«Nous sommes devant une crise mondiale. On a connu des vaches grasses, mais il est venu le temps des vaches maigres. Quand c'était le temps de l'opulence, l'Etat se permettait des largesses, mais maintenant, il faut être vigilant pour y faire face !» Cette déclaration du chef de l'Etat faite depuis Ghardaïa, à l'occasion de sa visite officielle, rappelle qu'à l'instar du reste de la planète l'Algérie est appelée à se prémunir contre les répercussions de la situation financière exceptionnelle qui secoue le monde depuis plusieurs mois. Même si les retombées de cette crise ne se sont pas encore fait sentir de manière brutale sur l'économie et les équilibres financiers de notre pays, il n'en demeure pas moins que cette conjoncture particulièrement difficile vient rappeler à quel point tout ce que compte la nature peut être éphémère. Pour un Etat qui s'appuie quasi exclusivement sur ses exportations en hydrocarbures pour remplir ses caisses, la tournure dramatique que prend cette crise dans des économies qui étaient jusque-là réputées inébranlables, peut lui être un signal fort. Un signal pour prendre les devants et réhabiliter la valeur de l'effort comme seule ressource inépuisable sur laquelle devraient s'appuyer toutes les politiques de développement. C'est aussi la seule ressource viable et sur laquelle peuvent miser les futures générations qui aspirent à vivre sous le ciel natal et à bâtir leur pays par la force de leurs bras. Retrousser davantage ses manches pour redonner vie à des secteurs de substitution comme le tourisme, l'agriculture, les services, la PME…, de façon à sortir de la spirale de la dépendance des ressources énergétiques de laquelle l'Algérie peine à émerger. Mais pour y parvenir, il faudrait que les âmes généreuses qui croient encore en ce pays ne soient pas découragées dans leur élan. Car comment peut-on demander aux Algériens de fournir davantage d'efforts si tout est fait pour les en dissuader ? S'ils ne sont pas convaincus de vivre dans un Etat de droit où les pratiques d'injustice, de népotisme, de passe-droits, de corruption… seront considérées comme des cas d'exception condamnables et non comme une règle générale ? A quelque chose malheur est bon. Si notre pays n'a pas encore été affecté par cet épisode crucial qui a ébranlé les économies mondiales, c'est justement en raison du retard qu'il a pris à s'amarrer au système capitaliste tel qu'il est conçu dans le monde occidental. Pour autant, cela ne veut nullement dire que la crise est loin de nous. En raison de celle-ci, Michelin a décidé de la fermeture de son usine en Algérie pour près de deux semaines. Il n'est pas exclu que d'autres représentations de firmes étrangères lui emboîtent le pas. Voire décident de se passer tout simplement de leur présence dans notre pays si celle-ci s'avère plus coûteuse que rentable pour elles. Ce n'est sans doute pas encore le temps de la crise financière en Algérie telle que vécue ailleurs, mais personne ne peut dire de quoi sera fait demain… M. C.