En football, la ressource humaine absorbe, à elle seule, près de 90% du budget d'un club. Les contrats de recrutement des joueurs et leur masse salariale coûtent extrêmement cher. C'est dire toute l'importance qui devrait être accordée à la formation et à la mise en valeur des jeunes prodiges. Dans les championnats européens, de nombreuses formations en font leur vocation première pour réaliser les meilleurs résultats financiers. L'exemple de l'Ajax Amsterdam est, à ce propos, typique. La politique traditionnelle du club phare de la capitale hollandaise consiste à dénicher les talents précoces, à développer leurs potentialités pour les céder, ensuite, à prix d'or aux grands ténors. En Allemagne, une équipe comme Herta Berlin fait de même. En France, des écuries comme le Stade Rennais, Paris FC, l'AS Monaco, Toulouse FC ou encore le FC Sochaux passent pour de grandes pépinières où des équipes plus fortunées viennent faire leurs «emplettes» à l'intersaison ou pendant la période du mercato. Dans des championnats plus relevés, de grands clubs s'emploient à produire eux-mêmes leur relève. Le FC Barcelone ou le Real Madrid en Espagne accordent beaucoup d'attention à l'école et aux jeunes catégories pour couvrir, du moins en partie, leurs besoins futurs en la matière. L'Inter, le Milan AC ou la Juventus en Italie œuvrent dans le même sens. On peut aller encore plus loin, pour évoquer les efforts déployés par les clubs brésiliens, argentins ou anglais pour forger de la bonne «main-d'œuvre». En Afrique et dans les pays du Golfe, ce dossier est sérieusement pris en charge au cours de ces dernières années. Cette stratégie commence déjà à donner de bons résultats. L'extraordinaire performance du TP Mazembe (RD Congo) en témoigne. Inutile de s'attarder davantage sur cette question pour justifier ses bienfaits et ses avantages pour les clubs, d'abord, et le niveau du foot national, ensuite. Mais cette vision fondamentale fait encore défaut à beaucoup de clubs en Algérie. Peu d'intérêt est accordé aux jeunes. Des sigles comme la JSK, le MCA, l'ESS, l'USMA, le MCO, l'ASO ou la JSMB ne produisent plus rien. Ils «achètent» tout. Et les quelques équipes formatrices, faute d'une bonne négociation des transferts, rencontrent d'énormes difficultés financières. Des clubs comme le CRB, l'USMH, le NAHD ou l'OMR, qui créent régulièrement de nouvelles valeurs dans le milieu stagnant du ballon rond algérien, ont beaucoup de mal à boucler les fins de saison. On pourrait en dire autant, sinon plus, des clubs de divisions inférieures comme le Paradou AC, USM Sétif, JS Bordj Ménaïel et tant d'autres. Ce manque de moyens se répercute évidemment sur la qualité de la formation, celle des stages et des tournois qui la jalonnent. C'est anormal de voir les «formateurs» dans une telle impasse. Le cas de l'ASM Oran est, à ce sujet, caractéristique. Le club de M'dina J'dida, qui a tant donné au foot algérien, peine à disposer d'un centre de formation qui répondrait aux standards internationaux. Il faut sans doute rappeler que durant les années 1970, l'ASMO avait formé des légendes comme Hadefi, Bendida, Kechra, Belahouel et Guemri. Nul n'oublie aussi les Benhalima, Belkhatouat, Boukar ou Kechamli qui ont marqué les années 1980. Récemment, les Raho, Tasfaout, Haddou, Benzerga, Arafat Mezouar, Acimi, Deham, Meguenni sont aussi des élèves de la «madrassa» de l'ASMO. Même s'il n'a aucun titre national à son palmarès, l'école asémiste a toujours forcé le respect et la considération des connaisseurs. Aujourd'hui, le respect ne suffit plus. Il faut donner à ce genre d'entreprises tous les moyens nécessaires. Les pouvoirs et les sponsors doivent impérativement réfléchir à récompenser ce type d'exploits. Pourquoi pas un titre ou un concours de «meilleur club formateur». Avis aux opérateurs économiques et aux médias pour créer un prix conséquent pour les formateurs. K. A.