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Images d'un monde en ébullition
«Islamistes : Comment ils nous voient» de Anne Nivat
Publié dans Le Midi Libre le 25 - 10 - 2007

Ce livre a été écrit à la veille du Ramadhan 2007. C'est un long reportage que l'auteure de nombreux livres, journaliste française installée en Russie depuis huit ans, réalise au Pakistan, en Afghanistan et en Irak à l'issue d'un périple de quelques mois.
Ce livre a été écrit à la veille du Ramadhan 2007. C'est un long reportage que l'auteure de nombreux livres, journaliste française installée en Russie depuis huit ans, réalise au Pakistan, en Afghanistan et en Irak à l'issue d'un périple de quelques mois.
A travers ces trois pays à l'actualité brûlante, son objectif est de restituer le regard que les islamistes portent sur l'Occident. «C'est pour comprendre leur vision de l'Occident et des Occidentaux que je me suis rendue chez ces islamistes au sens «large», peut-on lire dans l'introduction de l'ouvrage.
«Avant que la confiance ne se rétablisse, il faut avoir la curiosité de regarder l'autre. Or, porter un regard curieux et désintéressé sur l'autre n'est pas facile, surtout si, comme c'est le cas aujourd'hui, les musulmans peinent à produire un regard critique sur eux-mêmes (et sur la représentation que nous avons d'eux)», écrit-elle dans sa conclusion.
L'auteure introduit son propos en faisant un bilan de l'islamisme international à partir de ses différents moyens d'action et de ses différentes formes d'organisation. Par la violence clandestine ou d'Etat ou par les véritables putsch blancs des urnes et des alliances contre nature qui ont eu lieu récemment en Egypte, en Palestine, en Syrie et en Irak . Pour Anne Nivat, des millions de personnes expriment «un anti-occidentalisme haineux, amer, jamais simple». La nouvelle arme des islamistes, la médiatisation à outrance est également évoquée par la journaliste.
D'Islamabad à Peshawar
Le premier pays où se rend la grand-reporter est le Pakistan . Sa prose fluide et descriptive rend ce journal de voyage très agréable à lire.
La jeune Française est d'abord reçue par Abdoul Rashid Ghazi( 1964-2007), tué le 10 juillet dernier lors de l'assaut de la Mosquée rouge d'Islamabad par les forces pakistanaises. Il était avec son frère Abdul aziz Ghazi, l'un des dirigeants de la Mosquée rouge et le vice-directeur de la medressah Jamia faridia (2500 garçons) et Jamia Hafssa (3000 filles). Assigné à résidence depuis août 2004, accusé d'avoir fomenté avec El-Qaïda des attaques-suicides contre la résidence officielle de Musharraf, le Parlement, l'ambassade américaine et le QG de l'armée. Il reçoit Anne Nivat dans une pièce nue, assis en tailleur en face d'un ordinateur. L'enseignant se montre profondément pessimiste quant à l'avenir des relations entre l'Orient et l'Occident et lui explicite longuement la notion de djihad. «La guerre contre la terreur inventée par les Etats-Unis produit en fait une terreur accrue. La plupart de mes étudiants maîtrisant l'arabe sont déjà partis en Irak pour le djihad. Comment les retenir ? On ne peut laver les taches de sang avec du sang, or c'est ce que font les Etats-Unis.»
Il dépeint la guerre comme perdue par les Américains qui, selon lui vont assister à la dissolution de leur empire et tourne en dérision la «démocratie» de Musharraf qui est en réalité une dictature. Il exprime son souhait de «voir son pays démocratique mais pas à l'occidentale…» Tous les éléments d'une antienne bien connue en Algérie.
Anne Nivat questionne également de simples citoyens. Un chauffeur de taxi lui prédit l'assassinat inévitable de Musharraf. Anis Ahmed, vice-directeur de l'institut d'études politiques d'Islamad se montre encore plus catégorique que Rashid Ghazi: « L'Occident a lui-même contribué à créer cette situation en soutenant des régimes dictatoriaux en Asie du Sud et au Moyen-Orient. Nos sociétés musulmanes sont opprimées et ne se reconnaissent pas dans les trois piliers de l'idéologie occidentale : individualisme, positivisme et empirisme», lui déclare-t-il. C'est « comme si au Pakistan, plus l'individu est instruit et savant, plus profond est son malaise vis-à-vis de l'Occident», s'étonne la journaliste. Abou Bakar Siddique, rédacteur en chef d'un quotidien national et docteur sciences des religions de l'université d'El-Azhar critique le biais médiatique dont souffrent les pays musulmans. Imran Khan, ancien capitaine de l'équipe pakistanaise de cricket, membre du Parlement et leader du parti d'opposition Tehrik-I-Insaaf (Mouvement pour la justice) dénonce «la manipulation de la peur» telle que l'a analysée Noam Chomsky. Anne Nivat se rend ensuite à Rawalpindi, citéjumelle d'Islamabad et Pechawar. Elle y rencontre des victimes des méthodes du FBI et des partisans des Taliban afghans qui soulignent que «Il y a vingt ans, les Etats-Unis ont, eux-mêmes, prôné et pratiqué un djihad contre l'URSS ; aujourd'hui ils font mine de ne plus comprendre ce concept !» Elle y découvre des chansons à la mode du chanteur taliban Pakir Muhammed Derwish dont la popularité croissante depuis fin 2001 montre que des milliers d'Afghans ou de Pakistanais pachtounes et taliban n'ont toujours pas accepté, en leur for intérieur, d'avoir été évincés du pouvoir.
