Tournée - Afin de faire l'état des lieux, nous avons accompagné une équipe d'inspecteurs des services du contrôle d'hygiène de la direction du commerce de la wilaya d'Alger. Nous avons commencé notre tournée dans le quartier de Bab Ezzouar. Il est presque 11h, nous nous présentons avec cette équipe au niveau d'un restaurant avec une magnifique façade. A première vue, il est propre. «C'est normal, ils n'ont pas encore commencé. Ils sont en train de nettoyer et de préparer» nous dit Samira du service contrôle d'hygiène. Nous sommes accueillis par le gérant. «Service du contrôle de l'hygiène» lui lance Mourad, tout en lui exhibant sa carte. Tandis que ce dernier contrôle les papiers (registre du commerce, certificats médicaux des employés etc.), nous accompagnons Samira qui se dirige directement à la cuisine. Deux jeunes en tenue sont en train de préparer des frites. La cuisine est plus ou moins propre, sauf que le parterre est un peu sale. Quelques instants après, Mourad nous rejoint dans la cuisine. «Pourquoi vous ne mettez pas le couvercle de la poubelle, vous préparez la nourriture comme ça, la poubelle ouverte ?» demande Mourad au gérant, avant de vérifier l'huile utilisée pour préparer les frites.» «On vient tout juste de l'utiliser» dit l'un des jeunes. «Oui, je l'avais remarqué, et j'espère que vous la changez» lui répond Mourad. Dans l'ensemble, la cuisine est propre, avons-nous constaté. Etape suivante, vérification des produits dans le frigo. Là on trouve deux boîtes de mayonnaise et de harissa qui datent de plusieurs jours. «Jetez-moi tout ça» lance Mourad à l'un des jeunes. Celui-ci prend les deux boîtes et les balance dans la poubelle. «Non, je veux vous voir verser tout le contenu dans la poubelle» insiste-t-il. On quitte ce petit restaurant et on se dirige vers un autre juste à côté. De l'extérieur, tout paraît propre et attrayant. Mais une fois à l'intérieur, c'est un autre décor. Il y a des jeunes avec des tenues crasseuses qui préparent les repas. Un parterre sale, des tables sur lesquelles on prépare les repas installées à côté des poubelles, une odeur insupportable se dégage de la cuisine. Sur place, Mourad demande à voir l'huile avec laquelle on prépare les frites. «Vous l'avez utilisée combien de fois ?» demande -t-il à un jeune. «Une seule fois, on vient tout juste de commencer» lui répond celui-ci. «Vous vous moquez de moi ? Vous l'avez utilisée au moins quatre ou cinq fois, jetez la dans le lavabo» lui intime Mourad. Nous quittons Bab Ezzouar, direction Belcourt où nous avons constaté l'état déplorable d'un petit restaurant situé dans une rue très fréquentée. Des jeunes portant des blouses noircies par la saleté, font le service. Une cuisine exiguë et sale, un parterre plein d'eau puante. L'eau utilisée pour laver les assiettes est également sale, on ne la change pas après chaque lavage. «Je vois que l'hygiène et la propreté sont vos derniers soucis» dit Samira, en s'adressant au gérant. L'huile avec laquelle on prépare les frites a changé de couleur, tellement elle a été utilisée. Le contrôleur demande au jeune de la jeter dans le lavabo. Celui-ci hésite, alors le contrôleur y verse de la Javel. «Généralement, quand on leur demande de jeter l'huile, ils hésitent et la mettent de côté pour l'utiliser dès qu'on sort» nous dit Mourad. Et d'ajouter : «On va faire une proposition de fermeture pour ce restaurant. Il ne respecte pas les moindres conditions d'hygiène».