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Histoires vraies
Le sergent général (1re partie)
Publié dans Info Soir le 26 - 08 - 2004

«Quel idiot !» dit tout haut le jeune général Moore. Le général ne paie pas de mine. Il vient d'arracher lui-même, soigneusement sur la veste qu'il porte à son bras, les insignes de son grade. Maintenant il ressemble à tout, sauf à un général : vingt-sept ans, le pantalon déchiré, les chaussures éculées, la chemisé sale... Toutes ses affaires sont dans un sac en peau de chèvre mangée par les mites.
«Quel idiot !» murmure-t-il encore en se faisant tout petit dans la foule colorée qui l'entoure : échantillon des castes et des religions que l'on peut trouver aux Indes en 1948. Si le général Moore essaie de se faire tout petit, c'est d'abord parce qu'il est très grand, et aussi parce qu'il a des cheveux blonds coupés court et des yeux très bleus. C'est surtout parce que là-bas, debout sur une jeep, un homme le cherche.
«L'idiot», c'est cet homme debout dans la jeep : une figure large, des pommettes hautaines, une tignasse noire sous son turban. Il promène sur la foule un regard aigu entre des paupières bridées. Il s'appelle Mohamed Ibrahim Khan. Officier de l'armée du gouvernement provisoire d'Azad dans le Cachemire, il était la veille encore sous les ordres du général Moore. Aujourd'hui, s'il le recherche, c'est pour l'arrêter et le faire exécuter.
Hier encore, Mohamed Ibrahim Khan et le général étaient frères de combat et amis. Même à cet instant, tandis qu'il tente de se dissimuler derrière une cascade de gamelles en fer blanc suspendues à la devanture d?une échoppe, le général a envie de lui crier :
? Mais ne fais pas l'andouille, vieux frère ! Je ne te veux aucun mal, je t'aime bien ! C'est un quiproquo ! Laisse-moi filer, c'est tout ce que je te demande...»
Le regard de Mohamed Ibrahim Khan parcourt la foule, passe, repasse et s'arrête sur la grappe de casseroles qui miroitent au soleil. Il lance un ordre, aussitôt couvert par un tintamarre. Le général a bondi pour s'enfuir bousculant les casseroles.
La foule indienne le protège quelques instants par sa passivité. Il réussit à sortir de la place et se force à marcher normalement, tout en cherchant autour de lui. Là-bas, une porte. Elle est peut-être fermée...S'il tente de l'ouvrir, il va attirer l'attention. Plus loin, une fontaine couverte. Il pourrait y entrer comme s'il voulait boire... Mais ses poursuivants risquent de s'y précipiter. Finalement, il se faufile dans une boutique où s'accumulent des monceaux de tapis et dont le vendeur lui tourne le dos.
Allongé le long du mur, derrière une pile de tapis, le nez dans la laine poussiéreuse, il entend des pas précipités sur la place, des interpellations. Le marchand de tapis répond, d'un air étonné, que personne n'est entré dans sa boutique.
Les secondes passent. Le général se hasarde à lever un peu la tête. Il ne voit que des tapis... Dehors, sur la petite place, tous les passants regardent dans la direction de la fontaine. Sans doute le cherche-t-on là-bas. Le marchand de tapis a dû aller rejoindre les curieux. Le général se lève, ramasse son sac au passage et se glisse vers une porte au fond de la boutique.
Elle s'ouvre sur une cour à l'odeur de crottin. Dans l'ombre d'un appentis, il distingue le museau blanc et les yeux en amande d'un âne. L'animal balance des oreilles étonnées quand le général entre pour se dissimuler dans le tas de paille qui est au fond. Une fois là, Moore pense que sa situation est sans issue. Jamais il ne pourra sortir de cette ville. Il la connaît bien. C'est lui qui l'a conquise sur les Indiens à la tête d'un commando de l'Azad, il n'y a pas deux mois. Mohamed Ibrahim Khan a sûrement disposé ses troupes tout autour. Il est vrai que ce sont des troupes nouvellement ralliées. Aucun soldat ne connaît le général, aucun habitant de la ville non plus. Qu'il soit blond aux yeux bleus n'est pas si grave. Dans cette ville de vingt mille habitants, il y a un bon millier de Russes et d'Anglais qui se regardent en chiens de faïence. En cherchant bien, on trouverait même quelques Américains. En fait, la seule personne qui puisse l'identifier, malgré les faux papiers qu'il s'est fabriqués, c'est Mohamed Ibrahim Khan lui-même.
(A suivre...)


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