A travers le désert afghan
A Kaboul, Annie Nivat décrit le scepticisme et la peur des Afghans face à un scrutin considéré comme biaisé par le maintien de certains candidats fondamentalistes. Elle se rend au sud dans une région non sécurisée avec comme chauffeur, Youssouf un adolescent de 17 ans sommairement armé. Ils traversent d'est en ouest le désert brûlant de la province de Helmand, région active de la résistance. Au bout de 17 heures de route, l'auteure retrouve son ami Sami, maire de la province de Farah. C'est un spécialiste du double et même triple jeu puisque taliban, communistes et démocrates le revendiquent. Farah est le lieu de passage privilégié pour le djihad en Irak. Elle y interroge, Daoud un taleb qui veut voter pour les candidats taliban. Il se déplace dans des voitures faussement siglés de l'ONU ou d'ONG locales. Il approuve l'assassinat des membres de ces organisations, car dit-il «c'est la seule façon d'obtenir que ces organismes cessent de nous polluer», On y entrevoit également 40 arabes du mouvement soufi, non-violent Tabligh. Se faisant passer pour une Bosniaque, elle rencontre un chef des taliban : «l'Europe a bien raison de se plaindre car elle sera bientôt tout entière musulmane», assure-t-il avec conviction. Elle assiste aux élections qui ont connu un taux de participation jugé faible de 54% et discute avec le gouverneur de la province.
De Kirkouk à Bagdad
Pour rejoindre Bagdad par route, la journaliste passe par Istanbul et le Kurdistan irakien. Elle y retrouve des amis rencontrés lors de précédentes missions dont une enseignante turcomane Nidret. «Pour mo,i l'Occident ne respecte pas les femmes et ça me pose un vrai problème. En Occident, la femme n'a pas d'honneur, alors qu'ici notre dignité est reconnue, et nous sommes respectées. (…) Chez vous, c'est vraiment le chaos!», dit encore la jeune femme qui annonce que la guerre civile entre Kurdes et Turcomanes s'annonce avec comme enjeu la ville de Kirkouk…
Elle se rend ensuite en zone sunnite, haut lieu de la résistance irakienne à Bagdad. Elle remarque l'indifférence et la lassitude de la foule devant les attentats kamikazes. Elle y décrit le rejet des Américains partagé même par les ex-opposants de Saddam qui finissent par le regretter. Sur fond de combats, elle recueille des points vue convergents
et accorde une grande place aux propos d'un chrétien irakien, le frère Youssouf Mirkis. Rencontré dans un couvent dominicain, il déclare : «Au lieu de se préoccuper de l'absence de dialogue, l'Occident brûle les étapes. Notre société crie parce qu'elle a mal, mais l'Occident ne lui demande pas où elle a mal. La division des pays arabes résulte de la colonisation européenne. Voilà le rôle de l'Europe, et voilà ce que le mépris a récolté ! La blessure, vieille de 50 ans, a été aggravée par les humiliations successives de1948, 1967, 1973 …et elle ne cesse de suppurer depuis (…). Ici, dans les medias arabes, que connaît-on de votre monde depuis que le ciel est ouvert aux satellites ? Essentiellement la violence et la pornographie !».
Une démarche doublement biaisée
Anne Nivat écrit dans sa conclusion que les promesses du gouvernement américain ont fait long feu dans les trois pays. «La démocratisation» du Moyen-Orient piétine», souligne-t-elle. D'un intérêt documentaire évident, le livre offre un intérêt politique médiocre pour le lecteur algérien pour qui, «la vision islamiste», dans sa totalité et en détail, n'a plus de secrets. En Algérie, le terme islamisme est défini comme étant l'idéologie de ceux qui se battent par le machiavélisme, la violence politique et l'assassinat, pour un projet de société régie par la charia.
