Sur les 1 103 vols de véhicules enregistrés durant l'année 2012, 615 l'ont été en milieu rural contre 487 en ville. Plus de 80% des ces délits sont commis le jour et sans violence. La criminalité organisée est derrière la hausse de ce type de délit. Les enquêteurs ont réussi à résoudre 253 affaires, ce qui a permis le démantèlement de plusieurs réseaux et l'arrestation de 528 personnes, dont des femmes, généralement recrutées par les réseaux criminels pour attirer les propriétaires des véhicules dans des guets-apens. Mais la gent féminine n'est pas toujours confinée dans un rôle de faire-valoir. Les enquêteurs ont pu mettre la main sur des femmes chefs de réseaux. « Elles géraient des bandes et planifiaient même les agressions suivies de vol », souligne l'étude. Durant l'année 2012, les unités de la GN ont interpellé 10 femmes en flagrant délit. Selon l'analyse des experts, les malfaiteurs utilisent la gent féminine « afin d'appâter leurs victimes potentielles et les entraîner vers des lieux isolés bien déterminés pour les agresser ». Les vols sont en majorité perpétrés contre les usagers de la route lors d'un stationnement pour divers motifs. Les victimes sont généralement seules ou non accompagnées. Les malfaiteurs usent de plusieurs méthodes : agression, vol en stationnement avec usage d'armes blanches, piège en utilisant une jeune fille et escroquerie des sociétés d'assurance. Les délinquants n'opèrent pas au hasard. Ils ciblent prioritairement les véhicules légers avec 802 cas, suivis des véhicules lourds avec 301 cas. Singularité : les gendarmes ont constaté le vol de 19 bus, 27 tracteurs et 9 semi-remorques. Seuls 195 véhicules volés ont été récupérés. Autre prédilection des voleurs : les véhicules neufs, de préférence asiatique. La raison ? Une forte demande en pièces de rechange est exprimée par les revendeurs du marché informel. Les véhicules volés sont souvent transportés avec l'aide d'un complice. Le must pour le voleur est de transporter l'objet de son larcin sur camion-dépannage. LE VOL DE VEHICULES, UN CRIME DE JEUNES L'étude fait ressortir que le nombre de malfaiteurs constituant un réseau criminel varie de 2 à 5 membres. Les voleurs ont majoritairement entre 18 et 30 ans. Les auteurs âgés entre 30 et 45 ans viennent en 2e position alors que les personnes âgées de plus de 45 ans sont rarement impliquées dans cette forme de criminalité. Les délinquants choisissent aussi leurs horaires. La plupart de leurs délits sont commis entre 20h et 04h. L'étude explique que les malfaiteurs agissent en profitant de l'obscurité, surtout en milieu rural où il a été enregistré 636 vols. Par ailleurs, 466 vols ont été commis le jour. Les malfaiteurs agissent généralement sans violence. Toutefois, 90 vols ont été précédés ou suivis d'agressions dont 66 avec armes blanches (bâtons, couteaux, barres de fer et bombe lacrymogène). C'est le mois de janvier qui remporte la palme du plus grand nombre de vols, soit 128 faits, ce qui représente un taux de 11,62%, suivi des mois de novembre et octobre avec, respectivement 123 et 116 forfaits enregistrés, soit des taux respectifs de 11,16% et 10,53%. LES LIEUX PUBLICS, TERRAIN D'ACTION PRIVILEGIE S'agissant des méthodes et des moyens utilisés par les voleurs, l'exploitation des enquêtes a fait ressortir que les voleurs usent de deux procédés. Le premier est classique : le vol se fait à l'aide d'un matériel simple qu'on peut trouver sur le marché, à l'exemple d'un tournevis ou d'un arrache-clou. Le second est plus sophistiqué : une clé standard, un appareil qui permet de désactiver l'alarme à distance et des clés contenant des puces formatées. Quant au sort réservé aux véhicules volés, l'étude affirme qu'ils sont décortiqués et revendus en pièces détachées avec la complicité de professionnels du métier. Le passage à l'acte est souvent prémédité. Le choix de la victime aussi. Les auteurs ciblent, également, celles qui sont généralement étrangères à la localité en les identifiant par le numéro d'immatriculation de leurs véhicules. Singularité : 523 cas de vol sont commis dans des lieux publics, soit 47%. Les lieux isolés viennent en 2e position avec 193 cas, soit un taux de 18%. Les véhicules parqués dans les garages ne sont pas à l'abri d'intrusion. Conséquence : 176 véhicules stationnés devant les domiciles et 35 autres dans les garages ont été volés. L'étude souligne que la région de l'Ouest a enregistré 271 cas de vol de véhicules suivie de l'Est où il a été enregistré 318 affaires, soit un taux de 28,86% du total. Le Sud reste, tout de même, à l'abri de ce phénomène puisque 4 cas seulement ont été recensés durant l'année 2012. Concernant la cartographie du phénomène dans les grandes villes, Oran, Alger, Tizi Ouzou et Constantine sont les cinq wilayas les plus touchées par ce fléau. Il est à signaler que les services de la GN ont renforcé le dispositif de contrôle et de surveillance au niveau des installations pétrolières qui avaient fait l'objet de vols de véhicules de type Toyota Station par des réseaux de narcotrafiquants et contrebandiers qui activent en connexion avec les groupes terroristes.Pour endiguer ce phénomène, la Gendarmerie nationale a décidé d'un contrôle plus strict des marchés de vente de véhicules, de casse, des services clés-minute ainsi que le transport de véhicules. Le dispositif mis en place a permis le faire reculer le phénomène, notamment au Centre du pays. Ainsi, une baisse de 20,43% a été constatée par rapport à l'année 2011 en matière des cas traités. En revanche, il a été enregistré une hausse de près de 5% concernant les personnes impliquées, soit 503. UNE HANTISE : LES ATTENTAS KAMIKAZES La lutte contre le vol de véhicules a connu un nouveau cap, ces dernières années, ce qui explique le net recul des véhicules volés par les groupes terroristes au Centre et au Sud du pays et utilisés généralement dans des attentats kamikazes. Le commandement de la GN rappelle, dans ce sens, les mesures prises afin de faire face à cette criminalité. « Il s'agit de mesures préventives, mais aussi répressives », souligne l'analyse. Ces mesures consistent en l'occupation du terrain, à travers la présence et l'organisation de services complémentaires, plus précisément dans les endroits ayant connu ce genre de forfaits et l'intensification du contrôle de véhicules et la multiplication des patrouilles de jour comme de nuit. Enfin, les services de la GN ont lancé des campagnes de sensibilisation au profit des usagers de la route, propriétaires de véhicules, sur « la nécessité d'alerter les services de la GN par le biais du numéro vert (1055), mis à leur disposition, afin de permettre aux gendarmes d'intervenir rapidement et de diffuser les recherches en temps réel pour plus de possibilité d'interception du véhicule volé et l'arrestation des auteurs », conclut l'étude.