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Un pavé dans «l'Italie de Berlusconi»
Al Qahira Essaghira de Amara Lakhous, une stigmatisation du traitement de l'immigration en Italie
Publié dans La Tribune le 14 - 07 - 2011

Little Cairo ou Al Qahira Essaghira est le titre choisi par l'écrivain algérien Amara Lakhous pour raconter cette Italie méfiante à l'égard des immigrants, notamment quand ils sont arabes et de surcroît musulmans. A travers les quartiers de Rome, notamment Piazzale Della Radio, Viale Marconi, Meucci Square, fiefs de nombreux immigrants d'Afrique du Nord, Lakhous décrit cette «cour de récréation» des communautés au-delà des frontières reproduisant les sociétés originelles. Des hommes et des femmes partis à la quête de cieux plus cléments se retrouvant otages des mêmes diktats, des mêmes us et coutumes. Des arrivants qui s'excluent d'entrée de la société qu'ils ont intégrée et préfèrent vivre en marge d'une société qui ne veut pas, du reste, de leur présence. Connu pour son best-seller Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, paru en 2006 et adapté tout récemment au cinéma, Amara Lakhous invente, en 2010, une ironique histoire d'espionnage mettant en scène des personnages à la fois drôles et énigmatiques à l'image de ce professeur Christian, alias Aïssa (Jésus en latin), à qui les services secrets italiens confient une mission d'espionnage pour démêler l'écheveau d'un complot terroriste intégriste islamiste : le capitaine des services secrets, à qui l'on donne le surnom de Judas, Sophia, la douce Egyptienne aux yeux énigmatiques qui hante le cœur de Christian, son mari, l'ingénieur reconverti en plongeur dans cette Italie si fermée aux immigrants, ou bien Hanafi, le propriétaire du taxiphone cybercafé, surnommé Little Cairo, soupçonné d'être la tête des terroristes comploteurs à Rome. Little Cairo est donc le carrefour où se retrouvent tous les immigrés clandestins ou les chômeurs qui arrivent dans le quartier à la recherche d'une quelconque aide communautaire. Un lieu où l'on vit au rythme des informations balancées par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera et où l'on soupçonne la tenue de réunions secrètes qui justifient la mission de Christian ou de Aïssa, c'est selon.L'intrigue est très ingénieuse et menée avec une extrême habilité, ne laissant aux lecteurs aucun moyen d'en deviner la fin. Une fin aussi surprenante que les tournures des événements à Viale Marconi. Dans un style burlesque, Lakhous plante son décor au cœur de Rome. Il fait la lumière sur des situations complexes qu'il fait vivre à ses personnages, le tout enrobé d'une dose de dérision mordante même quand il s'agit de peindre le racisme, l'exploitation, la violence contre les femmes, les injustices flagrantes. Il approche des questions difficiles à aborder telles que le terrorisme transnational, le rôle des services secrets. La difficile cohabitation entre les modes de vie et les différentes croyances religieuses est résumée dans le livre de Lakhous avec une dose d'humour double d'une certaine virtuosité loin de dénoter l'analyse légère qu'on peut y soupçonner. La relation de couple entre l'ingénieur égyptien, un musulman conservateur et fidèle aux préceptes de l'islam, et son épouse, la belle Saphia – Sofia pour les Italiens – contrainte de porter le voile, est un parangon de la volonté d'accorder une plus grande liberté aux femmes musulmanes en contact avec la civilisation occidentale. Sofia, mère d'un enfant de quatre ans à peine, ne supporte plus de vivre avec cet homme qui ne la comprend plus. Peut-être ne l'a-t-il jamais comprise. Dans l'une des scènes de ménage, elle le provoque jusqu'à ce qu'il lâche les trois mots «de la fin». «La fin dites-vous ?» relève l'auteur non sans une certaine ironie. «Pourquoi pas libérateur» ou plutôt «pourquoi ne serait-ce pas le début d'une autre vie ?» «Une vie nouvelle et heureuse.» Une totale démystification du divorce dans les sociétés orientales qui le considèrent comme la fin de la vie d'une femme.Spécialement réussie en termes narratifs, l'auteur pousse l'imagination jusqu'à ce que les intégristes de Marconi demandent à Christian (Aïssa) d'être «al mouhalil», pour permettre au mari de reprendre son ex-épouse.La manière dont Amara Lakhous peint ses tableaux est un vrai régal pour les lecteurs en langues arabe et italienne. Car l'auteur écrit ses livres dans les deux langues et ne passe nullement par les grâces d'un traducteur, ce qui donne à ses textes du mordant et à ses personnages de l'épaisseur. Le texte renseigne aussi sur l'exploitation des immigrants au noir par les Italiens qui leur soutirent leurs salaires de misère en contrepartie d'abris de quelques mètres carrés où s'entassent des dizaines de personnes. Le racisme qui caractérise les plus conservateurs des autochtones de cette Italie nouvelle, qui voit en chaque immigrant un voyou, un délinquant ou un terroriste potentiel.Amara Lakhous tente à nouveau de mettre à découvert les chemins sinueux de l'interculturalité, mettant à nu les limites et les défauts de toutes les cultures. Comme dans son premier roman, il met en évidence la vitalité des valeurs humaines universelles comme base d'échange entre les hommes, notamment le partage et l'entraide qui éviteraient l'affrontement et permettraient l'émergence de nouveaux rayonnements civilisationnels.
G. H.

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