Il y a, en football, des résultats peu probants, lesquels, néanmoins, ont pour effet non seulement de remettre d'aplomb leurs auteurs mais et surtout de prendre parfois les contours de l'exploit à même de laisser entrevoir l'imminence d'un miracle pour certains et l'apocalypse pour d'autres. Le 0-0 à l'issue de la rencontre de vendredi dernier entre les sélections anglaise et algérienne en est l'exemple parfait. Si Gerrard et ses coéquipiers sont de plus en plus condamnés à douter, ce n'est très certainement pas le cas de M'bolhi et des siens qui ont toutes les raisons de croire maintenant que tout est possible. Et que même si ce n'est pas le cas, ce qu'il ont réalisé contre les footballeurs de la perfide Albion, plus particulièrement la manière dont ils l'ont fait, est en soi suffisant parce qu'il est non seulement porteur d'espoirs mais tellement rassurant en ce sens que le pays, enfin, a son équipe, une équipe autour de laquelle tout peut être bâti au lendemain de son parcours en Afrique du Sud. Contrairement aux sélections de 82 et 86, lesquelles avaient la science du… football infuse, celle d'aujourd'hui et ceux qui la composent, sans avoir le génie de Madjer, Belloumi, Merzekane et tous les autres en tant qu'éléments d'une génération spontanée exceptionnelle, disposent toutefois des qualités, les vraies, c'est-à-dire celles qui font le football et, partant, la force des sélections des autres nations qui, logiquement et en vertu de critères scientifiques, posent problème à la sélection nationale. Contre l'équipe de Fabio Capello, Saadane a usé des canons tactiques, techniques, physiques, psychologiques qui font que deux formations, quelle que soit leur différence, à ce stade de la compétition, se nivellent naturellement par la base et partent donc à chances égales, le seul critère dominant restant la volonté individuelle. Et à ce niveau, Belhadj, Ziani, M'bolhi, Yebda et Boudebouz, lequel avait déjà déclaré qu'«il n'y avait nul besoin de lui demander son avis sur le fait d'être confronté à des monstres des grounds comme Rooney et/ou Gerrard pour la simple raison qu'il les valait», ont montré le chemin à suivre non pas uniquement à leurs coéquipiers mais aux supporteurs, au public, toutes origines confondues, présent dans les tribunes et gradins, aux téléspectateurs, à la nation arabe, voire au reste du monde. Il ne faudrait pas, néanmoins, trop vite s'enflammer et, si le partage des points est bon pour le moral et autorise légitimement les nôtres à plastronner compte tenu du gabarit de l'adversaire de vendredi dernier et quelque part de la trop forte pression qu'ils n'ont cessé d'avoir sur les épaules, il est tout autant honnête qu'ils fassent preuve d'humilité, demeurent concentrés et bonifient enfin ce résultat face aux Américains, mercredi prochain. La participation au Mondial sud-africain ne doit pas se limiter à ce seul petit point qui ne pèse en réalité rien comparativement au nombre théoriquement réalisable (9), et ce n'est pas en acculant au partage des points un adversaire et dans ce cas d'espèce le prochain, en l'occurrence les Etats-Unis, qu'il existerait des raisons de se gargariser. Au vu de la production de vendredi ne peut plus qu'affleurer le regret des trois points laissés aux Slovènes. Et le chemin le plus court pour prendre des points et non pas un point, c'est d'inscrire, inscrire et encore inscrire des buts. Or la sélection nationale semble avoir plus que de l'assurance derrière, autrement dit à hauteur du compartiment défensif d'autant plus que M'bolhi a apporté cette assurance qui manquait aux coéquipiers de Halliche. Il appartient dès lors aux attaquants de faire preuve de plus de culot et d'oser. Ce qu'ils ont fait contre les Anglais en monopolisant le ballon (55 contre 45% selon les statistiques), ils doivent le faire autrement en harcelant et surtout en cadrant leurs tirs, mercredi prochain. A. L.