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Les dessous d?Alger
Publié dans Info Soir le 13 - 08 - 2003

Contraste Au bas de l?escalier menant de l?hôtel Albert 1er au Palais du gouvernement, se trouve une trappe constamment ouverte. C?est par là que se glisse, chaque soir, Mohamed pour regagner son gîte.
Minuit. Dehors, quelques passants empruntent encore l?avenue Pasteur sans se douter qu?à quelques pas de là, commence un autre monde fait d?obscurité. Nous nous hasardons à l?intérieur du tunnel, éclairés d?une lampe de poche. Sous nos pieds, s?amoncelle un tas d?ordures, mais la hauteur est suffisante pour se tenir debout. L?air est irrespirable. Quelques pas encore et changement de décor. Le tunnel s?élargit, une fraîcheur gagne nos poumons.
J?échange quelques paroles avec mon accompagnateur, la vingtaine, filiforme. Je le désigne par la lettre Y. Voilà quelques années, il fréquentait encore ces lieux, mais il y a belle lurette qu?il n?y a plus remis les pieds.
Nous sommes seuls. «Tes copains dorment-ils ici ?», lui ai-je demandé. «Oui, mais ils ne sont pas encore rentrés.»
Déception. Notre virée est un flop. Puis surprise. Les lieux ne sont pas inoccupés. Nous n?entendons pas ses pas. Telle une ombre, Mohamed. surgit. Très élégant. Un jeune ordinaire ou presque. Chemise tout en couleurs, jean, chaussures convenables, visière sur la tête.
Attiré par nos voix, Mohamed. s?est extirpé de sa tanière et vient à notre rencontre. Il reconnaît tout de suite son vieux compagnon.
«Rak hna Lebdjaoui ?», lui lance-t-il, souriant, comme pour nouer contact.
Je profite de cette bonne humeur pour l?interroger : «Où dors-tu ?
? Je vais te montrer.
?Montre.
? Triq el-cousina.»
Heureux de nous faire visiter son chez-soi, il prend la tête de la procession, non sans avoir sorti auparavant une bougie de sa poche. A la lueur de la flamme, nous nous dirigeons vers sa «chambre». Le couloir qui y mène est d?un crépissage datant de l?époque coloniale lorsque le tunnel était aménagé pour évacuer les eaux de ruissellement. Une fraîcheur agréable s?y dégage. On avance avec confiance lorsque, soudain un avertissement fuse : «Il faut se serrer contre le mur à droite», car quelques bassins de décantation remplis d?eau rétrécissent la voie.
A présent, il faut faire attention où l?on met les pieds, car le labyrinthe est couvert d?eau par endroits. Des gouttes tombent même sur nos épaules. Nous voilà à l?entrée de Triq etheldj (le chemin de la neige, en référence à la fraîcheur qui y règne), mais elle ne mène pas à la chambre. F. explique que la ramification conduisant autrefois jusqu?à Bab-Djedid est bouchée.
Prenons plutôt Triq el-cousina (le chemin de la cuisine) au bout duquel, après quelques minutes, on vire à droite puis à gauche et nous y voilà. Des cartons étalés, une peau de mouton enroulée, placée contre le mur, un cageot, en guise de table de nuit, sur lequel sont posées des bougies à moitié consumées.
Pour le SDF, c?est là tout le mobilier de sa demeure surnommée «el-cousina». Ça lui suffit, d?autant plus que la bande des copains a déserté les lieux cet été pour ne les réinvestir qu?en hiver.
Ce n?est pas parce que notre hôte vit sous terre qu?il a coupé toute attache avec les humains d?en haut : une jaquette de la cassette de Cheb Kheldoun traîne à côté de son lit. Il paraît que le chanteur est une idole des Chnaoua. Sur le mur, est collé un paquet de Rym.
Cet unique ornement n?est pas bizarre. Tous les SDF sont fumeurs et peu d?entre eux se contentent de cigarettes.
Tout autour, des anciens matelas, des bidons de peinture, des bouteilles et des assiettes en plastique, quelques planches et beaucoup de sachets. Ces derniers ont servi au transport des marchandises volées et trahissent le pullulement de la vie qui y règne à certaines périodes de l?année. Le labyrinthe se transforme en effet en caverne d?Ali Baba où sont déposés momentanément des objets hétéroclites volés avant de les écouler sur les marchés de la Place des Martyrs, la rue de Chartres.
A la fin de la «visite» de la maison, des sachets de plus en nombreux sont foulés par nos pieds. Nous progressons encore vers le sud. Où sommes-nous ? «Juste au-dessous de l?hôtel El-Aurassi», répond le guide. Il y a un escalier donnant vers une sortie qui n?est, en fait, qu?une voie sans issue, étant donné que les grilles sont soudées.
Alors il faut continuer pour jeter un coup d??il sur un bassin qui fait la joie des enfants. Cette fois, notre progression est stoppée net : le boyau est tout bonnement inondé. Nous rebroussons chemin. Une heure est passée de quelques minutes. Nous y avons laissé la bête. Mais point de belle.


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