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Dans les méandres de l'archivage filmique
Cinéma national état des lieux - Au 7e étage de la Bibliothèque nationale du Hamma
Publié dans Horizons le 04 - 12 - 2016

Un badge d'entrée est exigé pour parvenir aux larges locaux réservés à la filmographie algérienne et étrangère. Naima, employée de cette institution, y a passé deux années pleines, où elle a fait son apprentissage du traitement de la bobine filmique, de son rangement, de ses références, mais aussi et surtout, sa préservation, sa conservation, voire même sa restauration. Un entretien quasi permanent sur lequel l'expérience chevronnée de Fodil veille sans ménagement.
Cet ancien employé de la Cinémathèque d'Alger, cumule une expérience de près d'une quarantaine d'années, acquise après une formation sur le tas, des plus attractives et des plus enrichissantes dans le domaine de la vérification. D'où son métier, qu'il exerce depuis 1978, de vérificateur. Il connaît le contenu de ce 7e étage par cœur. Il en parle avec émotion, jalousie et dévouement. A cet amour voué à sa profession, il ne manque pas de relever de nombreux manquements à cette conservation des archives filmiques. Une longue histoire qui n'a pas que ses côtés reluisants. Avec Naima et Fodil, emprunter les longs couloirs séparés par les meubles qui renferment ces bobines, le parcours des archives se déroule comme un film.
Au sortir de l'ascenseur, les portes des archives sont grandes ouvertes. En cette journée pluvieuse et quelque peu froide, de ce mardi 15 novembre, la grande salle n'en est pas moins refroidie par la climatisation. Une des conditions sine qua non, pour garder les films à l'abri d'une détérioration. Mais à mesure que le pas s'engage dans le grand corridor, la climatisation s'amenuise pour ne plus être. Au fait, le reste de l'étage n'en est pas pourvu. Pourtant les appareils sont bien là, dans une antichambre. En panne, les machines n'ont pas été réparées. Il y a des courroies jetées à même le sol. Les services sollicités n'auraient pas trouvé les bons câbles pour les placer, selon notre interlocuteur, qui, affligé, nous montre que certains endroits de cet étage demeurent sans éclairage.
Conditions de conservation déplorables
Plus loin, le bureau affecté aux deux préposés des archives, Fodil et son collègue, qui rejoint le Debussy, du nom de la rue, actuellement, Mustapha-El-Ouali, sur les hauteurs de Didouche-Mourad. De là où les archives de la Cinémathèque ont été délogées en 2008, sur instruction de la ministre de la Culture de l'époque, Khalida Toumi. Une décision qui a porté un grand coup à la sauvegarde de ce patrimoine national unique, déployé sur des années de cinéma algérien, au contenu singulier de films tous genres confondus, réalisés dans les années 1960, 1970, 1980 et plus récemment encore. Des titres, des réalisateurs et des comédiens connus et appréciés du public algérien et qui, par expérience, aujourd'hui encore, demandent à les visionner, et le prouvent par une présence nombreuse à ces projections, lors de manifestations diverses et aux quatre coins du pays, organisées par la Cinémathèque à travers l'animation de ses salles à travers le pays.
Fodil raconte, comme si cela datait d'hier, ce déménagement impromptu des locaux de Debussy, là où toutes les conditions sont réunies, pourtant, pour prendre soin de ces bobines. Ces dernières ont été embarquées pêle-mêle, sans aucune précaution, pour les acheminer en tas à la Bibliothèque nationale. Elles seront entassées sur les étagères de la même manière. Ceux qui ont été sollicités pour cet aménagement sont loin d'être de la maison, des gardiens des services de sécurité de la BN. Le témoignage de Fodil est affligeant : les films ont été mis dans de nouvelles bobines en plastique, sous prétexte que celles en métal sont rouillées. Et quand le contenu dépassait la circonférence de ce nouvel attirail, on n'hésitait pas à couper les amorces. Ce qu'il ne fallait pas faire, parce que là, tout repère du début, du centre et de la fin d'un film est perdu. De plus, cette matière est facilement inflammable. Il suffit d'un incendie pour que tout disparaisse. Fodil ne comprend pas comment ces archives jusque-là bien mises en boîte dans du métal, condition universelle de conservation, ne fassent plus l'affaire. De plus, les locaux de Debussy ont été, sont et resteront les plus adéquats qui soient. Leur entretien qui exige une bonne climatisation, une aération fréquente, un visionnage aussi régulier, a toujours été la préoccupation majeure des employés en charge de leur archivage. Fodil rapporte que dans chaque salle, il y a un climatiseur, des appareils de la défunte Sonelec qui fonctionnent toujours. Il n'avait pas cette détérioration qui s'est amplifiée depuis maintenant 8 ans.
