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Un feuilleton palpitant
«L'immeuble Yacoubian» de Alaa El Aswany
Publié dans Le Midi Libre le 11 - 09 - 2008

Construit comme un de ces passionnants feuilletons égyptiens dont sont si friands les publics arabophones, ce roman évite les pudibonderies caractéristiques du genre, ainsi que l'eau de rose qui y coule à flots. Au contraire, le verbe d'El Aswany est d'un solide réalisme à distanciation fortement marquée.
Construit comme un de ces passionnants feuilletons égyptiens dont sont si friands les publics arabophones, ce roman évite les pudibonderies caractéristiques du genre, ainsi que l'eau de rose qui y coule à flots. Au contraire, le verbe d'El Aswany est d'un solide réalisme à distanciation fortement marquée.
Ce premier roman de l'écrivain égyptien, Alaa El Aswany, a connu un succès phénoménal. Idem pour son adaptation aux deux écrans. Ecrit en 2002, il a été traduit en 20 langues. Construit comme un de ces passionnants feuilletons égyptiens dont sont si friands les publics arabophones, il évite cependant les mièvreries et pudibonderies caractéristiques du genre, ainsi que l'eau de rose qui y coule à flots. Au contraire, le verbe d'El Aswany est d'un réalisme alerte à la distanciation marquée. Le narrateur invisible qui use du nous journalistique se contente de narrer les choses sans jamais introduire la moindre notion de jugement personnel, les faits parlant d'eux-mêmes.
Racontées avec humour et tendresse, les situations traversées par ses personnages sont aussi rigoureusement vraies que les personnages eux-mêmes. Il y a là un aréopage d'habitants du Caire de toutes les conditions, que seul réunit le fait d'habiter dans un vaste et luxueux immeuble de la rue Soliman Pacha, du centre ville cairote, construit en 1934 par le millionaire Hagop Yacoubian, président de la communauté arménienne d'Egypte. Très chic, l'immeuble est au départ loué par la fine fleur de l'aristocratie égyptienne qui n'utilise les petites cabanes métalliques mises à sa disposition sur la terrasse que comme espaces de rangement.Mais en 1952, lorsque la révolution nassérienne éclate, les occupants de l'immeuble fuient l'Egypte et sont remplacés par de hauts cadres de l'armée. Les épouses des gradés logent alors les petites bonnes, cuisiniers et autres domestiques dans les minuscules cabanes où y élèvent des volailles. Puis vient l'infitah. Les membres de la nomenclatura vont alors vivre dans de riches banlieues et les domestiques cèdent leurs piaules à des nouveaux-venus encore plus pauvres qu'eux. Tout cela avec la bénédiction du nouveau syndic, l'avocat véreux Fikri Abd-el-Chahid. Ainsi le lien entre les cabanes de la terrasse et les locataires de l'immeuble, devenu administratif et commercial, disparaît totalement. Dorénavant deux humanités , vivent l'une sur l'autre sans rien avoir de commun. C'est à cet ensemble de destinées qui s'entrecroisent que s'intéresse l'auteur.
L'existence de chacun des héros est contée par épisodes palpitants, tenant le lecteur en haleine, jusqu'au dénouement final, heureux pour certains, tragiques pour d'autres.
Ainsi, deux représentants de ces mondes antinomiques finissent-ils par se marier comme dans la grande tradition cinématographique du Happy End. Il s'agit du vieux, riche et débauché Zaki Dessouki sur lequel s'ouvre et s'achève le livre et de la jeune, pauvre et splendide Bousseïna. Malgré les apprences il s'agit bien d'un mariage d'amour entre deux êtres que rien ne destinait l'un à l'autre si ce n'est l'immeuble Yacoubian. Bousseïna, aînée d'une famille pauvre de la terrasse, se voyant dans l'obligation de pourvoir aux besoins de ses frères et sœurs à la mort de son père, se fait renvoyer de tous les petits emplois qu'elle tente d'occuper car elle refuse le harcèlement qui est le lot des jeunes vendeuses. Elle finit cependant par s'y faire et c'est comme cela qu'elle occupe le poste de secrétaire chez Zaki Dessouki. Pourtant, entre ces deux êtres que la vie malmène, une véritable relation de respect réciproque et de tendresse se tisse qui les mène au mariage. Tout n'est pas aussi rose pour Taha Chazli, l'ancien amoureux de la jeune fille, qui découvre l'implacable ségrégation sociale qui l'exclut, lui, brillant élève, mais fils du portier de l'immeuble, du concours d'entrée dans la police, devient militant islamiste et meurt lors de son premier attentat contre un officier des services secrets égyptiens qui l'a torturé férocement. L'écrivain qui examine la vie turbulente de l'immeuble Yacoubian, n'en évite aucune situation. Les chrétiens y ont leur part et les homosexuels. Les amours du brillant juriste et rédacteur en chef d'un grand quotidien, Rachid Hatem avec le jeune appelé issu de la province du Saïd, Abdou, se portent à merveille jusqu'au jour où le jeune saïdi perd son fils. Il considère alors que c'est une punition divine pour cette relation discrète mais connue de tous.
