Une quantité considérable (95 tonnes) de cannabis a été saisie rien qu'au cours du premier trimestre 2014. Le chiffre déjà important ne porte que sur les quantités identifiées. Cela suppose que le trafic de drogue brasse plus large et étend le spectre de la consommation et de la commercialisation. Le rapport de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT) nous en apprend beaucoup plus sur l'étendue du drame dont les conséquences sont incommensurables sur la santé des Algériens et l'évolution aggravante de cette criminalité. Nous savons que le Maroc est l'un des exportateurs de ces produits interdits. Mais nous ignorions qu'il en était l'exclusif pourvoyeur du marché algérien. L'appel à renforcer l'étanchéité des frontières avec le royaume chérifien formulée par Me Ksentini, en même temps qu'il préconise de réviser la loi relative à la lutte contre les stupéfiants, est compréhensible. Si le premier point relève des impératifs de la sécurité nationale, le second suggère de lancer la réflexion sur le système coercitif basé sur la peine de l'emprisonnement opposée aux détenteurs de drogue, lequel serait contreproductif. La loi n° 04/18 relative à la prévention et à la répression de l'usage ou du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes compte, à ses yeux, « plusieurs lacunes ». Et l'application de ses dispositions relatives aux jeunes consommateurs influe négativement sur leur avenir, a-t-il dit. Et produirait l'effet inverse. 23.487 personnes dont 130 femmes ont été condamnées en 2013 par la justice en Algérie pour des affaires liées à la détention, consommation ou commercialisation de la drogue. Parmi ce chiffre global, 17.398 individus, dont 81 femmes, ont été condamnés pour des affaires liées à la détention et à la consommation de la drogue, alors que 6 089 autres, dont 49 femmes, pour des affaires liées au trafic et à la commercialisation. Ces personnes sont âgées de 18 à 55 ans. Quelque 4.544 toxicomanes seulement dont 243 femmes ont bénéficié d'une prise en charge dans des centres de traitement au cours du premier trimestre de cette année. 217 d'entre eux ont moins de 15 ans d'âge tandis que 1.708 ont entre 26 et 35 ans. Des chiffres élevés qui interpellent, pas seulement les pouvoirs publics, mais aussi la société civile notamment en matière de sensibilisation de la population jeune contre les dangers et les risques liés à la drogue et ses différentes variantes. Une mission de prévention impliquant un large spectre de la société qui doit s'accompagner de la nécessité de démultiplier le réseau des centres de traitement des toxicomanes et des addictions aux drogues, comme le préconise fort justement le directeur de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Près de 11.000 toxicomanes ont été traités en 2013 dans les établissements existants. Les statistiques montrent que les personnes âgées de 25 à 35 ans sont les plus grands consommateurs de drogue (4.770 cas) suivie de la catégorie d'âge allant de 15 à 25 (4.338 cas) puis la catégorie de 35 ans et plus (2.686 cas). On le voit, le fléau touche dans une grande proportion la catégorie des jeunes, c'est-à-dire la plus vulnérable. Le rapport ne précise pas que ceux-ci se recrutent parmi la population désœuvrée. En tout état de cause, une prise de conscience semble avoir dicté de développer une approche qui fait du toxicomane un malade qui a besoin d'une thérapie.