Les visiteurs ne sont pas les seuls à déplorer le manque, voire l'absence du livre de jeunesse. Les exposants eux-mêmes soulignent que la présente édition est marquée par « la négligence » du livre destiné aux jeunes. Lazhari Labter, éditeur, affirme qu'il n'y a pas grande affluence. Pour cause, dit-il, aucune maison d'édition étrangère, privée ou publique, n'a participé à cette manifestation littéraire. Labter estime que cette manifestation culturelle devra devenir un vrai espace littéraire qui réunira les jeunes. Dans le même contexte, il soutient qu'aucun auteur de roman de jeunesse, qu'il soit algérien ou étranger, n'est invité à cette cinquième édition. « Ce n'est pas normal », pense-t-il. Il propose, une fois le constat fait, la scission du festival en question en partie. La première, explique-t-il, sera consacrée exclusivement à la littérature et la deuxième aux jeunes uniquement. Seule manière, à ses yeux, de faire de ce rendez-vous annuel, une véritable rampe de lancement pour les jeunes écrivains en herbe et les amoureux de belles lettres. Abdelkrim Kecheroud, responsable du stand de l'Enag, entreprise nationale des arts graphiques, affirme que la majorité des visiteurs achète en particulier les œuvres des pionniers de la littérature algérienne de graphie française et arabe, tels Mouloud Feraoun et Tahar Ouatar. « Le week-end dernier, il y a eu une grande affluence. Accompagnés de leurs parents, de nombreux écoliers et collégiens ont visité notre stand, en plus des étudiants », indique-t-il. A côté du stand des éditions Enag, un groupe d'écoliers cherche des livres qui racontent des historiettes pour la lecture d'été. Ils sont quelque peu déçus de n'en avoir pas trouvé. « On a fait presque tous les stands et on n'a pas trouvé de livres qui répondent à nos goûts. Il y a peu, ou presque pas, de livres de jeunesse. C'est dommage », regrettent-ils. Abla, étudiante de Blida, est agréablement surprise par la diversité des livres mis en vente. « J'ai trouvé des livres fort intéressants. Je suis surprise par la quantité des ouvrages, même si je constate l'absence des livres consacrés à la littérature de jeunesse », précise-t-elle. En revanche, elle pense que l'horaire d'ouverture n'arrange pas les visiteurs qui viennent notamment des autres régions, telle que Blida et Boumerdès. « Je déplore le fait que l'ouverture commence à seize heures. Les visiteurs qui viennent de loin auront des problèmes pour repartir chez eux. L'ouverture devrait se faire au moins à partir de midi », souligne-t-elle. Malgré cette lacune, les enfants peuvent se consoler. Beaucoup d'ateliers leur sont dédiés à cette occasion. « Monde des couleurs » et « monde de création » sont autant d'espaces mis à la disposition des écoliers et des collégiens pour permettre à ces derniers de s'exprimer et de mettre en valeur leur génie. Un groupe d'artistes a pris la décision d'ouvrir ces espaces pour réunir chaque jour des dizaines d'enfants. Objectif : réaliser des dessins sur l'environnement, la violence en milieu scolaire et bien d'autres sujets. A la clôture de cette cinquième édition, les lauréats auront droit à une récompense symbolique, histoire de les encourager à se lancer dans la peinture. Joe Okitawonya, artiste plasticien congolais, est au four et au moulin. Il œuvre à faire aimer le dessin aux enfants dans l'atelier « monde des couleurs ». « Le dessin est le meilleur moyen qui permet d'initier les enfants à la littérature. Nous n'imposons pas de sujet aux enfants, nous nous contentons juste de les orienter », indique-t-il.