L'insistance du Premier ministre chiite sortant Nouri Maliki pour se succéder à lui-même continue à bloquer les efforts de formation d'un nouveau gouvernement en Irak, cinq mois après des élections législatives qui n'ont produit aucune majorité parlementaire. Le front laïc Irakia conduit par l'ancien Premier ministre chiite Iyad Allaoui est arrivé en tête du scrutin, en enlevant deux sièges de plus qu'Etat de droit (EDD), la coalition emmenée par Maliki, tandis que l'Alliance nationale irakienne (ANI), à dominante chiite, s'est classée troisième. Soutenu par les Etats-Unis, Allaoui revendique la direction du gouvernement, mais Maliki, qui prétend continuer à diriger le pays, s'est tourné vers l'ANI, avec lequel il a noué une «Alliance nationale» qui peut compter sur 159 sièges sur 325 au parlement. Mais le refus du courant de l'imam radical chiite Moktada Sadr de reconduire Maliki, qui a retardé jusqu'ici la formation d'un nouveau gouvernement, a été reprise à son compte par l'ANI, a fait savoir hier Koussaï al Souhaïl, un des dirigeants du courant sadriste, composante influente de l'alliance. L'ANI a décidé de suspendre les pourparlers sur la formation d'un nouveau gouvernement en attendant que l'EDD désigne un nouveau candidat à sa tête. Selon le député chiite Hadi al Amiri, qui dirige l'organisation Badr, ancien bras armé du Conseil suprême islamique d'Irak (CSII), première composante de l'ANI, c'est Washington qui serait responsable du blocage politique en raison de son insistance à voir Irakia et EDD former une coalition. Washington entendrait ainsi exclure d'autres formations très hostiles à la présence américaine, dont la milice Badr et celle de Sadr, l'Armée du Mahdi de Sadr.