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L'estampe d'un octogénaire
Hadj Abdelkader. Doyen des artisans de la Casbah
Publié dans El Watan le 25 - 02 - 2007

Tapi tel un ermite dans son atelier, sis à la rue Bénachère (Ben'achir pour les nostalgiques), Ammi Hadj Abdelkader est décidé à ne pas lâcher prise. A ne pas prêter le flanc à la résignation.
A 84 ans, notre vieil artisan, blanchi sous le harnois de l'art de l'ébénisterie, continue à s'adonner à une activité qui ne semble plus faire recette dans le paysage artisanal supplanté par un négoce plus rémunérateur. Nous manifestons discrètement notre intrusion dans son espace qui respire une atmosphère monacale. Histoire de s'imprégner de l'univers dans lequel se meut, à pas feutrés, le doyen des artisans, dont la fibre artistique se révèle à travers une kouitra suspendue dans le coin d'un mur sur lequel une pendule centenaire égrène la mesure du temps. Notre curiosité est vite suscitée par la variété des essences de bois qu'il nous arbore : bois des Landes, iroko, sapili, cyprès, frêne, acajou, eucalyptus, et autres thuya et genévrier dont les senteurs titillent les narines. Des pièces de bois qu'il garde jalousement dans la soupente depuis plus d'une cinquantaine d'années, révèle-t-il. Des équipes de tournage venues d'outre-mer ont observé une halte dans son local pour immortaliser, à travers un film documentaire Les Casbadjis, un pan de notre patrimoine immatériel que résument les métiers qui, autrefois, participaient à l'ambiance d'une cité séculaire. Au détour d'une discussion, Ammi Abdelkader bouscule sa mémoire pour exhumer quelque souvenance d'une époque où il faisait bon vivre dans la vieille cité. Où l'artisan était considéré à sa juste valeur.
La main experte caresse les derniers copeaux
Lui, l'actif octogénaire, qui continue non seulement à honorer les obligations de la Sécurité sociale, mais voit son labeur artisanal assujetti au nouvel impôt (impôt forfaitaire unique) mis en place dernièrement. Autrement dit, un exercice mis sur un pied d'égalité que celui des commerçants. « Contrairement à nos voisins de l'Est ou de l'Ouest dont les métiers d'art et d'artisanat sont valorisés, chez nous, à Alger et dans d'autres villes du pays, l'artisanat va à vau-l'eau », nous dit-il non sans une pointe d'amertume. La raison ? La désaffection des jeunes plus soucieux du gain immédiat, combiné à une politique moins stimulante dans la promotion de ce corps de métiers. Quand bien même les pouvoirs publics ont tenté d'ouvrir des espaces pour les artisans dans cette antique Casbah, le projet n'a pas dépassé le cadre du vœu pieux. Retranché dans son local, Ammi Abdelkader s'investit pleinement dans les derniers copeaux qu'il découpe, dégauchit, façonne, ajuste, colle, ponce, sculpte, perle, cire, teinte avant de passer l'ensemble au vernis au tampon. Nous balayons du regard les chefs-d'œuvre qui nous édifient sur son fin doigté. N'est-ce pas « à l'œuvre, qu'on reconnaît l'artisan », comme disait Jean de La Fontaine. Sur l'établi, sa main experte s'affaire à fignoler l'œuvre, un dessus d'un mobilier qu'enjolive l'esquisse symétrique d'une ronce et une moulure aux entrelacs floraux admirablement ouvragés. Les gabarits qu'il applique et les nombreux compas qu'il fait intervenir pour la réalisation des différentes formes nous renseignent sur le temps qu'il met pour donner naissance à une pièce d'œuvre qu'il dit ne pas vouloir vendre, n'est-ce la pitance qu'il faut assurer… Des guéridons aux pieds graciles, aux tables de salon aux colonnes cannelées en passant par l'encadrement galbé, ventru et sculpté, le travail minutieux dénote d'un savoir-faire indéniable. Du bel ouvrage dont l'estampe artistique prête davantage à une exposition muséale qu'à la vente, tant l'œuvre force le respect. Mais autres temps, autres mœurs, laisse-t-il entendre comme pour nous signifier que le produit de pacotille a plus que jamais pignon sur rue, supplantant le travail finement réalisé. « Le credo de l'activité artisanale repose sur le diptyque : tabler sur le peu de production et la mise en valeur du produit », explique notre vieil artisan qui reste rivé à sa passion en attendant le chant du cygne... Un artisan qui ne nous fait pas moins rappeler « ces oiseaux qui se cachent pour mourir ».


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