Au lendemain de l'annonce des résultats préliminaires des élections législatives, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a, dans un langage belliqueux, dénoncé, hier à Alger, un «hold-up électoral» dont le PT est «victime». Pire, elle accuse des magistrats d'avoir fraudé pour le FLN, le RND et le MPA et se demande pourquoi les autres partis ne dénoncent pas cette fraude. Aussi, Mme Hanoune demande-t-elle la tenue d'élections partielles dans les circonscriptions touchées par la fraude dont elle dit détenir plus d'une preuve. «Le processus électoral du 4 mai auquel l'argent sale et la main-mise des partisans du statu quo se sont invités est biaisé», a d'emblée dénoncé la secrétaire générale du PT qui s'exprimait lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti à Alger. «Le système politique est frappé d'une crise sans précédent. Il ne peut plus supporter une vitrine. Une page a été tournée vers une démarche totalement autoritaire où les voix indépendantes ont été bâillonnées ou sont restées inaudibles», a déclaré Mme Hanoune. «Cette tendance existe depuis 1997, mais cette fois, elle a atteint son paroxysme et le PT était sa victime», ajoutera-t-elle. Ceci «traduit l'essoufflement total d'un système incapable de se régénérer, ne possédant plus aucun ressort et ses partisans pensent pouvoir le perpétuer avec la fraude», soutient-elle. Mais «les lois de l'histoire sont implacables». Car, a-t-elle affirmé, «nul ne peut sauver un système totalement périmé. Il a démontré qu'il est isolé et qu'il n'a aucune base sociale». «Ses partisans accélèrent sa fin qui est inéluctable car il est impossible de sauver un système en totale décomposition», analyse la responsable du Parti des travailleurs. Mme Hanoune estime que «le pouvoir en place qui vient de reconduire une majorité artificielle, démontre qu'il ne peut plus gouverner et qu'il refuse d'entendre les cris et plaintes de détresse de la majorité de la population». «Le hold-up du 4 mai était pour sauver le FLN, le multipartisme de façade et autres parties pour leur silence sur la fraude», accuse Mme Hanoune qui se demande «pourquoi le FFS s'est tut contre la fraude». Ainsi, la secrétaire générale du PT jette un pavé dans la mare et implique le parti d'Aït Ahmed sans le citer nommément. «Les partis qui d'habitude se précipitent pour dénoncer la fraude semblent satisfaits», a-t-elle déplorée. Selon elle, cette fraude «est une expression violente à nos positions et la campagne patriotique que nous avons menée contre les lois injustes était la première cible de l'agression». Pas seulement. «Cette élection a démontré l'absence totale de l'Etat central», déclare-t-elle. Car, a-t-elle déploré, «dans plusieurs wilayas, chacun se comportait comme il voulait». Et de lancer : «Ce qui est aussi révélé, c'est que les partisans du statut quo se sont vengés du PT, parce que, tout simplement, a-t-elle argumenté, nos députés étaient combatifs et patriotes». «Il y avait des urnes parallèles», a-t-elle encore accusé. «Le bourrage était à ciel ouvert. Refus de remettre les PV aux représentants de partis et y compris le recours à la force physique». Mme Hanoune défie le ministre de l'Intérieur qui avait parlé de «simples irrégularités qui ne méritent d'être citées». «Le ministre veut-il qu'on lui communique des noms ?», dira-t-elle, arguant détenir «des photos, des vidéos et des PV prouvant une fraude à grande échelle». «La magistrate de Reghaïa a rajouté plus de 4 000 voix au FLN. Prise en flagrant délit par un de nos observateurs, cette dernière, indifférente à l'indignation de l'observateur, a ordonné à son staff de lui confisquer le téléphone pour supprimer les photos et les vidéos prises», a-t-elle relevé. Mme Hanoune remettra également en question le taux de participation avancé et soutient que le taux d'abstention est à plus de 80%. «A Alger, il n'y avait pas plus de 10% de participation avec 50% d'abstention», affirme-t-elle. A cet effet, «le PT appelle à des élections partielles dans les wilayas ayant enregistrées des fraudes», dont «Oran, Annaba, El Oued, Batna, Tipasa, Guelma…». Pour l'avenir, Mme Hanoune compte «tirer les enseignements, établir de nouvelles perspectives pour créer un rapport de forces en faveur de la majorité du peuple afin de dresser un rempart contre les appétits de l'intérieur et de l'extérieur». «Seule une large mobilisation de la population peut venir à bout de ce système», déclarera-t-elle. A. B.