Devant l'absence de dialogue entre le partenaire social et la direction, la situation tend au pourrissement au niveau de la SNTA où chaque partie campe sur ses positions. Six sections syndicales à travers toutes les unités interpellent le président de la République ainsi que le Premier ministre pour mettre fin au bradage de la société. Ilhem Tir - Constantine (Le Soir) - Le flou qui caractérise l'opération dite de «partenariat» avec les Emiratis et l'absence de dialogue avec la Direction, qui préfère se confiner dans son mutisme en ne communiquant que par voie d'affichage sans prise de parole directe, plongent les travailleurs de la SNTA dans le désarroi total. Un désarroi qui a poussé les six sections syndicales de toutes les unités à travers le territoire à s'unir autour d'un seul objectif, à savoir le refus de cette nouvelle formule que la direction insiste à qualifier de «partenariat» alors qu'il s'agit d'une privatisation pure et simple selon la force ouvrière. Dans un communiqué signé conjointement par les six sections syndicales (et dont nous détenons une copie), les représentants des travailleurs disent refuser «l'ouverture du capital de la société et l'entrée dans un partenariat pour les unités de production». Ils interpellent ainsi le président de la République pour «mettre un terme aux dépassements qui nuisent à l'économie nationale». Selon les travailleurs de l'unité de Khroub, une nouvelle ligne de production de cigarettes (pour 7 millions d'euros) sera lancée incessamment avec le même partenaire. Ce qui éveille de plus en plus les soupçons surtout après avoir pris possession des dernières correspondances du Groupe Madar, notamment celle du 27 novembre 2017 où le directeur financier et comptable a fait parvenir une note n° 498 disant que la SNTA s'est transformée en Groupe industriel dont l'objet social ne comporte aucune activité industrielle et commerciale et la transformation implique le contrôle de sociétés filiales et l'activité Tabac est filialisée et devient donc une société complètement distincte, celle issue de la transformation de l'ex-SNTA . De plus en plus de craintes surgissent et les travailleurs sont inquiets quant à leur avenir. Une inquiétude grandissante que les assurances de la direction n'ont pas pu estomper surtout qu'elles se font par voie d'affichage et cette fois, sous forme d'un entretien où le directeur se pose des questions et répond. Dans ses réponses, beaucoup de nuances et de contradictions ont été relevées par les travailleurs surtout lorsqu'il parle de location de biens et de ligne de production. «A quand une rencontre autour d'une table et des réponses claires à nos questions ?», s'interroge le SG de la section syndicale de l'unité de Khroub. Il est à rappeler que depuis la signature d'un accord le 24 janvier dernier pour la création d'une société «mixte» qui met la SNTA en minorité face à des Emiratis, les travailleurs de la SNTA se sont mobilisés dans le but d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette opération de «privatisation déguisée». En colère, ils ont dénoncé un bradage pur et simple de la SNTA au profit du partenaire émirati avec lequel un accord a été noué depuis 2005 aboutissant à une joint-venture, dénommée Société des tabacs algéro-émiratie (Staem) et dont l'objectif était de fabriquer, en Algérie, des cigarettes de marques internationales. Le capital de la Staem était constitué de 49% pour la SNTA, 49% pour le fonds d'investissement émirati et les 2% restants ont été attribués à Sofinance (une société financière qui appartenait au ministère des Finances). I. T.