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la wilaya v dans la guerre
Les 90 jours qui ébranlèrent Oran
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2004

La furie destructrice est à son comble dans l'Oran de la veille de l'Indépendance. Cruauté et intolérance se donnent la main pour remettre en cause les Accords d'Evian. L'Organisation de l'armée secrète (OAS) passe à l'étape supérieure de la politique de « la terre brûlée » dans le but évident de changer le cours de l'histoire : ses commandos bombardent les quartiers arabes de Tirigou El Hamri, M'dina J'dida, Mediouni et Ras El Aïn à partir des terrasses des tours érigées à partir de 1958 à la faveur du plan de Constantine. Les victimes sont des hommes et des femmes sans défense habitant dans les quartiers miséreux à l'orée de la ville européenne.
La mort violente peut surprendre à n'importe quel coin de rue. Les assassins de « la dernière chance » installent des bazookas et autres fusils-mitrailleurs sur les sièges arrière des voitures banalisées pour faire le maximum de victimes parmi la population algérienne parquée dans ces bantoustants de la honte entourés de barrières en barbelé. La violence connaît une recrudescence inouïe après les accords de cessez-le-feu du 19 mars 1962 : la Maison des hypothèques, la salle des fêtes de la commune, les réservoirs des hydrocarbures, les lycées et collèges sont tous soufflés ou incendiés par les fidèles du Jouhaud, le général putschiste arrêté au Panoramic, sur ce front de mer qui faisait chavirer le cœur des colons et de ceux qui s'identifiaient à leurs comportements raciaux. Les extrémistes européens armés des quartiers chics revendiquent ouvertement leur filiation aux thèses hitlériennes. Toute institution administrative ou économique qui avait une signification officielle était considérée comme cible à abattre, et le plus vite serait le mieux. Il n'était pas question qu'elle change de main. Il fallait faire avorter coûte que coûte les actions intérimaires pour l'organisation du rendez-vous du 3 juillet et parasiter les dispositions contenues dans les accords de cessez-le-feu. Les points de rencontre géographiques des deux communautés, désormais ennemies, se transforment comme par une espèce de fatalité en épicentre de conflits violents.
La haine dans la rue
C'est l'heure des grands massacres, mais aussi l'heure du grand départ pour les Européens qui n'ont pas d'attaches partisanes précises ou qui avaient une tiède sympathie pour le combat des Algériens. La ville de 300 000 habitants, aux trois quarts occupée par les porte-étendards de la France métropolitaine, se vide de ses habitants et des habitudes joyeuses. Elle est une cité fantôme peuplée uniquement de tueurs assoiffés d'en découdre avec l'« Arabe ». La chasse au basané baigne dans une opacité absolue. La tuerie est quotidienne dans cette entreprise d'élimination en série. On achève des vies en univers enclavé gardé uniquement par les exterminateurs. Les ultras de l'OAS s'enferment dans une logique d'élimination systématique de tout ce qui a trait à un possible dialogue entre les deux communautés ou à tout le moins un avis... par les urnes. Face à la meute des tueurs sans foi ni loi, la résistance algérienne s'organise. La haine s'est déjà durablement installée dans la rue. Les durs de l'OAS comptent leurs premières victimes et leurs premiers doutes. Les éradicateurs ne se recrutent plus uniquement dans le même camp. Les paroles rassurantes pour faire baser la garde chez une population déjà meurtrie par sept années de guerre n'opèrent plus. On instruit le procès de l'autre avec la loi du Talion en ligne de mire et la violence comme alibi de légitimité. Les morts, côté européen, sont déposés dans une chambre froide qui avait jusque-là servi de lieu d'entreposage de matières premières importées de France pour la fabrication de fromage. Les sirènes hurlantes des véhicules-ambulances n'agacent plus personne en cette « fin d'une époque » sanglante. La morgue de l'hôpital vit une crise d'espace énorme à la veille du 5 Juillet. Pas moins de 300 Européens sont abattus. Ils s'étaient fait prendre d'abord dans le filet de la négation de l'autre. Les tueurs de l'OAS les avaient séduits par leur barbarie à éliminer « toute trace de l'Arabe ». Ils avaient applaudi au régime d'apartheid appliqué « aux pestiférés des faubourgs » entourés de guérites et de mépris et appuyé la politique d'épuration ethnique administrée à l'autochtone.
Une spirale de feu et de sang
La commission mixte mise en place par la France officielle et le FLN, représentée, entre autres, par MM. Hirèche et Chaïla Lahouari, éprouve mille et une difficultés à assurer convenablement le transfert et préparer le référendum. Oran s'engouffre dans la spirale du feu et du sang. La mèche est allumée par les orthodoxes de « l'Algérie française » avec la voiture piégée qui a fait, au mois de février, 82 morts à M'dina J'dida. Les irréductibles de l'organisation fasciste sentant le vent changer de direction se mettent à tirer sur tout ce qui bouge. Leur descente meurtrière aux abords immédiats des quartiers arabes a un goût de vengeance aveugle, animale. La guerre des tranchées est déclarée. Les « Arabes » ne se font pas prier pour organiser leur riposte. Le péril change de camp et de connotation. Dès janvier 1962, les valises et baluchons s'entassent sur les quais du port d'Oran, de Mers El Kébir et de l'aéroport d'Es Sénia. Entre mars et juillet 1962, c'est pratiquement l'hécatombe dans ce déménagement de l'urgence. Ce n'est plus une déroute chez les auxiliaires et assimilés des puissants « de la ville la plus européenne d'Algérie », c'est le déluge. Le morcellement social chez les Européens atteint des proportions énormes. « Le sauve-qui-peut » prend en otage une ville devenue dangereuse pour toute personne encline à adopter une attitude ambiguë vis-à-vis des événements. La population de confession israélite, qui s'élevait à des dizaines de milliers de personnes en 1962, prône le départ vers la Métropole. Elle s'était majoritairement ralliée aux extrémistes du maintien de l'ordre ancien. Les commerces se vident et les manufactures baissent rideau. Les échanges commerciaux s'assèchent. Les deux communautés vivent en vase clos dans leurs quartiers respectifs. Les enfants « indigènes » scolarisés ne sortent plus de chez eux par crainte de représailles. Des tours de garde sont organisés la nuit. C'est le règne de l'insécurité absolue. La Croix-Rouge est débordée face à tous ces demandeurs d'aide du gouvernement de de Gaulle, inapte à toute forme de cohabitation « avec les musulmans » dans ce télescopage de deux ordres violents nourris par les barricades d'une agglomération transformée en poudrière à l'air libre à l'annonce de la date de cessez-le-feu, avant ce 19 mars fatidique.


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