Le démarrage en fanfare de plus projets d'aménagement des cités du Khroub avait, au début du mois d'août, étonné les habitants des îlots concernés autant par le choix de la période que par la simultanéité des chantiers ouverts. En effet, dans la vie monotone habituelle des cités le traçage de parcelles, l'intrusion d'engins des travaux publics, la présence de personnes inconnues palabrant entre elles ou accompagnant d'autres personnes, elles, connues parce qu'appartenant à l'exécutif de la commune ou des élus, laissait subodorer une débauche d'activité due à la proximité, même trop anticipée, des prochaines élections locales. C'est du moins ce que d'aucuns considéraient et n'hésitaient pas à s'en faire le vecteur en accompagnant l'information par la rumeur. Ceci dit, il faudrait également souligner la débauche «intellectuelle» des communicants de l'assemblée populaire communale via la page facebook de l'institution. Le centre d'intérêt étant bien entendu la réhabilitation de deux cités, entre autres, totalement oubliées depuis leur livraison en 1980 à telle enseigne qu'elles avaient pris une apparence hideuse, envahies par la végétation, ravagées par les crevasses et autres nids de poules, regards d'eaux usées éventrés ou inexistant, vides sanitaires exhalant des puanteurs... Avant l'ouverture des chantiers, les services communaux concernés ont tenté une opération de «com» en procédant à l'affichage de notes dans lesquelles les responsables sollicitaient la collaboration des habitants pour le bon déroulement des travaux qui devaient s'étaler sur cinq mois, selon la durée officielle, pour un montant de 9 milliards de centimes. Rien que pour les cités 1013 et 1039 parmi les plus ravagées. Les travaux de décapage ont démarré pratiquement sur les chapeaux de roues à partir de la deuxième semaine du mois d'août et il y a lieu de préciser que les entreprises avaient littéralement du «pain sur la planche» compte tenu de la configuration dantesque des lieux, c'est-à-dire de tout l'environnement immédiatement limitrophe des immeubles. Et l'entame de la réalisation des projets paraissait d'autant plus sérieuse que des responsables communaux, dont le directeur technique et son adjoint, hantaient les lieux en plus d'être parfois accompagnés du maire en personne et de son premier adjoint. Toutefois, las ! Depuis quelques temps, l'euphorie a commencé à s'estomper pour ensuite afficher relâche ces derniers jours. Approché, l'un des entrepreneurs nous confiera «en fait, certaines raisons nous ont incité à réfréner quelque peu nos ardeurs. D'abord, nous ne disposons même pas d'ordre de service, ensuite les marchés ne devraient être validés par la commission ad hoc qu'aujourd'hui (mercredi passé. Ndlr) et enfin, il y a beaucoup d'incohérence entre les documents techniques qui nous ont remis par l'APC et vraisemblablement réalisés par son bureau d'étude.» En fait d'incohérences techniques, il nous a été donné l'heure de jeter un coup d'œil sur un descriptif qui donnait effectivement la nette impression d'avoir été rédigé au pied levé compte tenu de ce qui y était en théorie consigné et la réalité du terrain. En certains endroits, les responsables de l'entreprise ont même fait le choix d'arrêter leur progression en raison de l'absence d'un plan du réseau de gaz au risque d'exposer les habitants à un gros risque. En outre, pour ce qui est de la transformation d'une ancienne aire de jeu goudronnée en terrains mateco et gazon synthétique, l'entreprise sétifienne retenue a préféré déserter les lieux et ce depuis plus d'une semaine. Vraisemblablement, cette absence serait motivée par le sérieux mitigé des services communaux notamment dans la délivrance des «ordres de service». «Des ordres de service sans lesquels, il nous est impossible d'avoir la visibilité qu'il faut comme il nous est également impossible de produire un quelconque document de nature à confirmer notre relation avec l'administration communale comme nous ne pouvons pas non plus facturer...», nous confiera encore l'entrepreneur précédemment évoqué. Dans cet embrouillamini, nous avons tenté de joindre depuis mercredi passé le directeur des services techniques mais en vain. Sa ligne téléphonique (mobile) étant tout le temps non disponible (même durant le week-end). Par ailleurs, un déplacement sur place nous a carrément laissé ébahi dans le sens où nous nous sommes baladés dans le siège d'une direction technique totalement désertée et où la seule présence humaine ne se limitait qu'à une ou deux secrétaires qui ne prenaient même pas la peine de savoir qui se trouvait à l'intérieur de bureaux supposés contenir des documents administratifs importants. Une question posée sur la page Facebook de l'APC est tout aussi restée sans suite. Enfin, pour l'anecdote, l'entrepreneur qui a été notre interlocuteur tout au long de cette vadrouille nous a quand même fait part de sa presque satisfaction dans le sens où tant qu'il ne disposerait pas d'ordre de service, son entreprise gagnerait du temps en réalisant, histoire de gagner du temps, de petites avancées sur le chantier sachant que comptablement parlant la durée de réalisation ne prendre effet qu'à la date de signature des ODS. C'est dire que c'en est presqu'un marché de dupes.