Explication n La responsabilité du ministère de la Culture n'est que partielle. Ce n'est pas en janvier 2007 que les Algériens ont cessé de fréquenter les espaces culturels… Saviez-vous que les représentations programmées dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» étaient gratuites ? Rares sont les citoyens que nous avons contactés à avoir répondu par l'affirmative à cette question. Pourtant, l'entrée était libre pour la majorité des activités programmées tout au long de l'année. «Je peux le certifier, de toutes les bandes-annonces diffusées par la télévision ou les encarts publicitaires publiés dans la presse, aucun n'a fait allusion à la gratuité des spectacles», affirme, sûre d'elle, Mme S., la quarantaine et très portée sur tout ce qui a trait à la culture. Comme les autres, elle ne pouvait donc savoir que l'accès était souvent gratuit aux salles de cinéma et de théâtre, d'autant que le bouche à oreille entre voisines ne fonctionne pas dans ce cas de figure, comme pour les bonnes marques de lessive. Le contraire, assure-t-elle, l'aurait incitée à profiter pleinement des activités programmées et elle ne se serait certainement pas contentée des deux représentations théâtrales suivies pendant deux week-ends du ramadan. Djamila, étudiante en langue française à Bouzaréah, n'était pas plus informée. Elle affiche une mine pleine de regrets quand elle apprend tout ce qu'elle a raté, elle, qui habite à quelques encablures de la cinémathèque, au centre d'Alger. La confession d'un jeune homme d'une trentaine d'années prête à l'hilarité : il a tout simplement pris la «kheïma arabe» qui a été dressée sur l'esplanade de Riad el-Feth, pour l'une de ces kheïmas de la rue Sidi-Yahia à Hydra et dont l'entrée coûte les yeux de la tête. Ce déficit en communication, même le ministère ne cherche pas à l'occulter. Il l'assume même d'une manière on ne peut plus claire. M. Athmani est catégorique : «La manifestation s'est déroulée sans une stratégie convenable de communication.» La presse nationale, qui constitue pourtant l'unique relais avec le public, est magistralement négligée. Résultat : la médiatisation nationale est «mal exploitée» et bien des aspects de la manifestation, à commencer par la gratuité des entrées, sont passés presque inaperçus auprès d'un large public. L'explication donnée, à savoir «la priorité accordée à la médiatisation internationale», notamment dans les pays arabes, ne peut dédouaner les responsables de cette défaillance. Pourtant, à décharge peut-être du staff du ministère de la Culture, le manque d'information du public n'explique pas, à lui seul, la désaffection qui a entouré l'événement. Bien des Algériens ne se sont pas rendus dans les salles de cinéma et de théâtre pour des raisons autres que leur ignorance de la gratuité des spectacles. Cela fait, tout simplement, longtemps qu'ils ont cessé de fréquenter ce genre d'endroit par la force des vicissitudes de la vie.