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Un gâteau, une histoire, une notoriété à Chekfa
Kalbellouz made in Boutaleb
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 06 - 2019

En cette journée de vendredi du mois de ramadhan, nous avons pris la direction de la localité de Boutaleb, relevant de la commune de Chekfa située à 25 km à l'est du chef-lieu de la wilaya.
le patelin natal du poète Mahmoud Benmeriouma fut jadis réputé pour ses champs de tisane dont la culture représentait la principale source de vie de ses habitants issus de la faction tribale de Béni Maâmer du grand arch de Ben Ider.
Actuellement, les temps ont changé car les jeunes de cette région, située sur le chemin de wilaya 135, boudent le travail de la terre et optent pour d'autres créneaux d'activité. Pour preuve, un jeune a monté une unité spécialisée dans la production de jus qui marche bien et il compte investir dans la transformation de la tomate industrielle. une fois arrivés sur les lieux, nous étions partis chercher notre guide Hocine pour nous éclairer sur l'origine de la confection de kalbellouz dans cette région dont la notoriété a dépassé les frontières de la wilaya de Jijel. Diplômé du département de sociologie de l'université de Bouzaréah au milieu des années 1990, actuellement transporteur de son état.
Un historien averti nous a confié «nous sommes issus en majorité du arch de Béni Maâmer dépendant des Béni ider en se basant sur le récit de certains chroniqueurs, voyageurs et interprètes de l'expédition de l'armée française en 1851 dans la région de Jijel jadis Djidjelli. Nos grands-pères ont combattu farouchement en compagnie des deux frères Arroudj et Kheïreddine Barberousse les expéditions étrangères. En signe de reconnaissance aux Béni ider, les deux corsaires turcs ont octroyé à notre grande tribu un four traditionnel et les ont initiés au métier de boulanger».
Par ailleurs, selon Ali Khenouf dans son ouvrage sur l'histoire de la région «Les Béni Ider à l'instar d'autres tribus de la région jijelienne ont bénéficié de certains privilèges durant le règne des deux frères Arroudj et Kheïreddine dont entre autres l'exonération d'impôts, le port d'armes et la tenue turque, en signe de reconnaissance de leur contribution à la résistance contre les expéditions espagnoles. Ces deux corsaires ont ramené une partie de cette faction tribale réputée pour son courage et sa fidélité aux décideurs d'alors à Alger pour travailler comme ouvriers-boulangers dont les boulangeries appartenaient à l'autorité du Dey d'Alger qui leur a confié la gestion de ses boulangeries, ce qui explique leur maîtrise du métier de boulanger. En compagnie d'une partie des populations de certaines localités des communes de Chekfa, Bordj Thar dont entre autres Dridra, Boumedoul, Ouled Khelasse, Mahcen, Taghrast, Acherar, Anchid, Chouf, Boukebab, Boudrar issues principalement du puissant arch de Béni ider, ils ont hérité ce métier qui leur a permis plus tard d'acquérir des boulangeries dans certaines villes algériennes notamment Alger, Constantine, Annaba. L'immigration de Béni maâmer se concentrait surtout à Alger à cause de nombreux facteurs historiques», a souligné notre guide en ajoutant «on trouve peu des Béni Maâmer à Constantine ou Annaba malgré leur proximité avec notre région.»
Lors de leur migration vers la capitale durant la guerre de libération qui faisait rage dans leur région, les boulangers issus de Boutaleb travaillaient surtout chez le boulangers pieds-noirs à Bab el Oued, chez certains patrons de boulangerie à proximité des grandes halles de Belcourt et dans certains quartiers du Champ de manœuvres, Ruisseau et la Casbah.
Pour Hocine, l'histoire du kalbellouz chez les Béni maâmer trouve son origine dans le parcours professionnel de deux frères boulangers en l'occurrence le défunt Debieche Mustapha et son frère Youcef qui, à l'instar des Béni Maâmer quittaient leur patelin tôt, faute d'emploi pour aller s'installer à Alger qui était la destination de prédilection des migrants de cette région. «C'est Mustapha connu sous le nom de l'Artiste qui a appris le métier de confection de ce gâteau lors de son passage avant l'indépendance dans des boulangeries algéroises dont certaines d'entre elles appartenaient à des patrons originaires de Béni ider dont certains d'entre eux sont établis à la capitale depuis cent ans, a ajouté notre compagnon, précisant que c'est Mustapha qui a initié Youcef à ce métier. Lors de leur retour au bled à la fin des années 1980, ils ont monté leur affaire en louant des espaces et des boulangeries vendant occasionnellement du kalbellouz à Chekfa, notamment durant le mois de carême au début des années 1990. Les gens venaient de toutes les régions de la wilaya pour acheter le fameux mahchi fait à base d'amandes», se souvient Omar, ancien boulanger la cinquantaine entamée.
Les deux frères dressaient leurs étals pour écouler leurs marchandises en temps record. C'était la ruée sur le kalbellouz de ces deux artisans qui étaient contraints de changer de lieux à cause de la décennie noire, Youcef s'est associé avec un gérant d'une boulangerie à El kennar alors que le défunt Mustapha revient à Boutaleb et a initié son fils Yacine aux secrets de ce métier. Celui ci a pris le flambeau en vue de pérenniser ce métier, symbole d'une région truffée d'histoire.
En dépit des aléas du temps, le kalbellouz de Boutaleb demeure un produit très prisé par les clients notamment durant le mois de ramadhan. Omar, quinquagénaire nous a confié depuis une vingtaine d'années, on se bousculait devant les étals du défunt Mustapha qui est décédé ces dernières années laissant ce patrimoine professionnel à son fils qui a pris la relève.
Actuellement, Yacine poursuit le parcours de son père en vue de pérenniser ce métier qui constitue un patrimoine familial chez les Béni Maâmer. Le fils de ammi Mustapha nous a affirmé que les prix des composants de ce gâteau ont connu une hausse, soulignant que le morceau se vend à
30 DA alors que le mahchi se vend à 50 DA la pièce. un prix qui demeure abordable pour un grand nombre de consommateurs, a-t-il estimé.
Notre interlocuteur nous a confié, par ailleurs, qu'il arrive à écouler sa marchandise «j'ai des clients qui viennent de Jijel, Taher, el Milia, Ziama Mansouriah et même hors wilaya», il y a un revendeur qui vient d'une région de la wilaya de Mila, hamdoullah.
Deux heures avant la rupture du f'tour, la localité de Boutaleb est prise d'assaut par une nuée de jeûneurs pour acheter le kalbellouz de Yacine en confiant les étals à ses jeunes proches.
En quittant le patelin natal du défunt poète Benmeriouma Mahmoud, l'ombre de l'artiste ammi Mustapha hante ce coin qui demeure malgré les aléas du temps «un lieu de prédilection» des jeûneurs des différentes régions de la wilaya pour déguster le délicieux kalbellouz, l'œuvre d'un artiste qui est parti en laissant sa trace et une relève qui poursuit son chemin.
Bouhali Mohammed Cherif


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