui ont fait, chacun à sa façon, l'âge d'or de la culture algérienne. Comble de l'ironie, Houari Aouinet habitait le quartier Mimosa, alors que l'adresse de Blaoui El Houari se situait à Protin. On peut dire alors qu'ils habitaient pratiquement le même carrefour. Houari Aouinet n'était pas seulement chanteur, mais aussi danseur et humoriste. Il était réputé pour être le chanteur algérien qui a véritablement jeté son dévolu sur le répertoire marocain, en reprenant nombre de chansons cultes de ce pays voisin. Il se singularisait aussi par sa manière de chanter et de danser à la fois, engoncé dans un look qui lui était propre : une chéchia marocaine et une petite sacoche qu'il portait en bandoulière. «Il avait une façon bien à lui d'algérianiser la musique marocaine», explique Nourredine, un cadre de la dDirection de la culture d'Oran, qui dit l'avoir découvert à la fin des années 80 et au début des années 90, à une époque où il passait souvent à la télévision algérienne. C'était en effet lors de ces années que la carrière de Houari Aouinet avait atteint le summum. Il avait d'ailleurs, à cette même époque, pris sous son aile nombre d'artistes débutants, notamment Cheb Bilal, dont la carrière était encore à ses premiers balbutiements. Mais en 1994, en pleine décennie noire, le chanteur a décidé de s'exiler en France, pays où il se produisait de temps à autre dans de petites boîtes. Ses tours de chant étaient à cette époque périodiques, et finalement le chanteur se faisait de plus en plus rare. Beaucoup s'accordent à dire que l'exil l'avait fait beaucoup souffrir. Il a fallu près de deux décennies pour qu'il revienne dans son pays natal. Malheureusement, l'âge et la maladie l'ont empêché de remonter sur scène. Contacté, l'artiste musicien Bey Bekkaï, qui a longtemps côtoyé Houari Aouinet, a bien vous nous donner son témoignage : «C'était un homme affable, simple, près des petites gens. Il aimait beaucoup rire. A une époque précise, il était devenu très célèbre et populaire. C'était quelqu'un de très intelligent. Il faisait des reprises de chansons folkloriques marocaines, mais il y ajoutait une spécificité : la danse. Sans oublier ses habits singuliers, aussi, il avait imposé un look, auquel les gens, notamment les jeunes de cette époque, se sont identifiés.» Autre qualité du défunt, affirme Bey Bekkaï: «C'était son côté ‘‘travailleur''.» «Il travaillait d'arrache-pied, il avait beaucoup de projets. Et puis, il était d'une grande modestie. Malgré son succès et son talent, il n'était pas hautain». Malgré le fait qu'il ne se produisait plus, ses amis ne l'ont pas oublié pour autant, et depuis son retour à Oran, il y a deux années, ils n'ont pas cessé d'aller lui rendre visite. Dernièrement, c'est le chanteur Cheb Khaled qui s'est rendu au chevet de son ami malade, pour s'enquérir sur son état de santé et lui apporter tout son soutien. Le chanteur Houari Aouinet est mort, mais le public gardera toujours en tête l'image de cet homme si bon vivant qui, par sa façon de danser et de chanter, apportait de la joie et de la bonne humeur à ses semblables.