La réponse à la question posée par l'auteure en découle. Lapidés, passés au fil du couteau, pulvérisés par le souffle d'une bombe et de préférence sous l'œil d'une caméra, c'est ainsi que les tenants de ce projet de société voient tous ceux qui ne le partagent pas. Lorsque le «nous» renvoie à l'Occident, comme le propose la journaliste française Anne Nivat, la démarche est biaisée, car elle rend la frontière entre musulmans et islamistes plus floue que jamais. Cette démarche est rendue doublement inopérante par le choix des pays observés par la journaliste qui rend la frontière entre islamisme et résistance à l'interventionnisme sanglant des Etats-Unis encore plus floue.
A travers ces trois pays à l'actualité brûlante, son objectif est de restituer le regard que les islamistes portent sur l'Occident. «C'est pour comprendre leur vision de l'Occident et des Occidentaux que je me suis rendue chez ces islamistes au sens «large», peut-on lire dans l'introduction de l'ouvrage.
«Avant que la confiance ne se rétablisse, il faut avoir la curiosité de regarder l'autre. Or, porter un regard curieux et désintéressé sur l'autre n'est pas facile, surtout si, comme c'est le cas aujourd'hui, les musulmans peinent à produire un regard critique sur eux-mêmes (et sur la représentation que nous avons d'eux)», écrit-elle dans sa conclusion.
L'auteure introduit son propos en faisant un bilan de l'islamisme international à partir de ses différents moyens d'action et de ses différentes formes d'organisation. Par la violence clandestine ou d'Etat ou par les véritables putsch blancs des urnes et des alliances contre nature qui ont eu lieu récemment en Egypte, en Palestine, en Syrie et en Irak . Pour Anne Nivat, des millions de personnes expriment «un anti-occidentalisme haineux, amer, jamais simple». La nouvelle arme des islamistes, la médiatisation à outrance est également évoquée par la journaliste.
D'Islamabad à Peshawar
Le premier pays où se rend la grand-reporter est le Pakistan . Sa prose fluide et descriptive rend ce journal de voyage très agréable à lire.
La jeune Française est d'abord reçue par Abdoul Rashid Ghazi( 1964-2007), tué le 10 juillet dernier lors de l'assaut de la Mosquée rouge d'Islamabad par les forces pakistanaises. Il était avec son frère Abdul aziz Ghazi, l'un des dirigeants de la Mosquée rouge et le vice-directeur de la medressah Jamia faridia (2500 garçons) et Jamia Hafssa (3000 filles). Assigné à résidence depuis août 2004, accusé d'avoir fomenté avec El-Qaïda des attaques-suicides contre la résidence officielle de Musharraf, le Parlement, l'ambassade américaine et le QG de l'armée. Il reçoit Anne Nivat dans une pièce nue, assis en tailleur en face d'un ordinateur. L'enseignant se montre profondément pessimiste quant à l'avenir des relations entre l'Orient et l'Occident et lui explicite longuement la notion de djihad. «La guerre contre la terreur inventée par les Etats-Unis produit en fait une terreur accrue. La plupart de mes étudiants maîtrisant l'arabe sont déjà partis en Irak pour le djihad. Comment les retenir ? On ne peut laver les taches de sang avec du sang, or c'est ce que font les Etats-Unis.»
Il dépeint la guerre comme perdue par les Américains qui, selon lui vont assister à la dissolution de leur empire et tourne en dérision la «démocratie» de Musharraf qui est en réalité une dictature. Il exprime son souhait de «voir son pays démocratique mais pas à l'occidentale…» Tous les éléments d'une antienne bien connue en Algérie.
Anne Nivat questionne également de simples citoyens. Un chauffeur de taxi lui prédit l'assassinat inévitable de Musharraf. Anis Ahmed, vice-directeur de l'institut d'études politiques d'Islamad se montre encore plus catégorique que Rashid Ghazi: « L'Occident a lui-même contribué à créer cette situation en soutenant des régimes dictatoriaux en Asie du Sud et au Moyen-Orient. Nos sociétés musulmanes sont opprimées et ne se reconnaissent pas dans les trois piliers de l'idéologie occidentale : individualisme, positivisme et empirisme», lui déclare-t-il. C'est « comme si au Pakistan, plus l'individu est instruit et savant, plus profond est son malaise vis-à-vis de l'Occident», s'étonne la journaliste. Abou Bakar Siddique, rédacteur en chef d'un quotidien national et docteur sciences des religions de l'université d'El-Azhar critique le biais médiatique dont souffrent les pays musulmans. Imran Khan, ancien capitaine de l'équipe pakistanaise de cricket, membre du Parlement et leader du parti d'opposition Tehrik-I-Insaaf (Mouvement pour la justice) dénonce «la manipulation de la peur» telle que l'a analysée Noam Chomsky. Anne Nivat se rend ensuite à Rawalpindi, citéjumelle d'Islamabad et Pechawar. Elle y rencontre des victimes des méthodes du FBI et des partisans des Taliban afghans qui soulignent que «Il y a vingt ans, les Etats-Unis ont, eux-mêmes, prôné et pratiqué un djihad contre l'URSS ; aujourd'hui ils font mine de ne plus comprendre ce concept !» Elle y découvre des chansons à la mode du chanteur taliban Pakir Muhammed Derwish dont la popularité croissante depuis fin 2001 montre que des milliers d'Afghans ou de Pakistanais pachtounes et taliban n'ont toujours pas accepté, en leur for intérieur, d'avoir été évincés du pouvoir.
