Les malentendants sont une frange de la société confrontée à des contraintes de tous genres. Leur problème majeur est l'intégration socioprofessionnelle. Selon M. Mahieddine Bachir, secrétaire général de la Fédération nationale des sourds d'Algérie, ces personnes sont souvent exclues de la société à cause des difficultés de communication. « C'est aux responsables concernés de prendre en charge leurs problèmes », dira-t-il. Par conséquent, a-t-il ajouté : « Il faut apprendre le langage des signes et l'instaurer dans tous les établissements publics ». Comment se débrouille une personne qui souffre de surdité dans les institutions ?, s'est-il interrogé. M. Bachir recommande la formation d'un personnel spécialisé dans le langage des signes pour communiquer avec les personnes sourdes au niveau de toutes les administrations (commissariat de police, poste, APC, daïra et autres). Certains malentendants sont obligés d'avoir un accompagnateur valide (parent, proche ou ami) pour les guider. C'est dire que les personnes malentendantes souffrent énormément. L'absence de programmes télévisés spécifiques à cette catégorie fait qu'elles se sentent isolées. Le même responsable fera allusion à la disparition des interprètes qui, autrefois, faisaient beaucoup pour la compréhension du journal télévisé. « Les malentendants pouvaient suivre l'actualité, ils étaient informés et considérés comme des êtres à part entière », dira-t-il. « Il n'y a plus de relève », s'est-il désolé. Selon lui, la Fédération a proposé plusieurs programmes aux services concernés qui n'y ont pas donné suite. BIENTOT UN DICTIONNAIRE DES SIGNES Pour vulgariser la lecture labiale (lecture sur les lèvres), M. Bachir a annoncé la réalisation prochaine d'un site web pour vulgariser l'historique et le parcours de la fédération. Une action qui sera suivie par le lancement d'un dictionnaire de la langue des signes algériens. Cet ouvrage est en cours de réalisation par une équipe de spécialistes qui s'inspirent, selon le même responsable, de la gestuelle la plus répandue à l'échelle nationale. Selon lui, les lois de la République obligent les entreprises et les administrations à réserver 1 % des postes de travail aux personnes handicapées. Quelle place occupent les malentendants dans cette loi ?, s'est-il interrogé. « Aucun secteur ne leur a assuré une activité », dira-t-il. Il a assuré, en outre, que le ministère du Travail et de la Sécurité sociale vient de donner instruction à l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) pour intégrer le maximum de handicapés auditifs dans les organismes publics. Par ailleurs, pour contribuer à l'amélioration de la qualité de vie des malentendants, la Fédération nationale des sourds d'Algérie a participé à plusieurs évènements dont le Congrès international des malentendants tenus en Afrique du Sud, en juillet 2011. Une occasion pour l'Algérie de tisser des liens avec des spécialistes turcs, français, belges, finlandais et marocains dans le cadre des échanges d'expériences. L'Algérie dispose aujourd'hui de 34 écoles de jeunes sourds, dont trois établissements spécialisés à Alger. 64 autres écoles sont prévues et seront réparties à travers 33 wilayas. Le constat actuel est que la surdité est un véritable problème de santé publique vu son ampleur, particulièrement en l'absence d'un programme de dépistage national y compris en milieu scolaire.