Sidi Messaoud recommandait aussi la nniya, la bonne intention, qui procède, elle aussi, de la foi. «Tout ce que vous faites, faites-le par nniya. C'est toujours le premier mouvement, celui qui vient du cœur, qui compte». Et il rappelait ce hadith du Prophète : «Les actions ne seront rétribuées que d'après les intentions. Nul ne recevra qu'en fonction des buts qu'il s'est fixés. Celui qui se sera exilé pour dieu et son Prophète, son exil lui sera compté pour dieu et son Prophète, celui qui se sera exilé pour obtenir un bien de ce monde ou pour épouser une femme, son exil lui sera compté pour ce qu'il a convoité.» Un jour, Sidi Messaoud passe devant l'étal d'un boulanger qui vient de poser des miches de pain toutes chaudes et dorées. Il a faim et les miches semblent l'appeler. Alors, il en prend une et s'en va, sans payer. Le marchand, qui l'a vu s'approcher de l'étal et qui le surveillait, sort aussitôt de sa boutique. Il le poursuit, le rattrape et le traîne par le collet, jusque sur la place. «Ah, misérable, dit-il, voilà un moment que je te surveille, je savais que tu allais me voler, et voilà que je te prends en flagrant délit ! Je vais te faire bastonner publiquement par le cadi ! Tout le monde verra comment on traite les voleurs». Aussitôt un attroupement se crée.