Sauver ce qui reste du patrimoine cinématographique
En effet, le visiteur n'atteint pas encore le milieu de ce 7e étage qui abrite l'archive de la Cinémathèque qu'une forte odeur de vinaigre prend à la gorge. C'est la résultante de ce que dégagent les bobines détériorées ou en voie de l'être. L'odeur est insoutenable. Le produit emplit l'air, et reste prisonnier des locaux aux fenêtres closes, ainsi conçues à la construction de la BN. Encore une anomalie que les locaux Debussy n'ont pas. Par endroit, l'apparition de champignons est visible. Des boîtes en plastique, de couleur bleue et rouge, sont déjà rangées. D'autres, vides, sont entassées de part et d'autre des étagères, celles en métal sont moins nombreuses. Des numéros sont inscrits sur les côtés des meubles de rangement. Ce sont les références qui renvoient aux films qui y sont enfermés mais mal. Il y a par endroits des valises, elles sont dédiées aux classiques du cinéma, notamment le burlesque.
Fodil a non seulement l'œil, mais aussi le flair. De mémoire, il en visualise le contenu. Naima au micro, défile sous nos yeux les titres de films cultes algériens, ils sont près de 200 copies entre anciennes et plus récentes productions, y compris les coproductions. Tout un monde, toute une génération, un référent absolu du patrimoine cinématographique algérien. Il y a eu même des récupérations faites des caves de la wilaya d'Alger qui en contient encore, sauvées des infiltrations d'eau, du patrimoine de l'ONCI (Office national de la culture et de l'information). D'autres attendent de l'être si cela est encore possible.
Mais il n'y a pas que les points noirs à cet archivage. Puisque grâce à la vigilance de ceux qui ont et avaient en charge la sauvegarde de ces films, courts, moyens et longs métrages, documentaires, il en a été sauvé pas mal, et ce sont de bonnes copies qui subsistent, pourvu qu'il y ait intervention pour les maintenir en l'état avant qu'elles ne subissent les effets de la « vinaigration », si l'on peut appeler ainsi ces effets néfastes que le produit dégage. Des bandes qui pourraient échapper au pire, parce qu'une heure de présence dans les locaux de l'archivage, monte à la tête et incommode suffisamment pour en traîner les effets toute une journée, sans exagération. Néfastes sans aucun doute à la santé de l'individu.
Une autre découverte, et pas des moindres de cette salle d'archivage, le bureau qui renferme les tables de vérification. Il y en a deux, une électrique, plus moderne, et l'autre, manuelle, la préférée de Fodil. Car, le vérificateur sent l'objet de son travail. Même si les conditions ne sont pas réunies. Des gants par exemple. Tout l'attirail est disposé sur sa table. C'est là que les bandes subissent un toilettage, une attention particulière pour une mise à jour de l'état du film. Tahya ya Didou, de Mohamed Zinet, a été bien conservé. Sa restauration bat son plein en Italie. Fodil est pour visionner régulièrement ces anciens films algériens, pour les maintenir en vie et leur offrir une aération. Tout comme Semiane, directeur du Centre cinématographique national, la réalité est là, le public algérien est demandeur. Des films qui ont fait salle comble.
Le mieux ne serait-il pas de sauver ce qui reste ? Regarder de plus près aux conditions de conservation et d'archivage d'un terroir cinématographique qui a ce privilège de conter l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui.


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