Il y a tout à craindre, apparemment, que le voile qui empêche de voir l'esquisse d'une sortie de crise se fasse encore plus épais eu égard aux positions des uns et des autres parmi les tenants du rejet en bloc du dialogue prôné par Bensalah, et hautement recommandé par le chef d'état-major de l'armée, et ceux qui jugent, dans le cadre du Forum de la société civile pour le changement, que le pouvoir a tendu une perche qui pourrait être vue comme l'amorce d'un processus devant mener au règlement du «conflit» avec, au bout, l'organisation d'une présidentielle. Entre les deux «pôles», on retrouve, donc, les personnalités prêtes à s'asseoir autour d'une table, mais sous certaines conditions, comme les a énumérées Mustapha Bouchachi et d'autres parmi les personnalités incluses par le Forum de la société civile pour le changement, telles que l'économiste Smaïl Lalmas ou encore le sociologue Nacer Djabi. Ainsi, Mustapha Bouchachi pose, entre autres conditions, «le départ des symboles du pouvoir», c'est-à-dire ce dont ne veut pas entendre parler le chef d'état-major de l'armée, celui dont s'est inspiré le chef de l'Etat, dans son discours du 3 juillet, pour lancer sa dernière invitation au dialogue. Autant dire donc qu'il y a fort peu de chance que l'on retrouve l'avocat militant des droits de l'Homme Mustapha Bouchachi parmi la délégation invitée à dialoguer au nom du Forum dont la position a reçu l'assentiment du pouvoir (voir Le Soir d'Algérie daté du samedi 20 juillet). Position de Mustapha Bouchachi que, autre exemple, partage, à quelques nuances près, Karim Younès qui, lui, dans les colonnes de notre journal, déclarait, pas plus tard qu'hier, qu'il est impossible de dialoguer «sereinement» alors que des Algériens se font arrêter pour délit d'opinion. De quoi ajouter un peu plus au doute sur l'aboutissement de l'initiative du Forum, du moins sur la liste des personnalités proposées, savamment triées tant ladite liste brasse large, pour ne pas dire partout, parmi les nombreux courants et les «têtes» qui ressortent du mouvement populaire, pour défendre sa vision. «Le départ des symboles du pouvoir» et «la libération des personnes arrêtées pour délit d'opinion», préalables soulevés donc par des personnalités approchées par le Forum, et surtout deux des leitmotivs majeurs brandis chaque vendredi par les manifestants qui battent le pavé à travers le pays. Des revendications qui ont de quoi refroidir les ardeurs des auteurs de l'initiative dévoilée à l'issue de la conférence du 6 juillet. Ces mêmes revendications qui figurent en bonne place, pour ne pas dire carrément la raison d'être, chez l'autre «pôle» impliqué dans la recherche d'une solution à la crise qui entame aujourd'hui son sixième mois ; les signataires du Pacte pour l'alternative démocratique, dont la démarche semble inconciliable avec les «désirs» du pouvoir, et la proposition du camp d'en face le Forum de la société civile pour le changement. Par quel miracle les uns et les autres se trouveront des «atomes crochus», ou, ne serait-ce que quelques détails qui les rapprochent pour accepter de donner les premiers signes qu'un dialogue «inclusif» est possible, cela seuls les concernés le diront. Au regard de ce qu'il en est ressorti du conclave d'hier au siège du RCD (voir article signé Karim Aimeur), ce n'est pas demain que l'on verra se tenir un dialogue aussi inclusif que le veut le chef de l'Etat. Azedine Maktour