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13es Journées Théâtrales de Carthage
Koulouskout et Khamsoun fortement applaudies
Publié dans El Watan le 08 - 12 - 2007

Ainsi en fond de scène de la pièce théâtrale Koulouskout, deux portants de costumes sont placés aux extrémités côté cour et côté jardin. L'un des deux portants se vide au fur et à mesure de la progression de la pièce pour que l'autre se charge.
C'est la mise en scène d'Arnaud Thomas qui est mise en marche, par touches successives. Les personnages incarnés par deux jeunes comédiennes défilent devant nous, dénudent leur soi. Koulouskout (littéralement manges et tais-toi en arabe) est un spectacle qui régale les yeux. Une belle performance des actrices Nedjma Benchaïb et Sophia Pérez nous est présentée avec des bribes de vie, des bouts de choses. Produite par la compagnie Cabas (France), la représentation théâtrale retrace l'histoire simple et mouvementée de deux femmes écartelées entre leur culture d'origine, leurs racines, leur présent en France, pays du métissage douloureux et leur pays de l'ailleurs, pays de nulle part et pays du Maghreb. Que prendre et que rejeter ? Mais leur est-il possible de rejeter ou de prendre, en plein questionnement ? Koulouskout ou applaudis est un spectacle qui mêle avec bonheur danse contemporaine, danses approximatives des racines, mât chinois, jeux d'équilibre et jeux de jonglages, chants, textes anciens, de textes du terroir et textes nouveaux. La pièce est un va-et-vient ininterrompu entre Casablanca la ville natale et Vincennes la ville d'adoption. Le contenu sont des langues de partage entre langues arabe, française, langue de l'Islam et de ceux qui doivent manger ou pas le porc. Au gré de leurs déplacements et des sujets qui s'y accrochent, les deux personnages évoquent les thèmes qui interpellent le citoyen d'aujourd'hui et celui qui n'arrête pas de se rechercher et qui est coincé entre des histoires contradictoires et des actualités tronquées des ailleurs et d'un ici indéterminés. Un pur délice pour la vue et les oreilles que ce Koulouskout de 58 mn, un spectacle construit sous forme de séquences qui évite les conclusions rapides et les leçons de morale. Il n'y a ni plainte ni complainte. Des voix off maintiennent le rythme, entretiennent l'ambiance lors des changements de costumes qui se font devant nous, elles relatent les souvenirs de l'enfance abrégée, introduisent la complicité des jeux aériens du cirque magique. Nedjma et Sophia sont tout simplement époustouflantes de vérité. Elles sont belles parce qu'authentiques. La pièce tunisienne Khamsoun donnée au théâtre municipal de Tunis, dans une salle archicomble, évoque elle aussi l'actualité, mais sa thématique d'approche est inscrite sur une tout autre démarche esthétique et philosophique. Khamsoun, c'est d'abord une longue et périlleuse plongée dans la Tunisie de ces cinquantes dernières années (pratiquement depuis que le pays de Habib Bourguiba est indépendant), mais aussi et surtout les incommensurables fractures qui traversent la société tunisienne actuelle. Khamsoun, c'est l'histoire mouvementée de la jeune Jouda, jeune lycéenne qui se fait exploser à l'intérieur de son établissement pour ses convictions religieuses qu'elle croit justes. C'est une islamiste pure et dure, mais elle est également porteuse de révolte contre tous ceux qui ont dévié de leur carnet de militantisme de gauche et qui ont abandonné la partie par peur, par lâcheté ou tout simplement par désillusion et par fatigue mentale. La mise en scène de Fadhel Jaibi à partir d'un texte de Jalila Baccar, sa complice de toujours sur scène et dans la vie, est d'une rare précision. Le réalisateur est pratiquement l'horloger de cette mise à nue des tares et avatars qui minent la société à laquelle il appartient. Tout est joué en clair-obscur, le débit du texte est rapide, hallucinant comme le sont les personnages marionnettes. Jaibi en a fait des marionnettes parlantes, des marionnettes capables de dégager des émotions, des pistes de lectures, des colères crasseuses, des convictions fragiles, illuminées. Tout est claquant dans cette pièce grave, comme le sont les personnages qui traversent l'histoire comme on traverse, sur un brin de paille, un naufrage sans bruit. « Quel crime avons-nous commis ? Pourquoi payer si cher un si beau rêve ? », dit une voix. Il n'y aura pas de réponses, mais énormément de questions autour de cette œuvre magistralement menée. La technique de la mise en scène est totalement adéquate au discours narré. Khamsoun raconte plusieurs retours sur soi, autour de soi, intervient sur plusieurs registres mais l'essentiel est donné à la voix- off et la voix des acteurs — une dizaine. Contrairement au théâtre techniciste qu'on a vu se développer de façon presque religieuse ces quinze ou vingt dernières années en Tunisie, Khamsoun de Fadhel Jaibi revient au texte, au mot, à la parole qui a du sens, de l'essence et de l'aplomb. A son tour, Jalila Baccar, l'auteure du texte déclare : « J'ai besoin de décortiquer le passé, remettre en place les pièces du puzzle éclaté et demander des comptes. » A travers ce spectacle, tout le monde peut demander des comptes mais peu risque de trouver des réponses convaincantes à leurs attentes, il y a des tonnes et des tonnes de détritus dans les têtes. Le jeu des artistes est vivace, tourbillonnant dans une scène nue balayée de musiques et de peurs. C'est de l'art en A majeur.

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