Résumé de la 129e partie ■ En tentant de fuir, Chantal et Tulio sont interceptés par une horde de lépreux qui les entraînent en direction de leur village... Il n'était pas possible, se disait Chantal, que ces malades osassent s'en prendre à une Marie-Ange incarnant pour n'importe qui l'image même de la douceur ! Il n'était pas pensable que ces forcenés missent le feu à l'hôpital - où se trouvaient tous les remèdes et les instruments capables de soulager leurs maux risquant d'annihiler en quelques instants de folie collective, de patients efforts et les sacrifices de vies entières ! Ses gardiens lui firent traverser le village pendant que de chaque maison, de chaque véranda partaient dans sa direction des cris de mort : — Arahi ! Arahi ! Les bras sans mains se tendaient menaçants vers la prisonnière qui fut enfermée dans une hutte basse, à pièce unique, où la chaleur était étouffante. Le plancher était constitué de terre. rouge, il ne s'y trouvait aucun siège. Le seul élément de confort était une natte oubliée dans un coin. Chantal s'y laissa tomber, plutôt qu'elle ne s'assit réellement. La fièvre de la piqûre, qui était loin d'avoir diminué, ne lui laissait même plus la force de poser une seule question à son compagnon d'infortune. Le ténor italien avait tenu sa promesse en réussissant à se faire enfermer avec elle. Pour obtenir ce résultat, il n'avait pas hésité à s'attaquer de nouveau à l'escorte au moment où il comprit qu'on allait emprisonner la jeune femme. Finalement, les lépreux en avaient eu assez de ce petit homme bavard, ventripotent, insolent, court sur jambes, et ils l'avaient incarcéré. Au moins en prison, pensaient-ils, il se tiendrait tranquille... Tulio Morro s'assit sur la natte, à côté de Chantal. — Heureusement que z'ai apporté mon sac de provisions ! Ça risque de durer longtemps et ces bandits seraient bien capables de nous laisser mourir de faim. Chut, signora ! Il appliqua son oreille contre la paroi en chaume et traduisit pour elle des phrases qu'il entendait en fidjien : — Ils disent qu'ils vont se servir de vous comme otage et qu'ils ne vous libéreront que si le Dr Watson leur livre le Dr Fred... Le ténor écoutait toujours, mais ne traduisait plus rien. — Pourquoi restez-vous silencieux ? demanda Chantal Ce qu'ils disent en ce moment n'offre aucun intérêt, bella signora. — C'est faux, Tulio !... Vous me cachez quelque chose. Au point où j'en suis, j'ai le droit de tout savoir ! Je vous en supplie, Tulio, traduisez-moi leurs dernières phrases. — Puisque vous insistez, signora, zé lé dirai... Et pouis zé sais que vous êtes oune femme courageuse... Ils ont ajouté que si le Dr Watson ne leur donnait pas satisfaction d'ici deux heures, ils mettraient le feu à l'hôpital pour obliger les blancs à en sortir et vous jugeraient... (A suivre...)