Bent al-Khass avait un fils auquel elle donnait des conseils. Un jour, ce fils, dont la tradition n'a pas gardé le nom, s'apprêtait à voyager. «As-tu mangé ? lui demande-t-elle. — Non, dit-il, j'ai des amis qui m'inviteront ! — Non, mon fils, déjeune avant de partir, si on ne t'invite pas, tu ne défailliras pas et si on te poursuit, on ne t'atteindra pas ! (eft'ar, ya weldi, illa ma ‘ârduk ma teskhef, wala t'arduk, ma yeqebdhouk)». Bent al-Khass possédait de l'argent et son fils, qui n'en avait pas, venait lui en demander. Mais elle n'accédait à sa demande que s'il lui expliquait ce qu'il allait en faire. Un jour, il vient lui dire : «Mère, je veux acheter des chevaux ! — et comment les veux-tu, tes chevaux ? — Je veux des chevaux d'un type particulier !» La mère hoche la tête : «Tu sais que les chevaux particuliers coûtent cher ! — qu'importe, j'ai l'argent ! — dis-moi quel type de chevaux tu veux ! — je veux des chevaux à la croupe rebondie avec des yeux qui ne voient pas et des oreilles qui n'entendent pas (quand ils filent). Je les veux rapides comme le vent !» La mère soupire : «tu n'en trouveras pas au marché, dit la mère. Les juments des pauvres n'en produisent pas, les juments des riches en produisent mais les riches ne les vendent pas !»