A travers le désert afghan
A Kaboul, Annie Nivat décrit le scepticisme et la peur des Afghans face à un scrutin considéré comme biaisé par le maintien de certains candidats fondamentalistes. Elle se rend au sud dans une région non sécurisée avec comme chauffeur, Youssouf un adolescent de 17 ans sommairement armé. Ils traversent d'est en ouest le désert brûlant de la province de Helmand, région active de la résistance. Au bout de 17 heures de route, l'auteure retrouve son ami Sami, maire de la province de Farah. C'est un spécialiste du double et même triple jeu puisque taliban, communistes et démocrates le revendiquent. Farah est le lieu de passage privilégié pour le djihad en Irak. Elle y interroge, Daoud un taleb qui veut voter pour les candidats taliban. Il se déplace dans des voitures faussement siglés de l'ONU ou d'ONG locales. Il approuve l'assassinat des membres de ces organisations, car dit-il «c'est la seule façon d'obtenir que ces organismes cessent de nous polluer», On y entrevoit également 40 arabes du mouvement soufi, non-violent Tabligh. Se faisant passer pour une Bosniaque, elle rencontre un chef des taliban : «l'Europe a bien raison de se plaindre car elle sera bientôt tout entière musulmane», assure-t-il avec conviction. Elle assiste aux élections qui ont connu un taux de participation jugé faible de 54% et discute avec le gouverneur de la province.
De Kirkouk à Bagdad
Pour rejoindre Bagdad par route, la journaliste passe par Istanbul et le Kurdistan irakien. Elle y retrouve des amis rencontrés lors de précédentes missions dont une enseignante turcomane Nidret. «Pour mo,i l'Occident ne respecte pas les femmes et ça me pose un vrai problème. En Occident, la femme n'a pas d'honneur, alors qu'ici notre dignité est reconnue, et nous sommes respectées. (…) Chez vous, c'est vraiment le chaos!», dit encore la jeune femme qui annonce que la guerre civile entre Kurdes et Turcomanes s'annonce avec comme enjeu la ville de Kirkouk…
Elle se rend ensuite en zone sunnite, haut lieu de la résistance irakienne à Bagdad. Elle remarque l'indifférence et la lassitude de la foule devant les attentats kamikazes. Elle y décrit le rejet des Américains partagé même par les ex-opposants de Saddam qui finissent par le regretter. Sur fond de combats, elle recueille des points vue convergents
et accorde une grande place aux propos d'un chrétien irakien, le frère Youssouf Mirkis. Rencontré dans un couvent dominicain, il déclare : «Au lieu de se préoccuper de l'absence de dialogue, l'Occident brûle les étapes. Notre société crie parce qu'elle a mal, mais l'Occident ne lui demande pas où elle a mal. La division des pays arabes résulte de la colonisation européenne. Voilà le rôle de l'Europe, et voilà ce que le mépris a récolté ! La blessure, vieille de 50 ans, a été aggravée par les humiliations successives de1948, 1967, 1973 …et elle ne cesse de suppurer depuis (…). Ici, dans les medias arabes, que connaît-on de votre monde depuis que le ciel est ouvert aux satellites ? Essentiellement la violence et la pornographie !».
Une démarche doublement biaisée
Anne Nivat écrit dans sa conclusion que les promesses du gouvernement américain ont fait long feu dans les trois pays. «La démocratisation» du Moyen-Orient piétine», souligne-t-elle. D'un intérêt documentaire évident, le livre offre un intérêt politique médiocre pour le lecteur algérien pour qui, «la vision islamiste», dans sa totalité et en détail, n'a plus de secrets. En Algérie, le terme islamisme est défini comme étant l'idéologie de ceux qui se battent par le machiavélisme, la violence politique et l'assassinat, pour un projet de société régie par la charia.
La réponse à la question posée par l'auteure en découle. Lapidés, passés au fil du couteau, pulvérisés par le souffle d'une bombe et de préférence sous l'œil d'une caméra, c'est ainsi que les tenants de ce projet de société voient tous ceux qui ne le partagent pas. Lorsque le «nous» renvoie à l'Occident, comme le propose la journaliste française Anne Nivat, la démarche est biaisée, car elle rend la frontière entre musulmans et islamistes plus floue que jamais. Cette démarche est rendue doublement inopérante par le choix des pays observés par la journaliste qui rend la frontière entre islamisme et résistance à l'interventionnisme sanglant des Etats-Unis encore plus floue.


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