Avec un style limpide et bien documenté, Alaa El-Aswany explore une société égyptienne régie par l'inégalité sociale et l'arbitraire. Les terribles exactions policières, la misère, l'injustice, d'un côté, et les fabuleuses et illicites fortunes d'hommes d'affaires prédateurs de l'autre.
L'histoire de l'Egypte y est abordée à travers les générations qui se croisent. Les différents milieux sociaux y sont abondamment dépeints. Loin de tout manichéisme, l'écrivain sait déceler une étincelle d'amour et d'humanité chez tous, même chez le hadj Azzam, gros trafiquant de drogue sur le retour. Les jeunes qui s'affilient à la nébuleuse islamiste y sont touchants de sincérité et de foi, et les femmes piégées à mort dans une société sans merci à leur égard. En lisant El Aswany, Il est impossible de ne pas penser à Naguib Mahfouz, tant le propos des deux écrivains se confond.
«Tant que j'écrirai des romans sur la société égyptienne, je devrai vivre en son sein», a déclaré l'écrivain qui a fait des études de chirurgie dentaire aux Etats-Unis. Né en 1957, dans une famille d'intellectuels, son père est l'écrivain Abbas al-Aswany, il exerce la profession de dentiste au Caire. Il a fait ses études secondaires dans un lycée égyptien de langue française. Il est également collaborateur aux journaux d'opposition et sympathisant des intellectuels de gauche. Indépendant des partis politiques , il est membre fondateur du mouvement d'opposition «Kifaya» qui réclame un fonctionnement démocratique du système et des élections présidentielles libres.
En 2006, Il fait paraître un second roman Chicago. Il y décrit la vie des étudiants arabes aux Etats-Unis après les événements du 11 septembre 2001. Ce second roman a également connu un énorme succès. Une étoile est donc née au bord du Nil.
Ce premier roman de l'écrivain égyptien, Alaa El Aswany, a connu un succès phénoménal. Idem pour son adaptation aux deux écrans. Ecrit en 2002, il a été traduit en 20 langues. Construit comme un de ces passionnants feuilletons égyptiens dont sont si friands les publics arabophones, il évite cependant les mièvreries et pudibonderies caractéristiques du genre, ainsi que l'eau de rose qui y coule à flots. Au contraire, le verbe d'El Aswany est d'un réalisme alerte à la distanciation marquée. Le narrateur invisible qui use du nous journalistique se contente de narrer les choses sans jamais introduire la moindre notion de jugement personnel, les faits parlant d'eux-mêmes.
Racontées avec humour et tendresse, les situations traversées par ses personnages sont aussi rigoureusement vraies que les personnages eux-mêmes. Il y a là un aréopage d'habitants du Caire de toutes les conditions, que seul réunit le fait d'habiter dans un vaste et luxueux immeuble de la rue Soliman Pacha, du centre ville cairote, construit en 1934 par le millionaire Hagop Yacoubian, président de la communauté arménienne d'Egypte. Très chic, l'immeuble est au départ loué par la fine fleur de l'aristocratie égyptienne qui n'utilise les petites cabanes métalliques mises à sa disposition sur la terrasse que comme espaces de rangement.Mais en 1952, lorsque la révolution nassérienne éclate, les occupants de l'immeuble fuient l'Egypte et sont remplacés par de hauts cadres de l'armée. Les épouses des gradés logent alors les petites bonnes, cuisiniers et autres domestiques dans les minuscules cabanes où y élèvent des volailles. Puis vient l'infitah. Les membres de la nomenclatura vont alors vivre dans de riches banlieues et les domestiques cèdent leurs piaules à des nouveaux-venus encore plus pauvres qu'eux. Tout cela avec la bénédiction du nouveau syndic, l'avocat véreux Fikri Abd-el-Chahid. Ainsi le lien entre les cabanes de la terrasse et les locataires de l'immeuble, devenu administratif et commercial, disparaît totalement. Dorénavant deux humanités , vivent l'une sur l'autre sans rien avoir de commun. C'est à cet ensemble de destinées qui s'entrecroisent que s'intéresse l'auteur.
