Mesures - La relance du Haut Conseil de la mer et l'implantation d'un système d'alerte s'avèrent indispensables afin de coordonner l'échange de données et la surveillance de la mer. Unanimes , les représentants des forces navales , les chercheurs en sismologie et tsunami ainsi que les participants représentant plusieurs secteurs liés à la question, préconisent la relance du Haut Conseil de la mer qui existe depuis quelques années en Algérie par décret exécutif. Un riche débat en majeure partie en langue anglaise, a eu lieu hier avant la clôture de la rencontre internationale de deux jours sur les séismes et les risques de tsunami sur les deux rives de la Méditerranée, tenu à l'unité de développement des équipements solaires de Bou Ismaïl (Tipasa). Une rencontre organisée par la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique en collaboration avec le Réseau algérien des sciences de la mer (Rasmer). Désigner les acteurs et les responsabiliser avec l'éducation des citoyens aux risques s'ajoutent aux recommandations de cette rencontre internationale en sachant qu'une forte densité se trouve au niveau des côtes et même des sites industriels qui coûtent excessivement cher à l'image des stations de dessalement d'eau de mer. Les spécialistes ont également parlé de la loi sur la prévention des risques qui date de 2004 et de la mise à jour de la loi du 2 février 2002 outre le manque d'études d'impact et la nécessité de l'implication massive des scientifiques. Les participants appellent également au lancement de cours éducatifs au niveau des écoles sur les tsunamis à l'instar de ce qui se fait sur la géologie et les séismes. «Il faudra enseigner la relation entre séisme et tsunami, c'est ce qu'on doit retenir. La formation et la sensibilisation sur les risques de tsunami et l'éducation sont indispensables» estiment-ils. Bien que les sismologues du Craag soient excellents mais, selon certains participants, il reste du travail à faire. Mustapha Maghraoui chercheur en sciences sismologiques à l'université de Strasbourg, a estimé dans une déclaration à la presse en marge de la clôture de la rencontre, que les systèmes d'alerte des tsunamis devraient être disponibles chez nous au niveau des 1 200 km de nos côtes. Il a annoncé que la direction de la recherche scientifique est prête à mettre le paquet. «On voudrait que notre pays arrive à ce système d'alerte à moyen terme». Les scientifiques expliquent Le spécialiste en sismologie, Dr Maghraoui, explique certains faits afin de rassurer les citoyens tout en les sensibilisant : «Si on se compare avec Sumatra, par exemple, et d'autres pays, et même des pays de la rive Est de la Méditerranée, le risque est faible, mais le citoyen doit être sensibilisé pour alléger ou éviter les dégâts.» Et d'ajouter : «Toutes les études faites à ce jour montrent que le plus fort séisme enregistré en Algérie a atteint la magnitude de 7,3 à Chlef (ex-El Asnam). Pour ce qui est du «Tsunami», Jijel est la seule région qui l'ait enregistré, «d'où le travail académique et scientifique qui s'impose pour chercher ce à quoi on doit s'attendre sur nos côtes». Le chercheur poursuit encore : «Pour avoir un 7,3, il faut avoir une rupture (faille) d'au moins 40 ou 50 km de long. Si on cherche la source, on s'aperçoit que même en mer, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas trouvé une faille qui fait plus de 50 ou 100 km. Le séisme de Jijel de 1856 peut être équivalent à celui de Chlef, car il a occasionné beaucoup de dégâts, sachant qu'Alger avait aussi connu un séisme très violent en 1365. Pr Rabah Belkassa, de l'Ecole nationale des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral pour sa part, a déclaré à Infosoir que le choix de l'Algérie pour abriter cette rencontre est venu suite à l'enregistrement d'un séisme suivi d'un tsunami. «C'est la première fois que l'Algérie, qui se trouve sur le bassin occidental, pourtant haut, enregistre un séisme très fort provoquant un tsunami. Le séisme de 6,8 de Boumerdès a induit des catastrophes en Europe. Les Européens ont travaillé dessus car nos vagues se sont dirigées vers eux. Ils nous ont ramené leur expérience. Et là des calculs seront entrepris sur les autres magnitudes et ce qu'elles peuvent provoquer comme catastrophes. Ces études permettront de délimiter les zones inondables en cas de Tsunami», a-t-il souligné.