Résumé de la 48e partie ■ Au moment où Mei-ling allait partir l'étranger s'éveilla. Il la regarda et lui demanda s'il était mort... Il y a deux hommes en lui, Sheo-jay. L'un d'eux t'aimera, et l'autre te trahira. Dans ce cas j'aimerai celui qui m'aimera, songea Mei-ling. Et j'ignorerai celui qui me trahira. Chaque jour elle se rendait en secret dans la petite chambre qui se trouvait au-dessus de l'échoppe de Mme Wah, apportant avec elle des remèdes qu'elle avait préparés de ses mains : de la bière de fenouil pour équilibrer le ki et chasser le froid, du riz aux truffes pour résorber l'excès de yang, de la soupe de carpe pour enrichir le sang. Elle nettoyait les plaies du malade, lui appliquait des onguents et changeait ses bandages. Elle apposait des compresses calmantes sur sa peau tuméfiée pour réduire l'afflux d'humeurs. Elle l'obligeait à boire des toniques et de l'eau-de-vie à base de ginseng, d'igname et de réglisse, que Mei-ling avait cueillis elle-même dans le jardin paternel. Elle lui faisait sa toilette au lit, en ayant soin de le recouvrir d'un drap pudique, puis elle l'aidait à s'asseoir pour le faire manger en le soutenant par les épaules quand il était trop faible. Elle faisait brûler de l'encens devant l'autel de la déesse Kwan Yin et disait des prières destinées à purifier l'air. Chaque jour, elle demandait son nom à l'étranger. Et chaque jour, il lui répondait qu'il ne le savait pas. Elle l'interrogea au sujet de la bague qu'il portait à la main droite. Une grosse chevalière en or, sur laquelle étaient gravées deux lettres entrelacées. — RB, murmura-t-il en fronçant les sourcils. Je ne sais pas ce que cela signifie. La vieille servante, qui les observait, tremblait de peur, car sa jeune maîtresse accomplissait des gestes interdits : toucher un homme nu, un homme qui n'était pas un parent, et qui n'était même pas chinois ! Si la chose venait à se savoir, sa famille la mettrait à mort, et la vieille servante avec elle. Malheureusement, il n'y a avait rien qu'elle pût faire pour empêcher cette calamité. Sa jeune maîtresse était victime d'un mauvais sort. Avant d'envoyer les vêtements de l'étranger au blanchissage, Mei-ling en inspecta soigneusement les poches. Elle n'y trouva aucun papier d'identité, en revanche elles contenaient une quantité considérable de dollars américains et de livres sterling. — J'ignore d'où vient cet argent, dit-il. Et quand Mei-ling lui demanda si elle devait alerter les autorités américaines, il s'écria : — Et si j'étais un criminel ? Si bien qu'elles décidèrent de ne rien faire et d'attendre qu'il recouvre la mémoire. Et puis, un beau matin, Mei-ling et la vieille servante le trouvèrent assis dans son lit, souriant, et l'air plus vigoureux. Tandis que la vieille servante s'asseyait dans coin de la pièce pour prier ses ancêtres, Mei-ling ouvrit les volets en grand pour laisser entrer les rayons bienfaisants du soleil, puis aida l'étranger à se laver et à se raser, après quoi elle prépara son petit déjeuner et le lui servit sur un plateau. A suivre