Le Théâtre régional Azzedine-Medjoubi d'Annaba accueillera du 20 au 22 août un colloque international sur le roi Numide Jugurtha et ses relations avec Rome sous l'intitulé «Jugurtha affronte Rome», organisé par le Haut-commissariat à l'amazighité (HCA) en collaboration avec le ministère de la Culture, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la contribution de la wilaya d'Annaba. Le colloque sera animé par près d'une trentaine d'universitaires algériens et étrangers qui seront présents à Annaba. Des spécialistes venant des universités d'Espagne, Italie, Etats-Unis d'Amérique, Allemagne, France et de Tunisie devront évoquer et débattre lors du colloque, des aspects de la relation qu'entretenait Jugurtha avec Rome. Des universitaires d'Alger, Annaba, Guelma, Constantine, Sétif, M'sila et de Tiaret participeront également à ce colloque, rapporte l'APS. Le colloque «Jugurtha affronte Rome» sera articulé autour de six axes, en l'occurrence l'ouvrage «La Guerre de Jugurtha» de l'historien Salluste, «Jugurtha comme référence dans la résistance et la préservation de l'identité», «Jugurtha : sa jeunesse, ses qualités», «Jugurtha et le trône de Numidie», «Les grandes batailles : la bataille de Suthul, la bataille d'Oued Al Muthul, la bataille de Zama». «Les négociations de paix et la fin de Jugurtha». Les travaux du colloque seront consacrés également à l'économie et la guerre pendant le règne de Jugurtha. La tenue de ce colloque international qui a nécessité huit mois de préparation sera aussi l'occasion de présenter, pour la première fois, des publications traduites en tamazight avec la participation de sept maisons d'édition. Sur le site officiel du HCA, il est souligné dans l'argumentaire du colloque «après avoir conquis la péninsule Italique, Rome aspirait à la domination de tout le bassin méditerranéen, son ambition était d'autant plus grande quand elle avait soumis Carthage qui lui servit de base au Nord de l'Afrique. Elle était poussée par des convictions religieuses inébranlables. Mais cette conviction à elle seule n'est rien de plus qu'un instrument de mobilisation que Rome utilise pour accomplir ce qu'elle appelle sa «noble mission» de civiliser les peuples en imposant l'ordre romain. Mais à cet expansionnisme qui a pour corollaire la domination, les peuples opposèrent un combat acharné, ils n'acceptèrent jamais de concéder leur souveraineté et leurs libertés, quel que soit le prix que cela leur coûtait. Parmi ces peuples, ceux du Maghreb ancien qui ont rendu la vie dure aux Romains pendant toute la période d'occupation. A commencer par Jugurtha, puis Takfarinas, Firmus, Gildon... Jugurtha». Le roi Numide dans un discours adressé aux forces numido-mauritaniennes, avait démystifié les allégations de Rome et dévoilé ses vraies intentions : «Les Romains peuple injuste, d'une cupidité sans bornes, sont les ennemis de l'humanité. Le motif de leur guerre contre Bocchus et celui-là même qui les arme contre Jugurtha, et contre tant d'autres peuples, c'est leur soif de domination. Ils voient un ennemi dans toute puissance autre que la leur. Aujourd'hui, Jugurtha, hier Carthage et le roi Persée. Demain, tout peuple, quel qu'il soit, s'il est trop riche et trop puissant à leur gré». A ce sujet, Salluste, l'historien romain, y a consacré un livre intitulé «La guerre de Jugurtha». Il a signalé que le thème est choisi pour deux raisons. D'abord, parce qu'elle a été cruelle, sanglante, marquée par bien des vicissitudes, ensuite parce qu'elle est devenue le point de départ de la lutte contre la tyrannie des nobles tel qu'il est précisé dans l'argumentaire du colloque sur le site officiel du HCA. Les organisateurs de la manifestation estiment qu'en dépit des lacunes constatées dans ce livre, telle l'intention de son auteur de dénigrer la classe des nobles en soulignant qu'elle mettait ses propres intérêts au dessus de l'intérêt du pays et des principes moraux de la société, plus que de rapporter les événements de la guerre telles qu'ils s'étaient produits. C'est dans ce cadre que l'objectif principale de ce colloque et la motivation profonde est de faire «une nouvelle lecture de cette période de notre histoire, une lecture objective autant que faire se peut, loin de tout chauvinisme ou éclectisme». On considère aussi que la plupart des informations contenues dans ce livre sont d'une part, des tentatives dirigées contre des personnalités qui ont entravé les ambitions politiques de Salluste, et, d'autre part, visent à valoriser et à ancrer les orientations politiques de l'auteur. Afin de démêler cet écheveau, les chercheurs sont invités à examiner le sujet à partir de certains angles pertinents et vérifier les facteurs intérieurs qui ont provoqué chaque évènement qu'il y a lieu d'expliquer». S. B. /APS