Phase de transition ou simplement phase de mise à niveau des dirigeants pour les adapter à la gestion des commandes de l'Etat ? Dans les circonstances actuelles, la balance des rapports de force est du côté du pouvoir et ce, grâce, selon l'opposition, aux instruments de force qui sont mis en mouvement par le pouvoir. Impossible qu'il y ait un fair-Play du fait qu'on se trouve à un carrefour stratégique qui va dessiner l'avenir. Fatalement, la légitimité historique est arrivée à sa fin. De quelle nature sera cette transition ? Aucune certitude, pour le moment sur la phase de transition. Il y en a qui disent que nous n'allons pas entrer dans une phase de transition et pourtant, il s'agit bien d'une transition puisque la fin de la légitimité historique sera une réalité. Dans un mois ou dans quelques années. La légitimité prochaine ne pourra pas se faire dans le même système. Pas les mêmes repères. D'abord pour le pouvoir, c'est le désastre stratégique. Le désastre provient de l'intérieur du pouvoir. Celui-ci a toujours investi dans l'homme, l'un des siens au détriment de l'institution. Les hommes fidèles sont eux-mêmes des institutions, surtout quand ils sont à la tête de celles-ci. Il n'y a pas de wilaya, il y a des walis. Il n'y a pas de ministères, il y a des ministres. Il n'y a pas de mairies, il y a des maires. C'est ça la nature du système. Comment aborder le présent d'abord ? Dans l'apaisement et la sérénité ? Certainement que non. Il y a une détermination du pouvoir qu'incarne le président. Il y a une détermination du mouvement qui regroupe. On dit que le système (ou ceux qui le représentent) va s'accrocher pour sauver l'équipe quitte à sacrifier le pays, ou plutôt le peuple. Sauver les hommes en poste, c'est-à-dire les amis quitte à sacrifier les institutions alors qu'il aurait fallu faire le contraire. Plusieurs exemples assez illustratifs dans l'esprit des populations ou alors de l'opposition. Lors des émeutes de la période dite des Aarchs, aucun responsable n'a démissionné pour donner une chance aux jeunes de rentrer chez eux en disant que le pouvoir a pris ses responsabilités. Dans une démocratie, lorsqu'il faudrait engager des forces de sécurité pour réprimer une émeute ou disperser des foules, le plus petit des gradés est intégré dans la boucle décisionnelle et fait partager le risque pénal à son responsable de plus haut niveau. Il n'y a pas que le simple agent qui paie. Tout le monde est responsable, tout le monde est coupable. Ceux qui sont du côté de la logique de puissance répressive sont plus coupables que ceux qui sont du côté de la logique de dialogue, ou alors simplement d'écoute. La démocratie ? Il y a ceux qui s'engagent à garder le pouvoir, il y a ceux qui s'engagent à accéder au pouvoir, et il y a ceux qui exigent pacifiquement la fin d'un système politique qui n'a pu atteindre tous les objectifs poursuivis. Chacun de ces trois ensembles s'est engagé soit pour des enjeux de pouvoir, soit pour des enjeux de rupture avec le système. De toute façon, le système n'est pas représenté seulement par ceux qui ont fait les maquis. Le système est état d'esprit. Le système, ce ne sont pas des personnes, le système, ce n'est pas une personne, le système c'est personne. C'est un comportement.