La célèbre journaliste américaine, Marvine Howe, du New York Times, est l'invitée d'honneur de la 2e édition du Salon national de la communication qui se déroule au Palais des Expositions des Pins Maritimes. Elle a animé, hier, une conférence de presse sur le métier du journalisme. « La principale règle d'or dans ce métier est la vérification de l'information », souligne-t-elle. Le journaliste a, selon elle, « un poids dans la société et peut influer sur l'opinion d'où la nécessité de vérifier l'information, et ce, en multipliant les sources ». La certitude dans la véracité de l'information est capitale, a-t-elle affirmé, soulignant qu'une information erronée engendre des conséquences graves et peut même provoquer des incidents diplomatiques. Prenant comme exemple la guerre du Golfe, la conférencière a affirmé qu'une erreur d'une journaliste a été une des causes de l'offensive de l'armée américaine en Irak. « Une journaliste du New York Times, très connue en Amérique, a eu une information exclusive selon laquelle le président irakien Sadam Hussein aurait en sa possession des armes de destruction massive », a-t-elle relaté indiquant qu'elle a réalisé un reportage dans ce sens. « A ce moment, le reportage a eu un grand, succès, mais avec avec le temps, en accompagnant par la suite les troupes américaines en Irak et après investigation, elle a constaté que son information était erronée. Son information était basée sur une seule source », a-t-elle fait remarquer. Elle estime que « le New York Times était dans ce cas complice dans l'invasion de l'Irak par l'armée américaine ». Evoquant l'avènement de l'Internet et la prolifération des réseaux sociaux, la vérification de l'information devient de plus en plus difficile. « Tout le monde est devenu aujourd'hui journaliste. Tout le monde diffuse des informations. C'est tellement rapide qu'il est difficile de vérifier la véracité de l'information et c'est cela le grand danger », a-t-elle alerté. Un livre sur l'Algérie L'autre règle d'or du journalisme : saisir la chance quand elle se présente, a-t-elle dit, tout en relatant son passage en Algérie durant la guerre de libération dans les années 50. Marvine Howe avait alors réalisé des reportages à Alger et à Batna. Elle se souvient de sa rencontre avec la famille de Benboulaid lors de son passage dans les Aurès et des blocages des autorités coloniales dans la pratique de son métier. « J'étais chargée par le New York Times de faire des reportages de couleur, c'est-à-dire avoir des attitudes, des sentiments, des vécus en Algérie », a-t-elle affirmé. Marvine Howe entend publier un livre sur l'Algérie. « Je sens cette obligation de réaliser ce livre dans lequel j'évoquerai l'Algérie contemporaine », a-t-elle expliqué. « Je voudrais savoir ce qui s'est passé et comment les femmes ont pu résister aux violences qu'elles ont connues. Il y a eu des évolutions. Il y a beaucoup de femmes journalistes et pas assez au parlement et au gouvernement », a t-elle fait observer. Elle a, enfin, rendu un vibrant hommage à Chafika Meslem, une amie algérienne, « que les jeunes gens devraient connaître. C'est une grande dame qui a lutté pour les droits de la femme ».