Au cours de l'année 2008, la Fédération sénégalaise de football avait exprimé son inquiétude sur la qualité des terrains de football du continent, notamment ceux des pays dont les clubs engagés dans les différentes compétitions étaient appelés à y évoluer mais également ceux devant accueillir l'équipe nationale dans le cadre des phases préliminaires de la Coupe d'Afrique des nations. Bien entendu, ces réserves pourraient être sujettes à caution sachant que ce ne sont pas des répliques du stade de Wembley qui parsèmeraient le Sénégal, mais celles-ci, même si elles relèvent de procédés de bonne guerre, ne sont pas à négliger pour autant. Elles ne traduisent pourtant que la triste réalité de la conformité des stades africains en général et des terrains en particulier. La meilleure des preuves étant l'immense chantier ouvert en Af-Sud pour accueillir la prochaine Coupe du monde pour laquelle le pays de Nelson Mandela n'était pas en vérité encore prêt même s'il a postulé à l'organisation d'une compétition hors du commun et pour laquelle il a été retenu, sans doute pour des raisons plus politiques qu'autre chose. Mais, donc, au-delà de la praticabilité des terrains, ce sont les commodités de base qui feraient défaut à l'accueil de compétitions de dimension internationale : voies d'accès, vestiaires, conditions de sécurité autour et dans le stade où, malheureusement, les responsables des sports des Etats concernés ne pensent pas ou n'imaginent pas que c'est à un ensemble d'éléments, a priori insignifiants à leurs yeux, si ce n'est ravalé à une question de détails, que tout se joue. Quant aux moyens de ralliement de certaines villes choisies à bon escient par le pays hôte pour mettre à rude épreuve, par anticipation, son adversaire et souvent non desservies par voie aérienne c'est là encore un malin procédé qui vaut ce que vaut l'idée de faire évoluer le même adversaire dans la ville où le climat lui est le plus défavorable. Ce sont là des considérations auxquelles ne s'en tient pourtant pas la Fédération internationale de football association qui demeure, toutefois, exigeante sur la question directe des infrastructures d'accueil et des conditions minimales qu'elles pourraient présenter. Minimales parce que les fédérations continentale (CAF) et intercontinentale (FIFA) ne peuvent pas ne pas tenir compte de la santé financière du pays concerné. Or, dans certains d'entre eux, même relativement opulents comme pourraient l'être les pays du Maghreb, les pouvoirs publics accordent moins d'intérêt, voire n'ont plus eu le même regard pendant près d'une vingtaine d'années sur les investissements dans le domaine. En Algérie, chaque wilaya, à la faveur d'une politique naguère visionnaire et la prééminence de l'Etat-providence, dispose pourtant d'un complexe sportif digne, eu égard à sa dimension, d'accueillir une compétition internationale de quelque niveau qu'elle soit. Sauf que lesdits complexes sont tombés en déshérence et toutes les opérations de réhabilitation plus particulièrement des pelouses faites et refaites à satiété mais en dilettante et sans tenir compte de la spécificité des microclimats. Le responsable confondant allègement herbe et gazon,partant du principe que, parce qu'il est vert un tapis naturel peut accueillir une rencontre de football. Tous les espoirs placés en des stades comme ceux du 5 Juillet, Béjaïa, Tlemcen, Mascara, plus récemment Batna, réputés à chaque fois comme les fleurons du pays se sont à chaque fois évaporés dans la nature. Les tentatives de réhabilitation ayant à chaque fois englouti des sommes faramineuses pour des résultats aux antipodes des attentes. Bien entendu, la solution a été vite trouvée avec l'option des terrains à gazon artificiel, affublés du titre de dernière génération, pourtant la dernière reprise de l'aire de jeu du stade Hamlaoui de Constantine semble avoir répondu au bon choix. Est-ce que l'étude de faisabilité qui a précédé cette réhabilitation y est pour quelque chose ? Sans doute, même s'il est encore prématuré de tirer des conclusions, en ce sens que la période de garantie n'est pas encore arrivée à expiration. Il faudrait toutefois souligner que l'étude de faisabilité avait pris en considération la nature du climat durant toute l'année, la consistance des eaux de pluie, la durée d'évaporation des eaux, la qualité des eaux souterraines servant à l'arrosage, la texture même de la terre végétale si celle-ci devait être puisée sur place. L'équipe nationale va évoluer en Zambie prochainement. Il est dit le plus grand mal du stade où elle aurait à faire face à son adversaire, mais il n'y a pas d'autre choix que celui retenu : se préparer sur un terrain d'aussi mauvaise qualité (sic). Sauf que c'est ainsi. Le récent tomber de rideau du championnat du Maroc entre le Raja Casablanca et le Chabab Mohammadia s'est déroulé sur un terrain cauchemardesque et où le Raja devait aller chercher son titre. C'est dire que, si le football est effectivement l'opium du peuple, les pouvoirs publics ne font rien pour que le public en soit accro au moins dans de bonnes conditions et surtout pour que ceux qui font le spectacle ne soient pas exposés à de vrais dangers. Sinon où serait le bonheur ? A. L.