Depuis quelques mois déjà, le bruit courait sur les réseaux sociaux : l'interféromètre Ligo (Etats-Unis) aurait vu le signal caractéristique d'une onde gravitationnelle. Aujourd'hui, la rumeur se confirme, chiffres à l'appui : deux trous noirs, respectivement 29 et 36 fois la masse de notre Soleil, se sont rapprochés, entamant une sorte de danse en spirale avant de rentrer en collision, ce qui a provoqué des vagues à travers l'espace entier, ces fameuses ondes gravitationnelles dont l'existence avait été prédite par Einstein mais qui n'avaient jamais été encore directement détectée. C'est donc cet « objet » physique inédit que les chercheurs de LIGO sont en mesure de présenter au monde entier pour la première fois ! « L'effervescence est à son comble », reconnaît Eric Gourgoulhon, de l'Observatoire de Paris, qui travaille à la modélisation des mouvements de ces astres étonnants que sont les trous noirs. « Nous attendons impatiemment la publication le 11 février ». Mais la tension est si intense dans le monde des physiciens que quelques jours avant la publication de l'article de référence dans la revue britannique Nature, c'est la revue américaine Science qui en fait état. Ainsi, le monstre final ne rassemblerait que 62 fois la masse de notre étoile, ce qui suppose que l'équivalent de trois masses solaires est parti... non pas en fumée, « mais dans l'énergie des ondes gravitationnelles », précise-t-il. Puisqu'en effet, depuis Einstein, les physiciens savent que masse et énergie sont deux aspects de la même entité et que — dans certaines conditions — l'une peut se convertir en l'autre, selon la plus célèbre équation de la physique à savoir E=mc2, « c'étant la vitesse de la lumière, soit 300.000 km/s. Un résultat net et précis comme un cas d'école qui pourrait bien valoir un prix Nobel de physique dès octobre prochain, comme le suggère dans Science le physicien Clifford Burgess, théoricien de l'Institut Perimeter pour la physique théorique à Waterloo (Canada).