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Stress hydrique : « L'Algérie peut rattraper son retard »
Le professeur Brahim Mouhouche, expert en hydraulique
Publié dans Horizons le 09 - 04 - 2014

L'Algérie devrait mieux gérer sa ressource en eau en l'investissant dans des produits notamment agricoles, rentables à l'exportation et surtout en évitant le gaspillage en recourant à la technologie, sachant que les besoins sont de 70 milliards de mètres cubes alors que seulement 17 milliards de mètres cubes sont disponibles, a souligné Brahim Mouhouche, chef du département de chimie rurale et d'irrigation agricole à l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ex-INA) d'El Harrach.
L'Algérie a besoin de 70 milliards de mètres cubes pour ses 37 millions d'habitants. Est-ce que la ressource existe ?
La planète contient 3% d'eau potable dont 0,6 à 0,8% est facilement utilisable. Le reste est piégé dans des glaciers, en profondeur ou polluée. L'eau est très rare dans le monde. Pour l'instant, il est possible d'utiliser 40.000 milliards de mètres cubes d'eau. L'eau est encore plus rare en Algérie du fait elle est située dans une région connue pour son déficit hydrique extrêmement élevé. On a moins de 500 m3 par personne et par an d'eau renouvelable. Une partie de cette eau n'est pas encore mobilisée car sur les 17 milliards de mètres cubes d'eau renouvelable, nous mobilisons 7 milliards de mètres cubes dans des barrages, des eaux souterraines et au fil de l'eau. De plus, sur ces 7 milliards, nous n'utilisons effectivement qu'environ 5 milliards de mètres cubes. En fait, il y a potentiellement 500 m3 par personne mais en réalité, la consommation est de seulement 160 m3 ou 200 m3. Donc, nous avons 7% de la moyenne mondiale et, de ce fait, l'Algérie est classée par plusieurs organismes, dont la Banque mondiale et la FAO, à la 163e place sur 180 pays. De plus, elle souffre d'un grand problème lié à l'évapotranspiration (évaporation d'eau) qui peut atteindre 3.000 m3 par hectare par an au Sud et 1.200 m3 à 1.500 m3 au Nord. L'agriculture consomme énormément d'eau. A titre d'exemple, 1 ha de blé dans une région dont la pluviosité se situe entre 450 et 500 mm reçoit 5 millions de litres d'eau. Si l'on fait un rendement de 15 ou 20 q de blé, il suffit de diviser 5 millions de litres par 2.000 kg pour savoir qu'en moyenne, un kilogramme de blé nécessite entre 3.000 et 3.300 litres dans le Nord et 5.000 litres dans le Sud. La FAO donne une moyenne mondiale de 1.500 l/kg de céréale produits.
Comment les 70 milliards de mètres cubes ont été calculés ?
C'est à partir de ce qu'on appelle le water foo print ou empreinte de l'eau calculé par des spécialistes. Il s'agit du total d'eau utilisé par un individu pendant une année pour tous ses besoins. L'Algérie a besoin entre 1.500 et 2.000 m3 par personne et par an. Avec la population existante, cela tourne autour de 60 à 70 milliards de mètres cubes d'eau. Par comparaison, les Américains consomment 4.000 à 4.500 m3/ personne/an, car ils ont un régime carné qui nécessite beaucoup d'eau. Pour un kilo de steak, il faut 15 à 16 m3 d'eau. Les Chinois, par contre, consomment entre 700 à 1.000 m3/personne/an. En Afrique du Nord, la moyenne est de 1.600 à 1.700 m3/personne/an. Ce qui différencie les pays du Maghreb est que la Maroc a deux fois plus d'eau, soit plus de 30 milliards de mètres cubes. La Tunisie est dans la même situation que l'Algérie sauf qu'elle en exporte beaucoup à travers l'huile d'olive, certains produits maraîchers et certains fruits, contrairement à notre pays. C'est aussi le cas de la Mauritanie avec l'exportation de produits de la pisciculture. L'Algérie exporte de la datte qui consomme beaucoup d'eau mais elle est très rentable. La datte rapporte entre 3 à 5 dollars/kg alors qu'elle consomme 2.500 à 3.500 litres par kilogramme.