L'existence de chacun des héros est contée par épisodes palpitants, tenant le lecteur en haleine, jusqu'au dénouement final, heureux pour certains, tragiques pour d'autres.
Ainsi, deux représentants de ces mondes antinomiques finissent-ils par se marier comme dans la grande tradition cinématographique du Happy End. Il s'agit du vieux, riche et débauché Zaki Dessouki sur lequel s'ouvre et s'achève le livre et de la jeune, pauvre et splendide Bousseïna. Malgré les apprences il s'agit bien d'un mariage d'amour entre deux êtres que rien ne destinait l'un à l'autre si ce n'est l'immeuble Yacoubian. Bousseïna, aînée d'une famille pauvre de la terrasse, se voyant dans l'obligation de pourvoir aux besoins de ses frères et sœurs à la mort de son père, se fait renvoyer de tous les petits emplois qu'elle tente d'occuper car elle refuse le harcèlement qui est le lot des jeunes vendeuses. Elle finit cependant par s'y faire et c'est comme cela qu'elle occupe le poste de secrétaire chez Zaki Dessouki. Pourtant, entre ces deux êtres que la vie malmène, une véritable relation de respect réciproque et de tendresse se tisse qui les mène au mariage. Tout n'est pas aussi rose pour Taha Chazli, l'ancien amoureux de la jeune fille, qui découvre l'implacable ségrégation sociale qui l'exclut, lui, brillant élève, mais fils du portier de l'immeuble, du concours d'entrée dans la police, devient militant islamiste et meurt lors de son premier attentat contre un officier des services secrets égyptiens qui l'a torturé férocement. L'écrivain qui examine la vie turbulente de l'immeuble Yacoubian, n'en évite aucune situation. Les chrétiens y ont leur part et les homosexuels. Les amours du brillant juriste et rédacteur en chef d'un grand quotidien, Rachid Hatem avec le jeune appelé issu de la province du Saïd, Abdou, se portent à merveille jusqu'au jour où le jeune saïdi perd son fils. Il considère alors que c'est une punition divine pour cette relation discrète mais connue de tous.
Avec un style limpide et bien documenté, Alaa El-Aswany explore une société égyptienne régie par l'inégalité sociale et l'arbitraire. Les terribles exactions policières, la misère, l'injustice, d'un côté, et les fabuleuses et illicites fortunes d'hommes d'affaires prédateurs de l'autre.
L'histoire de l'Egypte y est abordée à travers les générations qui se croisent. Les différents milieux sociaux y sont abondamment dépeints. Loin de tout manichéisme, l'écrivain sait déceler une étincelle d'amour et d'humanité chez tous, même chez le hadj Azzam, gros trafiquant de drogue sur le retour. Les jeunes qui s'affilient à la nébuleuse islamiste y sont touchants de sincérité et de foi, et les femmes piégées à mort dans une société sans merci à leur égard. En lisant El Aswany, Il est impossible de ne pas penser à Naguib Mahfouz, tant le propos des deux écrivains se confond.
«Tant que j'écrirai des romans sur la société égyptienne, je devrai vivre en son sein», a déclaré l'écrivain qui a fait des études de chirurgie dentaire aux Etats-Unis. Né en 1957, dans une famille d'intellectuels, son père est l'écrivain Abbas al-Aswany, il exerce la profession de dentiste au Caire. Il a fait ses études secondaires dans un lycée égyptien de langue française. Il est également collaborateur aux journaux d'opposition et sympathisant des intellectuels de gauche. Indépendant des partis politiques , il est membre fondateur du mouvement d'opposition «Kifaya» qui réclame un fonctionnement démocratique du système et des élections présidentielles libres.
En 2006, Il fait paraître un second roman Chicago. Il y décrit la vie des étudiants arabes aux Etats-Unis après les événements du 11 septembre 2001. Ce second roman a également connu un énorme succès. Une étoile est donc née au bord du Nil.


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