Promouvoir le marché national du livre est l'un des objectifs majeurs du Salon international de l'industrie du livre dont la première édition se tient, depuis hier, au Palais des expositions (Safex), au pavillon Behdja. Mais exporter également les services locaux d'impression, de presse et de pré-presse qui sont de haute qualité fait partie des objectifs, selon l'éditeur et secrétaire adjoint de l'Organisation nationale des éditeurs du livre (Onel), Manaf Saïhi. La manifestation organisée par l'Onel se tiendra jusqu'au 2 novembre. « Nos capacités de production sont nettement supérieures à nos besoins. Nous pouvons donc aisément éditer des ouvrages au niveau national au lieu de les importer », indique-t-il. Les ouvrages édités au niveau local sont, en outre, d'après l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), « sécurisés, contrôlés et à des prix compétitifs ». « Nous sommes partenaires dans cette manifestation. Nous voulons élargir la consommation pour toucher d'autres produits qui ne font pas l'objet d'une grande concentration, comme le livre. Il est important que nos consommateurs sachent qu'il faut consommer algérien en matière de livre, d'autant qu'il est globalement de bonne qualité », assure le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi. Cela ne signifie pas, souligne-t-il, que tous les ouvrages édités en Algérie sont de qualité. « Le consommateur doit savoir comment choisir un ouvrage. Il n'y a pas que le contenu qui entre en ligne de compte. A l'occasion de ce Salon, nous avons édité des dépliants sur comment choisir un ouvrage que nous comptons distribuer lors de cette manifestation, mais aussi au niveau des écoles, des librairies et des grandes surfaces », confie-t-il. En matière de prix, l'Apoce s'interroge sur quelle base ils sont fixés tout en signalant que les mêmes ouvrages sont parfois commercialisés à des tarifs différents. Saïhi explique, à ce propos, que ce sont les éditeurs qui fixent les prix en fonction du contenu et du coût de production.« Il y a trois types d'éditeurs : l'éditeur porteur d'un idéal, l'éditeur professionnel et l'éditeur commerçant. C'est ce dernier qui casse les prix, favorisant la quantité à la qualité. Le professionnel, lui, préfère éditer un nombre limité d'ouvrages mais de qualité. Quant au porteur d'idéal, le nombre de ses éditions est encore plus limité », fait-il savoir. Il ajoutera, toujours dans ce contexte, qu'en raison du déficit dans le lectorat algérien, les éditeurs fixent des prix les plus bas possibles. « Nos tarifs semblent peut-être chers au niveau national. Mais ce sont les prix les moins chers au niveau mondial. Les éditeurs professionnels produisent des ouvrages de qualité. Les ouvrages de basse qualité sont le fruit ‘d'intrus', qui n'ont rien à voir avec l'édition », affirme-t-il. Exporter les services d'impression locaux Via ce Salon, par ailleurs, l'Onel tente de se rapprocher des marchés voisins. D'après cette Organisation, les services impression et d'édition sont tout à fait exportables. « Nous sommes capables de produire des ouvrages aux normes européennes. Les Africains, au lieu d'utiliser les services d'impression européens, pourront solliciter les services algériens. L'autre but de ce Salon est d'exposer à ces marchés nos capacités de production », signale le SG de l'Onel, précisant, toutefois, que la matière première dans l'industrie du livre est à 100% importée, l'industrie du papier en Algérie étant inexistante. Ce qui est une bonne chose, selon lui, vu les conséquences néfastes de cette industrie sur l'environnement. « Notre réglementation n'est pas assez dissuasive contre les industriels polluants. Or, l'industrie du papier se compte parmi les plus polluantes. D'ailleurs, nous devons réfléchir sérieusement au recyclage et à la récupération des déchets de papier. Il est important de traiter les produits toxiques que cela dégage. C'est l'une des idées que nous allons défendre lors de ce Salon », dit-il. Toujours concernant le papier, les représentants de la Société d'impression de l'Est (SIE) signalent que la qualité du papier importé dépend de la demande du marché. « Certains éditeurs se soucient plus de prix que de la qualité. Ils utilisent donc une matière première de basse qualité pour vendre leur produit à 50 DA par exemple l'ouvrage au lieu de 100. L'importateur répond aussi à ce genre de besoin. Ce sont les imprimeries privées qui éditent des ouvrages de basse qualité. Les imprimeries publiques sont alimentées par des importateurs publics qui ne ramènent qu'une matière première de qualité », remarquent-ils. Zebdi déplore, à ce sujet, que la taxe douanière sur le papier importé est à 100%, alors qu'il n'en existe aucune pour les ouvrages importés. « Cela ouvre le champ à la concurrence déloyale », estime-t-il.