Justement, d'où vient la différence puisque l'Algérie n'a que 7 milliards de mètres cubes d'eau alors qu'elle a besoin d'au moins 60 milliards de mètres cubes ?
Les spécialistes subdivisent les ressources hydriques utilisables en trois catégories : eau verte qui est l'eau de pluie et celle retenue dans le sol, l'eau bleue, qui est stockée dans les barrages et les nappes et celle qui court dans les rivières, soit utilisée artificiellement, et, enfin, l'eau grise qui existe dans les égouts pour diluer les déchets pour qu'ils soient transportables vers la mer, des exutoires ou des surfaces. Celle qui doit être épurée avant d'être jetée à la mer. Actuellement, en Algérie, on a entre 800 millions et 1 milliard de mètres cubes d'eau grise qu'on peut recycler à hauteur de 60%. A terme, on peut réutiliser jusqu'à 600 millions mètres cubes de cette eau avec précaution pour des cultures comme certains fourrages, la verdure, le gazon et les fleurs. Actuellement, on en utilise à peine 10%. Il existe des pays qui en réutilisent jusqu'à 70%. Pour revenir à la question, l'Algérie compte 17 milliards de mètres cubes renouvelables. C'est ce qui est mesurable et palpable mais la plus grande partie est l'eau qui tombe du ciel, soit environ 220 milliards de mètres cubes d'eau verte du ciel, et ce qui est renouvelable. Le reste qui permet de compléter ce qui est disponible est de l'eau importée (virtuelle), dont l'alimentation.
C'est quoi une eau virtuelle ?
L'eau virtuelle est toute l'eau nécessaire à la production finalisée d'un produit quelconque, soit alimentaire ou autre. A titre d'exemple, un tshirt a besoin de 3 m3 pour être produit et le coton qui a servi à sa fabrication a nécessité 2.000 l/kg, le jean consomme 10 m3. Même des produits de services consomment de l'eau comme une centrale électrique qui pour se refroidir a besoin de 40 m3/seconde (40.000 l/s). L'eau virtuelle est aussi l'eau que consomme l'employé quand il travaille. C'est toute l'eau utilisée pour produire n'importe quel bien qui n'est pas forcément produit dans le pays. L'Algérie importe de l'eau virtuelle, variant entre 25 et 35 milliards de m3, particulièrement à travers les céréales, sachant qu'un kilogramme de blé contient 12 ou 14% en eau de sa constitution.
Est-ce judicieux que l'Algérie importe des produits nécessitant beaucoup d'eau ?
C'est le dilemme. Si un pays est soumis à un manque d'eau comme l'Algérie, il n'a d'autre choix que d'importer les produits qui consommeraient trop d'eau pour faire face à son stress hydrique. A titre indicatif, l'Algérie a importé 47 millions de quintaux de céréales en 2007. Si elle devait les produire ici, ils auraient besoin de 14 milliards de mètres cubes alors que le total d'eau disponible est de 17 milliards de mètres cubes. En revanche, il serait avantageux d'exporter des produits consommateurs d'eau mais très chers à l'extérieur comme la datte. Malheureusement, actuellement, le seul produit agricole rentable à l'exportation est la datte. Ce qui n'est pas le cas de la pomme de terre car 1 m3 d'eau produit entre 2 à 3 kg de ce légume. Dans un kilo de pomme de terre exporté, on exporte 80% d'eau. Il faut savoir que l'agriculture mondiale est subventionnée et en important ces produits, nous bénéficions de cette subvention. Il est donc préférable d'importer ce genre de produits en attendant de trouver une solution.
Concrètement, est-ce que l'Algérie est en mesure de mobiliser plus d'eau en économisant cette ressource qui est souvent gaspillée ?
L'Algérie utilise 65% d'eau pour l'agriculture et la moyenne mondiale est de 75%. Le pays peut rattraper le retard en améliorant les performances en agriculture qui sont entre 10 et 20 q/ha alors que certains pays arrivent à 100 q/ha. Nous n'arriverons pas à ce niveau facilement mais il est possible d'améliorer à 25 ou 30 q/ha, voire 40 q/ha, grâce à la technologie.


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