Il y a dans le rapport qui vient d'être publié par l'Office national des statistiques quelque chose d'effarant : le commerce domine largement une économie nationale où la production de richesses est ramenée à une portion quasi insignifiante. Aujourd'hui il est nettement plus facile d'avoir un registre du commerce que de créer une entreprise soumise à d'énormes tracasseries administratives au point de décourager les plus téméraires des managers qui veulent se lancer dans la production de biens, de marchandises ou de services. Pourquoi donc cette configuration qui confine notre économie nationale à une dépendance accrue vis-à-vis de l'étranger ? Même les pouvoirs publics semblent s'accommoder d'une telle situation «faiseuse de paix sociale» dans la mesure où la jeunesse est occupée à commercer l'informel et la marchandise chinoise et turque. Mieux encore, la fameuse opération «100 locaux par commune» signifie donc qu'en dehors du commerce, point de salut ! Cette configuration économique qui fait la part belle au commerce, suppose une clientèle mue par la fameuse loi de l'offre et de la demande. Or précisément tant que le taux de croissance est soutenu par les recettes des hydrocarbures, l'équilibre entre offre et demande est effectivement établi. Parce que l'Etat a consenti de substantielles augmentations salariales qui ont réellement boosté le marché national. Mais cet apparent équilibre n'est qu'illusion et il faut s'attendre à une grave crise au moindre effondrement du prix du pétrole et même à celui du dinar comme c'est la cas présentement. Ce qui va générer une inflation beaucoup plus importante que l'actuelle «flambée des prix» conjoncturelle. Là il faudra s'attendre à un effondrement des bases fragiles de l'économie nationale. Et quand les clients ne pourront plus rien acheter et les commerçants plus rien à vendre, alors on commencera peut-être à songer à produire notre propre consommation. Mais ne sera-t-il pas trop tard ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.