Récit - En mai 1989, Dalila, professeur de mathématiques dans un grand lycée de la capitale avait vingt-neuf ans, dont six ans passés avec Rachid, qui, lui, avait 38 ans et un bureau de comptabilité. Dalila était sur le point d'accoucher pour la quatrième fois. A quelques jours de sa délivrance, le gynécologue qui la suivait, lui tint des propos inquiétants : — Madame, il faut que je vous dise... Votre grossesse est un peu compliquée... Elle s'affola : — Oh ! Vous voulez dire que mon bébé risque de mourir ? — Non... — Il aura une déformation ? Il n'aura pas de bouche ou pas de doigts... Oh ! Mon Dieu ! — S'il vous plaît, madame, ne vous alarmez pas. Et surtout, ne répondez pas aux questions que vous voulez me poser. — Alors, ne me torturez pas avec votre silence. Répondez à mes préoccupations. — C'est ce que je vais faire, madame, mais ne me mettez pas la pression. Gardez votre calme. Il n'y a vraiment pas de quoi s'alarmer. — Très bien, docteur, je suis calme. Je vous écoute. — Très bien, madame. En fait, il y a deux problèmes. Il y a d'abord le fait que votre bébé soit gros par rapport à la norme. Ensuite, il se présente très mal pour «l'atterrissage». C'est inquiétant, mais il n'y a vraiment pas lieu de s'affoler. Nous, les médecins, sommes obligés de dire aux patients la vérité surtout lorsque nous devons prendre ensemble un certain nombre de mesures. Mais, je vous rassure, parce que dans 99% des cas similaires au vôtre, il y a plus de peur que de mal. Au dernier moment, grâce à Dame Nature, qui se montre souvent d'une incroyable ingéniosité, il se produit un phénomène extraordinaire : le bébé qui se présentait mal pendant des mois, change de position au dernier moment et se place dans de très bonnes conditions d'arrivée en douceur. — Et alors qu'est-ce qui vous inquiète ? Et pourquoi me faites-vous peur ? — Je ne suis pas en train de vous faire peur. J'ai du mal à m'exprimer. Je voulais juste vous demander de ne pas stresser. Le stress n'est pas bon pour les femmes enceintes. Votre bébé va arriver dans quelques jours alors pour son bien, vous devez être détendue. — C'est tout ? — C'est tout. Dalila était convaincue que le médecin voulait lui dire quelque chose de très important et de très grave, mais quand il avait vu l'inquiétude qui s'était emparée d'elle, il s'est ravisé et a préféré ne pas l'affoler davantage. Que lui cachait-il ? Avait-elle une maladie grave et incurable qu'il ne voulait lui révéler qu'une fois le bébé venu au monde ? (A suivre...)