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Ainsi va la vie
La séductrice (1re partie)
K Yerbi Publié dans Info Soir le 16 - 05 - 2005

Récit Elle ne se le fait pas répéter deux fois. Elle monte dans la voiture de Malek qui démarre.
La pluie est tombée si brusquement que les étudiants, surpris par l?averse, se dispersent, en criant : les uns s?abritent sous des parapluies, d?autres cherchent, obstinément, un refuge.
Une frêle jeune fille demande timidement à Malek si elle peut s?abriter sous son parapluie. Il comprend au «monsieur» qu?elle prononce qu?il s?agit d?une étudiante? Peut-être même une de ses étudiantes.
? Mais bien sûr, mademoiselle ! dit-il en souriant.
? Cette pluie?, dit-elle, en rejetant ses longs cheveux en arrière.
? Vous êtes juste un peu mouillée, dit le jeune enseignant.
? Je croyais que j?allais être emportée?, dit-elle en soufflant.
? Calmez-vous, ce n?est qu?une averse, certes brusque, mais une averse, pas le déluge !
Ils arrivent au parking de l?université. Malek lève les yeux au ciel.
? Voilà, ça s?arrête, dit-il.
Il retire prudemment le parapluie comme s?il craignait que la pluie ne revienne, il le laisse ainsi un court instant et comme il n?y a plus une seule goutte, il le referme.
? C?est fini !
? Je suis quand même mouillée ! dit la jeune fille.
? Quelques gouttes seulement?
? Et si la pluie se remettait à tomber ? gémit-elle. Vous allez partir, et moi, je serai, cette fois-ci, emportée !
Il rit.
? Bon, vous ne me demandez pas dans quelle direction je vais ? Peut-être que c?est mon chemin et que je pourrai vous déposer !
? C?est vrai, dit-elle, vous feriez cela ?
? Dites toujours !
Elle lui donne sa destination. Il fait la moue. C?est la direction opposée à la sienne. Elle gémit de nouveau.
? Je serais perdue s?il se remettait à pleuvoir.
«Pourquoi ne prendrait-elle pas le transport des étudiants ?», se demande Malek. Mais aujourd?hui, il est plein de bonnes dispositions, il veut rendre service !
? Bon, dit-il, ça me fera faire un détour mais cela ne fait rien, je vous déposerai !
? C?est vrai ? s?exclame la jeune fille.
? Montez-vite avant que je ne change d?avis !
Elle ne se le fait pas répéter deux fois. Elle monte dans la voiture de Malek, qui démarre.
? Etudiante ? demande-t-il.
? Quoi, fait-elle en prenant un air scandalisé, je suis votre étudiante ! Ne me dites pas que vous ne m?avez pas reconnue !
? Vous êtes trois cents en cours, dit-il, et ce sont les premiers cours de l?année? Comment voulez-vous que je vous reconnaisse ?
? Moi, dit-elle, je ne peux oublier votre visage !
Et elle éclate de rire. (à suivre...)

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