La vie tumultueuse imposée aux syndicats autonomes a donc fini par connaître, ce dernier week-end, un tournant qui met en péril jusqu'à leur existence, du moins pour plus de la moitié de la soixantaine dont le spectre de la dissolution «légale» se faisait de plus en plus menaçant depuis quelques semaines déjà. Ecrasés par le statut de maître des lieux et cette espèce de «protection» dont jouit l'intouchable UGTA, les syndicats dits autonomes savaient dès leur apparition – il y a de nombreuses années de cela pour certains d'entre eux — qu'ils n'allaient pas avancer en terrain conquis, bien que dans le monde du travail le besoin de changement se faisait sentir, tellement l'acoquinement avec le patronat et les pouvoirs publics de la toute-puissante organisation que dirige Madjid Sidi Saïd n'était, et n'est toujours pas, pour plaire à des pans entiers de travailleurs de tous les secteurs d'activité. Une «tare» dont les syndicats autonomes n'ont pas pu, ou su, tirer des dividendes en ralliant à leur(s) cause(s) les travailleurs qui ne se retrouvent pas dans le syndicalisme prôné par l'UGTA, si l'on excepte le monde très singulier de l'éducation où les syndicats autonomes ont plus ou moins réduit comme une peau de chagrin au fil des ans la base militante affiliée à la FNTE-UGTA. En fait, les syndicats autonomes ont été à l'origine de mouvements par trop épars pour espérer mettre à mal l'ordre syndical établi et, du coup, influer sur le cours de la «lutte des travailleurs» et puis, et surtout, convaincre les pouvoirs publics qu'ils ont un poids à même de leur permettre de gagner leurs galons de partenaire des tripartites, notamment. Si l'on doit se remémorer ces mouvements conduits par les syndicats autonomes, ils ne sont vraiment pas légion. Ainsi, ces toutes dernières années, il aura fallu attendre le mois de février 2017 pour avoir une idée plus ou moins fiable sur le poids des syndicats autonomes. Ce fut à l'occasion d'un rassemblement suivi d'une marche à Tizi-Ouzou qui accueillait alors un des hauts faits de l'intersyndicale de la Fonction publique. Un déferlement humain, venu des quatre coins du pays pour réitérer des revendications que partageaient pratiquement tous les syndicats autonomes et ce point encore plus commun à tous : s'attaquer à l'UGTA. Un mouvement que n'ont pas su faire fructifier les syndicats autonomes qui, désormais, ne sont plus que 17 à pouvoir prétendre être représentatifs et avoir ainsi le droit, selon le ministère du Travail, d'activer et d'espérer être partenaires à part entière des pouvoirs publics. M. Azedine