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Les gilets jaunes voient rouge
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 12 - 2018

Quand on observe la vie politique française, on finit par identifier les apories du système, et, en contre-poids, la fluidité apparente du fonctionnement des institutions et de la démocratie pour résoudre les problèmes. Cette règle générale ne fait exception que lorsqu'il s'agit de la question des immigrés ou encore de celle des banlieues. Dans les cas présents, la fatalité de la violence physique tout autant que symbolique n'étonne plus personne.
Si, au fil des ans, on observe les caractéristiques des politiques d'alternance droite-gauche, on comprend un phénomène qui n'est perceptible que dans la récurrence et la durée, celui qui, depuis le milieu des années 1990 et surtout depuis le début de la décennie 2000, consiste à se mettre au service de la haute finance, et à faire payer aux couches les plus défavorisées de la société française les pots cassés. Ceci, bien entendu, quelle que soit la couleur idéologique ou politique qui accède au pouvoir. Ce succès des politiques ultralibérales favorisées et soutenues par l'Union européenne (Banque européenne, etc.) s'est accompagné d'un laminage des gauches. La question sociale est devenue ringarde.
On a vu à l'œuvre une version dure de cette politique avec Nicolas Sarkozy, lequel l'a accompagnée d'un expansionnisme destructeur comme en Libye par exemple. On l'a vu avec François Hollande qui s'est fait élire sur la promesse de combattre la grande finance (discours du Bourget) et qui a fini par un matraquage fiscal qui a usé les couches moyennes. Résultat, Hollande s'est fait taxer de Président des riches. Il avait d'ailleurs choisi ses collaborateurs en ce sens, dont un certain Emmanuel Macron.
Pour la petite histoire, selon les révélations d'un hebdomadaire, ce dernier aurait alors, d'ores et déjà, mis au point la suppression de l'ISF (impôt sur la fortune) dans son bureau de chef de cabinet de Hollande à l'Elysée, qui a vu défiler tous les grands patrons de la haute finance. Avec son élection par défaut due à la conjonction de l'élimination de François Fillon et du passage au 2e tour de la candidate du Front national (rebaptisé depuis Rassemblement national), Emmanuel Macron, s'appuyant sur un mouvement inédit qui a pu alors paraître providentiel, n'a pas cultivé le suspense. Il a d'emblée montré que son ni gauche, ni droite était plutôt très droite et son «en même temps», conçu au profit des classes possédantes.
Dans ses mesures économiques tout comme dans sa phraséologie dévalorisantes à l'égard des victimes des inégalités de la politique de l'ultralibéralisme, il a voulu conduire son pays comme une start-up, oubliant sans doute un peu trop vite que la France est le pays dont l'histoire est émaillée de révoltes et de révolutions. Il est en train d'apprendre à ses dépens que ces révolutions n'appartiennent pas exclusivement à l'Histoire.
A l'heure qu'il est, nul ne sait comment va évoluer le mouvement des gilets jaunes. Certains partis politiques tentent, et c'est de bonne guerre, de récupérer le mouvement, d'autres essayent de tirer leur épingle du jeu, en le soutenant sans le soutenir, comme la droite traditionnelle plus réservée dès lors que les gilets jaunes réclament le retour de l'ISF et l'augmentation du Smic.
Les observateurs ont noté que ces manifestations spontanées des gilets jaunes ont été accueillies par le pouvoir en place avec son mépris habituel en faisant la sourde oreille à leurs revendications hétéroclites. Le mépris est même allé jusqu'à refuser la médiation des syndicats et autres corps intermédiaires. Le pouvoir, en cela, homologue la violence comme moyen de revendication puisque ce n'est qu'à l'issue de la casse des Champs-Elysées du samedi 1er décembre qu'il a accepté de suspendre puis d'annuler carrément la taxe sur le carburant qui avait mis le feu aux poudres. La plupart des gilets jaunes qui ont émergé, sommés de dénoncer la violence comme préalable à toute discussion, sont mal à l'aise pour renoncer au seul argument qui a pu forcer la surdité du pouvoir.
Outre la volonté de jouer sur l'émotion patriotique en dénonçant les saccages des bâtiments symboliques comme l'arc de Triomphe pour discréditer le mouvement, outre le fait d'exploiter la peur légitime du chaos, le pouvoir joue sur la désorganisation du mouvement des gilets jaunes.
Alors qu'il a laminé les organisations, notamment syndicales, il reproche à un mouvement populaire spontané né dans l'explosion du refus de ne pas être organisé et de manquer de représentation. En dépit des conditions chaotiques de son apparition, deux semaines seulement après son occupation du terrain, le mouvement des gilets jaunes a néanmoins été en mesure de formaliser et de présenter une quarantaine de revendications parfaitement cohérentes aux médias et aux députés.
Ce phénomène quasi-cosmique qui se déroule en trois phases, explosion, ensuite magma, enfin organisation en système, observé dans toutes les révolutions populaires, notamment au cours de l'histoire des luttes sociales en France, est toujours d'actualité.
Les revendications formalisées dégagent une évidente tonalité de gauche qui va dans le sens de la réparation des inégalités sociales – concernant la fiscalité, le mot d'ordre est que «les gros payent gros et les petits payent petit» — et, contrairement aux campagnes d'intoxication menées par des forces obscures et néanmoins identifiables, le mouvement des gilets jaunes montre une réelle solidarité avec les immigrés et les réfugiés.
Cette situation d'affrontement de classes est intéressante à observer car, même si elle se déroule plus précisément en France, elle décline jusqu'où peut aller dans la répression et le mépris un pouvoir politique inféodé au système de la haute finance et des grosses fortunes lorsque les intérêts de ce dernier sont remis en cause au nom du travail et de la dignité.
A. M.
Mea culpa : dans la chronique de la semaine dernière, j'ai fait naître Karl Marx le 5 mai 1618 soit deux siècles jour pour jour avant sa naissance en 1818. Merci à Anne Roche d'avoir déniché cette coquille que je m'empresse de corriger, surtout en ces moments où les gilets jaunes s'apprêtent à rendre son contenu originel à ce qu'il disait sur la commune de Paris : «La plus grande mesure sociale de la Commune était sa propre existence en actes.»


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